Le méthane d’origine animale représente environ 33% des émissions totales de méthane d’origine anthropique. Les ruminants, tels que les vaches, les moutons et les chèvres, produisent ce gaz à effet de serre via leur digestion particulière dans un estomac à quatre compartiments. Le méthane est libéré lors de l’éructation et de la décomposition des déjections dans certaines conditions.
Des chercheurs suédois ont étudié les effets potentiels de l’ajout de l’algue tropicale Asparagopsis taxiformis (AT), communément appelée red sea plume, aux déjections bovines. Leurs résultats sur l’impact de cette algue rouge sur les émissions de méthane du fumier de vaches laitières ont été publiés dans Frontiers in Sustainable Food Systems.
Selon le Dr Mohammad Ramin, chercheur en sciences animales à l’Université suédoise des sciences agricoles : « Notre étude a montré une réduction notable de 44% des émissions de méthane du fumier de vaches laitières lorsque l’Asparagopsis taxiformis (AT) était ajoutée. Fait intéressant, nous avons observé que la production de méthane des déjections de vaches ayant reçu un supplément d’AT dans leur alimentation n’était pas plus faible que celle des vaches n’ayant pas consommé cette algue. »
Une algue aux propriétés prometteuses
L’AT, espèce d’algues rouges présente sous les tropiques, est connue pour sa large distribution mondiale. Elle contient principalement du bromoforme, un composé qui inhibe fortement la méthanogenèse, le processus de formation du méthane. À l’heure actuelle, il s’agit du composé naturel le plus prometteur pour réduire les émissions de ce puissant gaz à effet de serre.
Le Dr Mohammad Ramin souligne que de nombreuses études ont déjà porté sur l’utilisation de l’AT dans l’alimentation des vaches laitières pour diminuer le méthane entérique. Cependant, aucune ne s’était intéressée spécifiquement à la réduction des émissions de méthane des déjections.
Des effets secondaires à surveiller
L’ajout d’AT dans l’alimentation bovine n’est pas sans effets secondaires potentiels. En raison de sa forte teneur en iode, des études ont montré que cela pouvait augmenter les concentrations en iode dans le lait, produit destiné à la consommation humaine. Bien qu’essentiel, un excès d’iode peut devenir toxique et causer des troubles thyroïdiens. Des travaux sont en cours pour sélectionner des variants de l’AT moins riches en iode.
L’étude du Dr Ramin et de ses collègues démontre que l’AT peut effectivement être utilisée pour réduire les émissions de méthane, à la fois entériques et issues du fumier. C’est précisément l’approche qu’ils ont adoptée dans leurs recherches.
Le fumier, une source non négligeable
L’impact du fumier sur les émissions de gaz à effet de serre varie selon différents paramètres, comme ses conditions de stockage. Dans le climat tempéré froid européen, on estime que les déjections bovines représentent environ 12% du méthane émis.
Le Dr Mohammad Ramin insiste sur le fait que la méthanogenèse des déjections contribue bel et bien aux émissions mondiales de gaz à effet de serre et mérite des efforts de réduction. Selon lui, leur étude démontre une méthode potentielle pour y parvenir via des inhibiteurs de méthane.
En synthèse
Bien que prometteurs, ces résultats restent préliminaires et ont été obtenus sur un petit échantillon, soulignent les chercheurs. Des études complémentaires sur un plus grand nombre d’animaux sont nécessaires. Il faudra également approfondir les interactions entre les composés halogénés de l’algue et le microbiome fécal pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents.
Pour une meilleure compréhension
– Quelle proportion du méthane anthropique est d’origine animale ?
Environ 33% du méthane anthropique total est produit par les ruminants (vaches, moutons, chèvres).
– Comment les ruminants produisent-ils du méthane ?
Via la fermentation entérique dans leur estomac à 4 compartiments, lors de l’éructation et de la décomposition anaérobie de leurs déjections.
– Quels ont été les résultats de l’étude suédoise ?
L’ajout de l’algue Asparagopsis taxiformis dans le fumier bovin a permis de réduire les émissions de méthane de 44%.
– Quel est l’intérêt de l’Asparagopsis taxiformis ?
Cette algue rouge tropicale contient du bromoforme, un puissant inhibiteur naturel de méthanogenèse.
– Quels sont les effets secondaires potentiels ?
Sa forte teneur en iode peut augmenter dangereusement les niveaux d’iode dans le lait si elle est donnée aux vaches.
– Quelle est la part des déjections bovines dans le méthane d’origine agricole ?
On estime qu’elle est d’environ 12% dans le climat tempéré européen.