Une certification européenne pour les biocarburants (2)

Que sont les bio- carburants ?

Les biocarburants sont des carburants produits à partir de biomasse. Aujourd’hui, les principaux biocarburants sont le bioéthanol (produit à partir de cultures sucrières et céréalières, et remplaçant l’essence) et le biodiesel (produit principalement à partir de plantes oléagineuses, et remplaçant le gazole). La part des biocarburants dans la consommation totale de carburant a atteint quelque 3,4 % en 2008, alors qu’elle n’était encore que de 0,5 % cinq ans plus tôt.

Pourquoi avons-nous besoin des biocarburants ?

Les biocarburants jouent un rôle dans la lutte contre le changement climatique et nous aident à atteindre l’objectif d’une réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre, que le Conseil européen a fixé en 2007. Les biocarburants constituent la principale solution de substitution à l’essence et au gazole dans les transports, qui sont responsables de plus de 20 % des émissions de gaz à effet de serre dans l’Union européenne.

Comment l’Union européenne encourage-t-elle les biocarburants ?

La directive de 2009 sur les sources d’énergie renouvelables1 fixe des objectifs contraignants en matière d’énergie renouvelable. Chaque État membre se voit assigner des objectifs individuels en ce qui concerne la part totale d’énergie renouvelable dans sa consommation d’énergie. De plus, dans le secteur des transports, un objectif identique est fixé pour tous les États membres, à savoir une part de 10 % d’énergie renouvelable. Les biocarburants sont la principale forme d’énergie renouvelable utilisée dans les transports.

Faut-il en conclure que seuls ces biocarburants peuvent être importés dans l’UE ?

Non. Cela signifie que seuls les biocarburants qui respectent ces conditions seront pris en compte pour les objectifs nationaux que les 27 États membres de l’UE doivent réaliser d’ici à 2020 conformément à la directive de 2009 sur les sources d’énergie renouvelables. Cette remarque s’applique à tous les biocarburants, qu’ils soient produits au sein de l’Union européenne ou importés de pays tiers. Seuls ces biocarburants sont admissibles à une aide publique nationale, telle qu’un dégrèvement fiscal.

Comment le certificat fonctionne-t-il dans la pratique ?

Exemple: un distributeur de carburant britannique utilisant de l’éthanol en provenance du Brésil est tenu de notifier les quantités de biocarburant concernées aux autorités du Royaume-Uni. Pour prouver que ces biocarburants sont durables au sens de la directive, il peut adhérer à un régime volontaire.

Le distributeur de carburant doit s’assurer que, tout au long de la chaîne de production, tous les registres sont dûment tenus, que ce soit par le négociant auprès duquel il se fournit en biocarburants, par l’usine de production d’éthanol auquel le négociant achète l’éthanol ou par l’agriculteur qui alimente cette usine en canne à sucre. Ce contrôle est effectué préalablement à l’adhésion de la société au régime et, par la suite, au moins une fois par an.

L’audit s’effectue comme dans le secteur financier. Le contrôleur vérifie tous les documents et inspecte un échantillon d’agriculteurs, d’installations et de négociants. Il vérifiera si le sol servant à produire la matière première pour l’éthanol était déjà une terre agricole auparavant, et non une forêt tropicale.

La station-service affichera-t-elle un label ?

Un régime de certification ne doit pas nécessairement s’accompagner d’un label pour le produit fini, mais il peut en être ainsi. Il serait d’ailleurs logique, d’un point de vue promotionnel, que les stations-service puissent montrer qu’elles proposent des biocarburants durables. C’est d’autant plus vrai dans le cas d’un régime appliquant des critères de durabilité encore plus stricts que ceux que prévoit la législation de l’UE.

Les entreprises ou les pouvoirs publics ont-ils déjà montré de l’intérêt pour l’instauration d’un tel régime?

Le Commission est en contact avec un grand nombre d’entreprises et d’organismes qui sont intéressés par la mise en place de régimes volontaires. Il est à prévoir que, une fois les exigences de contrôle fixées, elles demanderont rapidement à la Commission la reconnaissance de leurs régimes volontaires.

Existe-t-il des risques de fraude?

Les contrôleurs ne sont pas présents en permanence. Dans l’hypothèse très improbable où, malgré l’audit indépendant, il existerait une présomption de fraude, la Commission pourrait être saisie de l’affaire par quiconque et retirer sa reconnaissance à un régime.

Quels sont les biocarburants utilisés dans les transports ?

En 2007, le biodiesel représentait 75 % (6,1 Mtep) des carburants renouvelables dans l’UE, contre 15 % (1,24 Mtep) pour le bioéthanol, les 10 % restants étant constitués d’huile végétale pure.

Quelle est la quantité de biocarburants importée dans l’UE ?

En 2007, environ 26 % du biodiesel et 31 % du bioéthanol consommés dans l’UE étaient importés. La plupart de ces importations provenaient du Brésil et des États-Unis. La majorité des biocarburants sont produits dans l’Union européenne. En plus des critères de durabilité, les biocarburants de l’Union doivent prouver qu’ils respectent les exigences du droit de l’environnement et de l’agriculture, notamment la préservation des paysages, la protection des sols contre l’érosion et la gestion de l’eau.

Les terres sont une ressource limitée. Ne faut-il pas abattre des forêts pour produire des biocarburants ?

La réalisation de l’objectif de 10 % nécessiterait quelque 2 à 5 millions d’hectares de terres, selon différentes estimations de l’incidence nette du changement d’affectation des sols. L’UE dispose d’une quantité suffisante de terres précédemment exploitées à des fins agricoles et désormais en friche pour constituer la superficie nécessaire, même si tous les biocarburants consommés devaient être produits en Europe. De même, dans d’autres régions du monde, il existe des alternatives à la déforestation. En Indonésie, on estime entre 3 et 12 millions d’hectares les superficies déboisées dans le passé et laissées en friche. Il serait normal de remettre ces terres en exploitation.

Risque-t-on de détruire des forêts pluviales pour produire de l’huile de palme afin de permettre à l’UE d’atteindre ses objectifs en matière de biocarburants ?

Non. Cette éventualité est exclue par la communication. Elle prévoit expressément que les forêts ne peuvent pas être converties en plantations pour la production d’huile de palme.

La plupart des biocarburants proviennent-ils de l’huile de palme ?

Seulement 4 ou 5 % des biocarburants dans l’UE sont produits à partir d’huile de palme, ce qui représente environ 1 % de la production mondiale d’huile de palme. En dehors de l’UE, l’utilisation de l’huile de palme pour la production de biocarburant n’est pas non plus très répandue. Plus de 95 % de l’huile de palme est destinée à l’alimentation et à l’industrie, notamment les cosmétiques.

Entre 2000 et 2008, la production d’huile de palme a augmenté de 20 millions de tonnes. C’est quarante fois plus que la quantité d’huile de palme affectée aux biocarburants dans l’UE (500 000 tonnes). Par conséquent, les biocarburants ne sont pas la principale cause de la déforestation. Les critères de durabilité sont néanmoins un moyen de dissuasion important pour lutter contre la déforestation.

Les études de l’UE montrent que les biocarburants ne permettent pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Comment l’UE réagit-elle à ces conclusions?

Cette affirmation est inexacte. Les rapports publiés récemment font apparaître que les biocarburants permettent au contraire de réduire les émissions de gaz à effet de serre. La Commission publiera un rapport sur l’utilisation indirecte des terres avant la fin de l’année, comme le prévoit la directive sur les énergies renouvelables, sur la base de ces études.


 Tableau : Progrès accomplis en matière d’utilisation des biocarburants dans l’UE 2003-2008

État membre Part des biocarburants en 2003 Part des biocarburants en 2008
Autriche 0,1 5,5
Belgique 0 1,1
Bulgarie 0,2 (2)
Chypre 0 1,3
République tchèque 1,1 1,3
Danemark 0 0,2 (3)
Estonie 0 0,6
Finlande 0,1 2,1
France 0,7 5,7
Allemagne 1,2 6
Grèce 0 1
Hongrie 0 3,5
Irlande 0 1,6
Italie 0,5 0,6
Lettonie 0,2 0,2
Lituanie 0 4,3
Luxembourg 0 2
Malte 0 0,4 (4)
Pays-Bas 0 3,3
Pologne 0,5 3,7
Portugal 0 2
Roumanie 2,3 (5)
Slovaquie 0,1 2,7
Slovénie 0 1,2
Espagne 0,4 2
Suède 1,3 5
Royaume-Uni 0 2
  UE-25 0,50% UE-27 3,40%

1 : Directive 2009/28/ du 23 avril 2009 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables, JO L 140 du 5.6.2009 (p. 28).
2 : Biodiesel uniquement.
3 : Données de 2007.
4 : Biodiesel uniquement.
5 : Biodiesel uniquement.
6 : Estimation

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Cedric

” En Indonésie, on estime entre 3 et 12 millions d’hectares les superficies déboisées dans le passé et laissées en friche. Il serait normal de remettre ces terres en exploitation.” Non! ces terres sont issues de forets primaires, qu’elles y retournent! (Le Brésil a vraiment de très grande difficultés à reboiser dans le Minas Gerais, ne refaisons pas ces mêmes conneries!!! ) “Risque-t-on de détruire des forêts pluviales pour produire de l’huile de palme afin de permettre à l’UE d’atteindre ses objectifs en matière de biocarburants ? L’UE dispose d’une quantité suffisante de terres précédemment exploitées à des fins agricoles et désormais en friche pour constituer la superficie nécessaire” C’est faux! La mise en jachère permet aux terres de se renforcer. Avec l’arrivée des produits Bio, le problème des surfaces est capital!!! Nous n’avons pas assez de terres cultivables en Europe. Pour bien connaitre le milieu des affaires des oléagineux, ce qui est répondu est tout simplement honteux!!! Il est facile de dire cela lorsque le mal est fait… Ca me met hors de moi ce genre de dires!!! “La plupart des biocarburants proviennent-ils de l’huile de palme ?” Oui, le reste vient du Maïs et du Colza, plantes fortement consommatrices en eau douce. Avec le stress hydrique qui est déjà vécu dans le monde, développer ce secteur renforcera encore les tensions sociales. Au delà du fait que l’on exploite des terres arables pour fabriquer des biocarburants (pour rappel, un plein d’une voiture réalisé à partir de biocarburant issue du maïs suffirait à faire vivre une famille Mexicaine pendant un an! ) Des spéculations sur des terres arables en Afrique sont l’oeuvre par de grands groupes pétroliers, c’est n’importe quoi! De plus, l’emploi d’engrais, de pesticides et de plantes génétiquement modifiées continuera à nous faire aller encore plus vite droit dans le mur. Cette solution des biocarburants est la pire que l’homme puisse faire! Cela reviendrait à se tirer une balle dans le pied, tout cela pour le profit de quelque poignées d’actionnaires.. “Les études de l’UE montrent que les biocarburants ne permettent pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cette affirmation est inexacte. Les rapports publiés récemment font apparaître que les biocarburants permettent au contraire de réduire les émissions de gaz à effet de serre. La Commission publiera un rapport sur l’utilisation indirecte des terres avant la fin de l’année, comme le prévoit la directive sur les énergies renouvelables, sur la base de ces études.” J’attends cette étude orientée avec une très grande impatience. En tant qu’ingénieur spécialisé dans les énergies, je peux dire qu’un enfant de dix ans pourrait faire ce calcul. L’exploitation des terres, la transformation, la distribution et la consommation des biocarburants engendreront forcément des pertes comparées au cycle naturel des rejets de GES produits par le cycle naturel de la biomasse. C’est indéfendable… D’autres vecteurs énergétiques existent (l’électricité est un très bon candidat )…

1000 mille
1000 mille
marcob12

Nous n’avons aucun besoin des agrocarburants pour moteurs thermiques. Le motif invoqué par la commission est déjà spécieux au sens où même si nos émissions de CO2 posaient un problème d’équilibre climatique (par ex), seul une idéologie peut autoriser la poursuite et le développement des centrales à charbon, laisser le développement du nucléaire au libre choix de chacun et imposer (one size fits all ) les renouvelables dont les “agrocarburants” (pour moteurs thermiques) sont les pires envisageables. Dit brutalement nous avons une pagaille de solutions alternatives capables de nous faire gagner autant sinon bien plus que le détournement de terres agricoles pour un rendement énergétique global catastrophique, une génèse ingérable de problèmes annexes et une indépendance énergétique gagnée misérable.” Stop and start”,récupération d’énergie au freinage (avec hybridation ou non), diminution de la masse des véhicules, électrification à marche forcée (50% du parc électrifié en 20 ans par ex comme l’envisagent les USA), etc. Même si on remplaçait 10% des carburants en émettant 50% de CO2 en moins avec les agrocarburant on émettrait 5% de CO2 en moins au final. Dérisoire par rapport aux gains qu’on peut engranger par ailleurs, surtout que la courbe de forçage du CO2 est logarythmique. C’est la même commission qui a oeuvré lourdement pour le tourisme international des marchandises (via GATT et OMC) qui a fait exploser les émissions de GES associées au moindre produit de consommation (la plupart de nos chaussures ont fait 10 000 km avant de nous chausser, notre bétail consomme du soja américain qui a traversé l’atlantique, etc.). Il faut lire et relire Raoul Marc Jennar pour comprendre l’immensité de la foutaise de nombre de directives européennes. Il leur faudra un siècle pour compenser les émissions superflues dont ils sont directement à l’origine…

chelya

“Non! ces terres sont issues de forets primaires, qu’elles y retournent! (Le Brésil a vraiment de très grande difficultés à reboiser dans le Minas Gerais, ne refaisons pas ces mêmes conneries!!! )” Une fois qu’une terre est défrichée pour en exploiter le bois elle est foutue. Tout ce qui va y retourner c’est du désert qui va continuer à s’étendre de manière exponentielle en modifiant le micro climat local… La seule chose qui peut sauver les terres défrichés en Indonésie c’est de replanter.

dehp

Bonjour, La production de biocarburants au Sud doit servir à réduire la fracture énérgétique de ces pays pas à faire faire des écomomies au pays du Nord. Rappelons que moins de 10 % des ruraux en Afrique par exemple ont accès à l’électricité et à un coût très élevé. On peut produire des biocarburants dans les pays non producteurs de pétrôle mais pour leur propre consommation pas pour exporter. Les pays d’Afrique de l’Ouest se lance doucement et prudemment là dedans en commençant tout juste à mettre en place des filières agrocarburants reposant sur l’agriculture paysanne (pas sur l’agriculture en régie qui exproprie les familles !). Reste à vérifier la rentabilité de ces filières, notamment des filières Jatropha, car le producteur doit y trouver son compte. Les calculs faits jusqu’à présent (hypothèses car les fiières ne sont pas encore en place) montre que pour un prix de la graine payé au producteur de 50FCFA /kg, la filière est tout juste rentable. Est-ce que ce prix est suffisamment rémunérateur pour le paysan ? Il semblerait que non mais on en sera plus dans 2 ou 3 ans quand on aura une idée plus précise du niveau de production de cette plante en milieu paysan (plus proche de 1 à 2 T de graines par ha que de 5 ou 10 tonnes dont on parle sur internet !) et du niveau de charges nécessaires à sa culture. Il risque d’y avoir des désenchantements mais au moins on pourra parler de la rentabilité de cette fameuse filière Jatropha sur des bases réelles. Il y a de fortes chances, comme pour la filière colza en France, que ce soit le sous-produit qui sauve cette filière (tourteau comme engrais et non comme aliment bétail). Cordialement.