Si les batteries et les moteurs des véhicules électriques (VE) accaparent généralement l’attention au niveau technique, les pneus, eux, sont la plupart du temps délaissés. Pourtant, leur rôle est décisif : un mauvais choix pourrait en effet réduire l’autonomie de 10 %, amplifier le bruit ambiant ou encore accélérer l’usure. Comment alors choisir les bons pneus pour son véhicule électrique ? Les fabricants ont-ils pris la mesure de ce tournant ? À l’heure où l’industrie automobile se tourne davantage vers l’électrique, le secteur des pneumatiques se doit de proposer des technologies innovantes pour répondre à ces nouvelles exigences.
On le sait, les batteries des voitures électriques sont lourdes de plusieurs centaines de kilos. Elles imposent par conséquent des contraintes mécaniques nouvelles. Par exemple, il n’est pas rare qu’un SUV électrique pèse jusqu’à 2,5 tonnes, soit 30 % de plus qu’un modèle thermique équivalent. Résultat : les pneus subissent une usure accélérée, notamment en raison du couple instantané des moteurs électriques, qui sollicite davantage la gomme au démarrage.
Pour pallier à ce problème, les principaux fabricants de pneus développent des structures renforcées et des mélanges de caoutchouc plus résilients. Ainsi, Michelin, Bridgestone ou Pirelli investissent massivement dans des modèles capables de supporter ces charges tout en limitant la résistance au roulement, un paramètre clé pour préserver l’autonomie.
Autonomie : chaque kilomètre compte
Justement, la résistance au roulement, souvent sous-estimée, influence directement l’autonomie des véhicules électriques. Contrairement aux moteurs thermiques, dont 70 % de l’énergie est perdue en chaleur, les véhicules électriques transforment 90 % de leur énergie en mouvement. Mais ce rendement élevé est en partie compromis si les pneus génèrent trop de friction.
Une étude de l’Union européenne estime qu’une réduction de 10 % de cette résistance permettrait d’économiser 2 à 3 % d’autonomie, un gain non négligeable pour des véhicules dont l’autonomie moyenne tourne autour de 400 km. Les ingénieurs s’attachent donc à optimiser la géométrie des sculptures et à intégrer des matériaux composites, comme le silicate, pour réduire la déformation des pneus en roulant.
Silence, on tourne ! L’équation acoustique
L’un des atouts des voitures électriques est leur quasi-absence de bruit moteur. Un luxe qui a toutefois un revers : les nuisances externes, comme le bruit des pneus sur la chaussée qui deviennent tout d’un coup audibles.
Saviez vous que le bruit des pneus représente désormais 60 % du son total en ville ? Les fabricants de pneus doivent donc s’adapter en intégrant des « tampons acoustiques » internes, ou en redessinant les motifs de tôle pour casser les ondes sonores. C’est donc une course à l’innovation qui vise surtout à concilier silence et sécurité, car les piétons doivent également être capables de détecter l’approche d’un véhicule.
Durabilité : entre vertu et Greenwashing
Enfin, le défi écologique pèse sur les pneus. Alors que les constructeurs vantent leurs objectifs de décarbonation, les pneus traditionnels contribuent à 10 % des émissions de CO2 liées au trafic routier, en raison de l’abrasion qui libère des microplastiques.
De nouveaux matériaux, comme le caoutchouc synthétique issu de la biomasse ou la silice recyclée, émergent progressivement. Cependant, leur adoption reste encore limitée par des coûts élevés et des contraintes techniques.
Nous le voyons, les principaux fabricants de pneus conçoivent ou ont déjà développé des lignes de pneus dédiées aux VE. Les pneus conçus pour répondre aux impératifs uniques des VE combinent à la fois, faible résistance au roulement, réduction du bruit et durabilité accrue.