La mission DART de la NASA, visant à dévier un astéroïde, a produit des résultats inattendus qui bouleversent notre compréhension de la formation et de l’évolution des corps célestes. Les observations récentes révèlent des changements significatifs dans la structure de l’astéroïde cible, ouvrant de nouvelles pistes pour la recherche astronomique et la défense planétaire.
La collision du vaisseau spatial DART avec Dimorphos, le satellite naturel d’un astéroïde, en 2022, a engendré des modifications structurelles bien plus importantes que prévu. Une étude publiée le 23 août 2024 dans le Planetary Science Journal détaille ces observations post-impact et leurs implications potentielles pour la recherche astéroïdale future.
Derek Richardson, professeur d’astronomie à l’Université du Maryland et responsable d’un groupe de travail sur la mission DART, a donné une précision : « Nos prédictions initiales concernant les changements induits par DART sur les mouvements de Didymos et de son satellite se sont avérées globalement correctes. Cependant, certaines découvertes inattendues nous permettent de mieux comprendre la formation et l’évolution des astéroïdes et autres petits corps au fil du temps. »
Une transformation morphologique inattendue
L’un des aspects les plus surprenants de la mission concerne la modification radicale de la forme de Dimorphos. Initialement aplati, l’astéroïde a adopté une forme plus allongée après l’impact. Cette transformation remet en question les théories existantes sur la formation des satellites d’astéroïdes.
Le Professeur d’astronomie a encore affirmé : « Nous pensions que Dimorphos serait naturellement allongé avant l’impact, car c’est généralement ainsi que le corps central d’un satellite accumule progressivement la matière provenant d’un corps primaire comme Didymos. Ce résultat contredit cette idée et indique un processus plus complexe à l’œuvre. De plus, le changement de forme de Dimorphos induit par l’impact a probablement modifié son interaction avec Didymos. »
Des implications pour l’exploration future
Les modifications subies par Dimorphos ont des répercussions importantes pour les futures missions d’exploration, notamment la mission de suivi de l’Agence Spatiale Européenne prévue pour octobre 2024. L’astéroïde pourrait désormais présenter un mouvement de rotation chaotique et imprévisible, compliquant potentiellement les tentatives d’atterrissage et d’installation d’équipements de recherche.
« L’une de nos principales interrogations concerne la stabilité de Dimorphos pour permettre l’atterrissage de vaisseaux spatiaux et l’installation d’équipements de recherche supplémentaires. Il pourrait s’écouler une centaine d’années avant d’observer des changements notables dans le système, mais seulement quelques années se sont écoulées depuis l’impact. Comprendre le temps nécessaire à Dimorphos pour retrouver sa stabilité nous renseigne sur sa structure interne, ce qui à son tour éclaire les futures tentatives de déviation d’astéroïdes dangereux. » a t-il ajouté.
Vers une meilleure défense planétaire
La mission DART a fourni des informations cruciales sur la physique gravitationnelle complexe impossible à reproduire en laboratoire. Ces recherches contribuent à affiner les stratégies de défense de la Terre face aux menaces spatiales potentielles.
Et de conclure : « DART nous a permis d’acquérir des connaissances sur une physique gravitationnelle complexe impossible à reproduire en laboratoire. Toutes ces recherches nous aident à calibrer nos efforts pour défendre la Terre en cas de menace réelle. Il existe une probabilité non nulle qu’un astéroïde ou une comète s’approche et mette en danger la planète. Nous disposons désormais d’une ligne de défense supplémentaire contre ce type de menaces externes. »
Légende illustration : Illustration représentant le vaisseau spatial DART (Double Asteroid Redirection Test) de la NASA avant son impact sur le système d’astéroïdes binaires Didymos. Crédit : NASA/Johns Hopkins APL/Steve Gribben.
Article : ‘The Dynamical State of the Didymos System before and after the DART Impact’ / ( 10.3847/PSJ/ad62f5 ) – University of Maryland – Publication dans la revue Planetary Science / 23-Aug-2024