Une simple vidéo de 38 secondes a remis le feu aux poudres. En repartageant un montage viral du créateur de contenu Alex Utopia montrant le robot humanoïde Optimus de Tesla dans une variété de métiers, du chantier à la cuisine professionnelle, de l’intervention d’urgence à la patrouille policière, Elon Musk a relancé les spéculations sur l’avenir du travail humain. Le clip, visionné plus de 58,5 millions de fois, arrive au moment où le patron de Tesla multiplie les déclarations fracassantes lors du Forum d’investissement États-Unis-Arabie saoudite à Washington.
Le travail, bientôt un simple passe-temps ?
Les 18 et 19 novembre 2025, devant un parterre d’investisseurs réunis dans la capitale américaine, Elon Musk n’y est pas allé par quatre chemins. « Ma prédiction est que le travail deviendra optionnel », a-t-il affirmé, comparant l’emploi futur à cultiver ses propres légumes plutôt que les acheter au supermarché. Plus radical encore, le milliardaire a suggéré que l’argent lui-même pourrait devenir obsolète une fois que l’intelligence artificielle aura supprimé la rareté économique.
Ce basculement interviendrait dans une fourchette de 10 à 20 ans selon ses estimations, peut-être même plus tôt compte tenu de l’accélération des progrès en robotique et IA. Conscient du caractère audacieux de sa prédiction, Musk a reconnu : « Évidemment, les gens pourront ressortir cette déclaration dans 20 ans et dire : ‘Regardez, Elon a fait cette prédiction ridicule et ce n’est pas vrai’, mais je pense que cela s’avérera exact ».
Jensen Huang, le PDG de Nvidia qui participait également au forum aux côtés du ministre saoudien des communications Abdullah Alswaha, s’est montré nettement plus prudent. Tout en admettant que les emplois évolueront, Huang a lancé sur le ton de la plaisanterie qu’il espérait qu’Elon Musk le préviendrait avant que la monnaie ne perde toute utilité.
Des robots qui fabriquent d’autres robots
La véritable bombe est venue d’une publication sur X où Musk a révélé sa stratégie industrielle : « Optimus sera la sonde de Von Neumann ». Cette référence au concept théorique développé par le mathématicien John von Neumann dans les années 1940 n’a rien d’anodin. Elle implique que les robots Optimus fabriqueront eux-mêmes leurs successeurs, sans intervention humaine dans la chaîne de production.
Le principe d’une sonde de Von Neumann repose sur l’auto-réplication exponentielle : une machine capable d’extraire des matières premières, de se reproduire, puis d’envoyer ses copies accomplir la même tâche ailleurs. Transposée à l’échelle terrestre, cette logique permettrait une croissance vertigineuse de la production robotique.
Les objectifs chiffrés donnent le vertige. Tesla compte installer une première ligne capable de produire un million d’unités par an dans son usine californienne de Fremont, avant de passer à 10 millions d’unités annuelles au Texas. L’entreprise a confirmé que les lignes de première génération sont actuellement en cours d’installation, avec un prototype de production Optimus V3 attendu début 2026. Le prix cible ? 20 000 dollars par robot produit en série. Dans l’immédiat, plusieurs milliers d’unités devraient sortir des chaînes en 2025, essentiellement pour équiper les propres usines de Tesla.
Une montée en puissance sans précédent
Lors de l’assemblée annuelle des actionnaires de Tesla en 2025, Musk avait déjà qualifié Optimus de futur « produit au volume le plus élevé jamais créé », promettant « la montée en cadence de production la plus rapide de tous les produits complexes manufacturés ». Au-delà du million d’unités, l’horizon se compte en milliards de robots produits chaque année.
Cette stratégie mise sur un cercle vertueux. Plus Tesla déploiera de robots dans ses installations, plus elle accumulera de données pour perfectionner leurs capacités. Le déploiement débutera en interne, avec potentiellement des milliers d’unités opérationnelles d’ici fin 2026 pour réduire les coûts et améliorer la sécurité. Fonctionnant 24 heures sur 24 sans pause, un seul Optimus pourrait afficher une productivité équivalant à cinq travailleurs humains.
Le calendrier commercial s’articule en trois temps avec une production limitée pour un usage interne chez Tesla courant 2025, puis une commercialisation auprès des entreprises en 2026 ( 50 000 à 100 000 unités fabriquées) et enfin une ouverture au grand public après 2027. La progression par paliers doit permettre à la firme Tesla d’affiner les performances, de collecter les retours terrain et d’optimiser la conception avant l’élargissement aux consommateurs.
Sources : Telsa / Musk











