OpenAI vient de dévoiler Sora 2, son nouveau modèle capable de créer des vidéos réalistes accompagnées de sons synchronisés. Plus précis dans la physique, plus obéissant aux instructions et désormais accessible via une application iOS sociale, l’outil entend populariser le faux « consenti ». Derrière la démonstration technique se profilent pourtant d’importants enjeux éthiques et économiques avec le contrôle de l’identité numérique, la modération des contenus et l’avenir du divertissement en ligne.
Dès les premiers tests internes, Sora 2 se démarque par sa capacité à respecter les lois de la physique. Ainsi, un ballon de basket qui rate son tir rebondit au lieu de « se téléporter » dans le panier, là où les anciens modèles forçaient la réussite. Le progrès repose sur un entraînement massif en données vidéo, « encore balbutiant comparé au texte » selon l’équipe Sora. L’algorithme suit désormais des instructions complexes sur plusieurs plans et maintient la cohérence d’un décor ou d’un personnage d’une scène à l’autre, un jalon jugé comparable au passage entre GPT-3 et GPT-3.5 pour le texte.
Une application sociale centrée sur les « cameos »
Pour faire tester sa technologie, OpenAI lance une application iOS baptisée simplement « Sora ».
L’interface mise tout sur la création collaborative : les utilisateurs enregistrent un court clip pour capter leur visage et leur voix, puis peuvent se glisser (cameo) dans n’importe quelle vidéo générée. L’usage se veut ludique et la diffusion se fait par invitations, limitées d’abord aux États-Unis et au Canada. Les détenteurs d’un abonnement ChatGPT Pro auront toutefois accès à une version « Sora 2 Pro » de meilleure qualité.
OpenAI promet que chaque vidéo contient des marqueurs visibles et invisibles (métadonnées C2PA) attestant de sa provenance. L’utilisateur reste maître de son image. Il peut retirer à tout moment un clip où il apparaît ou révoquer les droits accordés à des amis. Ces précautions restent cependant perfectibles. En cas de faux profil, qui vérifiera que la personne filmée a vraiment donné son accord ? Les spécialistes redoutent déjà un « deepfake accessible à tous ».
Un modèle économique encore flou
Pour l’instant, l’accès à Sora 2 reste gratuit mais soumis aux limites de calcul. OpenAI évoque à terme « un paiement facultatif » lorsque la demande dépassera la puissance disponible. L’entreprise insiste sur son objectif qui est de favoriser la création, et non le temps passé à regarder, ainsi que de ne pas « optimiser le fil » pour éviter les phénomènes d’addiction. Reste que la montée en charge d’un réseau social vidéo nourrit inévitablement la question de la modération humaine et du coût des serveurs, un dilemme déjà rencontré par TikTok ou YouTube.
Sora 2 préfigure peut-être des simulateurs de monde capables d’entraîner des robots ou de tester des scénarios urbains virtuels. À court terme, il pourrait bouleverser la publicité, le cinéma indépendant et l’éducation en rendant abordable la production d’images de synthèse crédibles. Alors que la frontière entre le réel et l’artificiel se brouille à vitesse grand V, l’enjeu dans le futur sera de distinguer sans ambiguïté ce qui relève de la création numérique.
L’application est téléchargeable : ICI
Source : OPENAI