La consultation publique que la Commission européenne a ouvert (1) considère pour acquis « le développement des combustibles fossiles non conventionnels » et elle cherche à « l’accompagner de garanties sanitaires, climatiques et environnementales adéquates et d’un maximum de sécurité et de prévisibilité juridiques ».
L’organisation altermondialiste Attac France a annoncé la semaine dernière, "son opposition totale à l’exploration et l’exploitation de nouveaux combustibles fossiles en France, en Europe et ailleurs sur la planète."
La position des 40 organisations européennes en avril 2012 (2), prend en effet au pied de la lettre la décision prise lors de différentes conférences internationales et consignée dans les politiques et directives européennes, visant à tout faire pour stabiliser le climat et ne pas dépasser les 2°C de réchauffement climatique global d’ici la fin du siècle.
Pour ne pas aller au-delà de cette limite fatidique, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a écrit dans son rapport (3) annuel World Energy Outlook 2012, que « notre consommation, d’ici à 2050, ne devra pas représenter plus d’un tiers des réserves prouvées de combustibles fossiles ». Ce qui revient à laisser dans le sol plus des deux tiers des réserves prouvées de combustibles fossiles. D’après Attac, ces résultats sont bien connus (4) et les ordres de grandeur sont indiscutables : il faut laisser dans le sol la majorité des réserves actuelles et conjointes de pétrole, de gaz et de charbon.
L’organisation précise sa pensée : "A quoi bon donc poursuivre les explorations et forages pour extraire du pétrole, du gaz ou du charbon toujours plus loin, toujours plus profond ? Extrêmement coûteuses et dévastatrices pour l’environnement et les populations (5), les explorations d’hydrocarbures non conventionnels, comme les gaz et pétrole de schiste, ne sont donc pas compatibles avec les objectifs climatiques que se sont donné la Communauté internationale et l’Union Européenne. Avec ce parti pris visant à « accompagner » « le développement des combustibles fossiles non conventionnels », la Commission européenne foule aux pieds ces engagements."
Attac France va jusqu’à demander aux instances européennes un moratoire général sur toute nouvelle exploration d’hydrocarbures sur le sol européen : "Il ne s’agit donc pas d’encadrer la fracturation hydraulique mais de laisser dans le sol les hydrocarbures."
Pour l’organisation altermondialiste une telle décision libérerait "les financements nécessaires aux politiques de sobriété et d’efficacité énergétiques dont nous avons besoin pour transformer profondément nos modèles de production et de consommation." A contrario, "tout autre décision qu’un tel moratoire reviendrait à nier le réchauffement climatique global et miner les engagements et toute crédibilité de l’Union européenne en matière climatique" clame t-elle.
(1) ici
(2) ici
(3) ici
(4) Sur la base d’une étude de 2009 du Potsdam Institute for Climate Impact Research, il a été démontré qu’il ne fallait pas émettre plus de 565 gigatonnes d’équivalents CO2 d’ici à 2050 pour avoir 4 chances sur 5 de ne pas dépasser la barre fatidique des 2°C. Or, la combustion de toutes les réserves prouvées de pétrole, charbon et gaz de la planète engendrerait 2 795 gigatonnes de CO2, soit 5 fois plus. Dit autrement, selon ces données, 80% des réserves d’énergies fossiles actuelles ne doivent pas être extraites et consommées.
(5) Comme le montrent de nombreux exemples aux Etats-Unis, au Canada, en Angleterre et ailleurs, l’exploitation de gaz et huiles de schiste suscite d’innombrables pollutions chimiques et toxiques, des conséquences sanitaires sur les populations, le gaspillage d’eau potable, la destruction des territoires, des tremblements de terre, etc.
A propos de pétrole, rappelons que la crise est surtout si ce n’est avant tout due à ça : (derniers résultats de modélisation de Jean Laherrère) C’est à dire un monstrueux choc pétrolier qui hélas ne fait que commencer. Mais cela fait longtemps que l’on n’est plus capable de nommer les choses, de toute évidence.
notre économie est totalement dépendante de la disponibilité des hydrocarbures et de leurs prix. Vidéo d’une conférence de JM Jancovici où il explique à l’Assemblée Nationale que l’économie est assez dépendente de l’énergie disponible. On peut être d’accord ou pas sur les conclusions qu’il tire et les solutions qu’il propose, mais la position du problème est effectivement assez intéressante.
La crise serait-elle due au pétrole manquant? Alors la proposition d’Attac augmenterait donc la crise? du n’importe quoi. Les en-cours liquides bancaires (le fric, quoi) mondiaux correspondent à 3ans de PIB mondial. Imaginez vous que chaque travailleur dans ce monde aurait 3 à 4ans de salaire brut de côté en banque? Impossible. Cela montre que les banques pompent le fric par tous les moyens y compris illégaux (recyclage d’argent sale entre autres) sur notre dos. 98% de ces sommes sont investis dans la spéculation boursière (autrement dit, elles jouent une partie de poker de dimension mondiale en permanence). Cette bombe a fait long feu en 2008, évitant de justesse l’explosion dévastatrice, les banques ont été honteusesement renflouées pour immédiatement recommencer à jouer ce poker: ça explosera tôt ou tard d’ici 10 ans. Alors la lente raréfaction du pétrole n’est qu’un autre phénomène dangereux, en cours de constitution certes, mais qui ne pètera pas vant une quarantaine d’années au moins. Naturellement, empressés de se remplir les poches, les dirigeants ne feront rien pour éviter cette catastrophe énergétique..
L’argent des banques, ou disons la masse de capitaux sur les marchés, dont la taille est effectivement assez disproportionnée, provient du gonflement de la bulle de dette (états, ménages, dettes privés), enclenché précisément suite aux premiers chocs pétroliers (peak US 70, revolution iranienne 79) et abandon de Bretton Woods en 71 (passage au fiat petro dollar). Qualifier la crise actuelle de « financière » est un leurre, cette crise est un choc pétrolier et non des moindres (et contraintes ressources naturelles en général), certes avec les montagnes de dettes en plus, mais cela n’est qu’en plus. Si il y avait aujourd’hui 1 ou 2 Amérique à construire et 4 ou 5 Arabie Saoudite pleine nous ne serions pas en crise. Le plus grave étant que l’on est même plus capable de le désigner, surtout quand on considère l’extrême urgence de la chose :
je comprends pas bien les réactions sur la crise financière, vois pas le rapport avec la séquestration carbone par non exploitation des hydrocarbures de schiste! l’objectif des 3 X 20 reste, et dont -20% conso énergie finale d’ici 2020, et -20% émissons CO2 en 2020 vs 1990. Les ppi à venir l’an prochain en France devront donc se baser sur une baisse de la consommation d’énergie finale, comme c’est déjà le cas dans les scénarios conso des Schémas régionaux de développement des ENR. Au passage pourquoi cette absence de jalons et d’objectifs entre 2020 et 2050? si on dit 3 X20 en 2020, disons 3X30 en 2030, et 3 X 50 en 2050 ?