La précarité énergétique touche une part significative des ménages canadiens. Une récente étude de l’Université McGill met en lumière les conséquences de cette problématique sur la santé et le bien-être des populations, ainsi que les défis posés par les programmes d’efficacité énergétique actuels. L’analyse approfondie révèle des aspects souvent méconnus de la précarité énergétique, invitant à une réflexion sur les mesures à adopter pour une transition énergétique juste et inclusive.
La précarité énergétique se manifeste lorsque les ménages ne peuvent pas accéder ou se permettre les niveaux d’énergie nécessaires pour répondre à leurs besoins quotidiens, vivre décemment et maintenir des températures intérieures saines toute l’année.
Selon Mylène Riva, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en logement, communauté et santé et auteure principale de l’étude publiée dans The Canadian Journal of Public Health, cette situation est préoccupante car elle est associée à une exacerbation de certaines maladies chroniques.
Les chercheurs ont constaté que la précarité énergétique était liée à une probabilité accrue de mauvaise santé générale et mentale auto-évaluée, des facteurs connus pour prédire des niveaux plus élevés de maladie, ainsi qu’un risque accru d’hospitalisation et de décès.
Une prévalence plus élevée dans les zones rurales
Les travaux de recherche indiquent également que les niveaux de précarité énergétique sont plus élevés dans les zones rurales du Canada, où la population tend à être plus âgée, vivant dans des ménages plus grands et faisant face à une plus grande insécurité de revenu.
Laurianne Debanné, doctorante en géographie de la santé à McGill, souligne que dans une petite ville de Nouvelle-Écosse, environ 40% de la population fait face à la précarité énergétique, avec un ménage sur trois contraint de réduire ses dépenses alimentaires pour payer ses factures d’utilité publique.
Les programmes d’efficacité énergétique actuels en question
Les chercheurs soulignent que les programmes et politiques visant à avancer la transition énergétique, par exemple ceux ciblant l’efficacité énergétique dans le secteur du logement, tendent à être accessibles aux propriétaires plutôt qu’aux locataires. Les initiatives pourraient potentiellement créer ou exacerber des inégalités sociales et sanitaires si leurs bénéfices ne sont pas distribués de manière équitable à travers la population.
Mylène Riva insiste sur le fait que pour prévenir et réduire la précarité énergétique et augmenter la sécurité énergétique à travers le pays, les programmes et politiques devraient s’attaquer aux principaux moteurs de la précarité énergétique, comme les conditions de logement et leur efficacité énergétique, les revenus plus faibles et les coûts énergétiques supportés par les consommateurs.
En synthèse
Pour une meilleure compréhension
Qu’est-ce que la précarité énergétique ?
La précarité énergétique désigne la situation des ménages qui ne peuvent pas accéder ou se permettre les niveaux d’énergie nécessaires pour leurs besoins quotidiens et pour maintenir des températures intérieures saines.
Quelles sont les conséquences de la précarité énergétique ?
Elle est associée à une exacerbation de maladies chroniques, à une mauvaise santé générale et mentale, et à un risque accru d’hospitalisation et de décès.
Quelles populations sont les plus touchées ?
Les niveaux de précarité énergétique sont plus élevés dans les zones rurales, affectant principalement les populations plus âgées, vivant dans des ménages plus grands et avec une insécurité de revenu plus grande.
Quels sont les défis des programmes d’efficacité énergétique actuels ?
Ils tendent à être plus accessibles aux propriétaires qu’aux locataires et peuvent créer ou exacerber des inégalités sociales et sanitaires.
Comment peut-on adresser la précarité énergétique ?
Il est crucial d’adopter des programmes et politiques qui s’attaquent aux principaux moteurs de la précarité énergétique, en assurant une distribution équitable des bénéfices à travers la population.
Références
Article : « Energy poverty: an overlooked determinant of health and climate resilience in Canada » – DOI: 10.17269/s41997-023-00741-0