Carburant alternatif : l’industrie auto subventionnée

Près de 44 milliards de dollars en fonds de relance économique et autres incitations sont destinés au développement de véhicules utilisant des technologies de pointe de carburant alternatif, d’après une nouvelle analyse du groupe Deloitte Touche Tohmatsu (DTT) Global Manufacturing Industry.

L’analyse portant sur l’industrie automobile révèle que les plans de relance économique et d’autres programmes gouvernementaux sont actuellement renforcés dans au moins 13 marchés.

"La demande des consommateurs pour des véhicules plus écologiques ainsi que de nouvelles réglementations vont fortement influencer le développement et la commercialisation des innovations dans le secteur automobile", déclare Hans Roehm, directeur de DTT Global Manufacturing Industry. "Notre analyse montre que les États-Unis sont en tête en termes de relance économique et d’autres incitations gouvernementales avec une estimation de 27,4 milliards de dollars US destinés aux technologies de carburant alternatif telles que les véhicules électriques".

En 2009, Deutsche Bank a estimé que les ventes mondiales de véhicules électriques, hybrides et de ceux qui utilisent d’autres technologies de pointe de carburant alternatif s’élevaient à 1 million et pourraient atteindre 1,3 million en 2010. Selon J.D. Power and Associates, les ventes de véhicules électriques-hybrides pourraient atteindre près de 1,3 % des ventes de véhicules légers, estimées à 67 millions cette année. Alors que les véhicules hybrides et électriques représentent une petite fraction du parc automobile actuel, le groupe DTT Global Manufacturing Industry estime que d’ici 2020, les véhicules électriques et les autres véhicules écologiques vont représenter jusqu’à un tiers des ventes totales dans les marchés développés et jusqu’à 20 % dans les zones urbaines des marchés émergents.

"La tendance vers l’e-mobilité s’accélère. Ses effets se font sentir non seulement dans le secteur automobile, mais aussi dans d’autres secteurs associés tels que l’énergie et les ressources", explique Martin Hoelz, associé de Deloitte Allemagne et directeur de Global Automotive Affinity Group du groupe DTT Global Manufacturing Industry. "L’éventail d’incitations et d’aides gouvernementales comprend des allégements fiscaux, des primes en espèces, et autres incitations commerciales pour les consommateurs, ainsi que des subventions pour les projets de recherche et développement (R&D). Par conséquent, les consommateurs qui ont choisi d’adopter les véhicules utilisant des technologies alternatives bénéficieront d’un double avantage."

Selon l’analyse de Deloitte, au cours des 18 derniers mois, des programmes mis en place dans au moins 156 pays et régions encouragent les consommateurs à remplacer leurs anciens véhicules par de nouveaux modèles avec des incitations du type "prime à la casse". Ceux-ci comprennent : l’Autriche, l’Europe centrale et l’Europe de l’Est, la Chine, la France, l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie, le Japon, le Mexique, les Pays-Bas, le Portugal, la Corée du Sud, l’Asie du Sud-Est, l’Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis.

Des pays tels que les États-Unis, l’Australie, la Chine et la France canalisent ces investissements vers les efforts de R&D. Par exemple, aux États-Unis, le programme de prêts pour la fabrication de véhicules utilisant des technologies de pointe, qui s’élève à 25 milliards de dollars US, offre des subventions et des prêts pour soutenir le développement local des véhicules qui utilisent des technologies de pointe et des composants associés. En Australie, le plan de la voiture écologique investira 1,3 milliard de dollars australiens dans l’innovation et la conception de véhicules plus respectueux de l’environnement.

"En Allemagne, le gouvernement s’est fixé l’objectif d’un million de véhicules électriques sur la route d’ici 2020. Il soutient cet objectif avec un investissement de 500 millions d’euros dans le développement de batteries et l’analyse de la manière d’introduire les véhicules électriques dans certaines régions du pays", ajoute Hoelz.

De même, le gouvernement français a lancé un programme de 1 milliard d’euros en octobre 2009 en vue d’avoir deux million de véhicules hybrides et électriques sur la route d’ici 2020. Le plan englobe la recherche industrielle, le développement de batteries et la construction d’un réseau de stations de rechargement de batteries.

Au Royaume-Uni, le gouvernement a annoncé qu’à partir de 2011, il subventionnera 25 % du coût des véhicules électriques et des véhicules raccordables au réseau pour abaisser les émissions de carbone – un financement qui se chiffre au total à 230 millions de livres.

La Chine a aussi intensifié ses investissements dans les technologies automobiles alternatives. Annoncé l’année dernière, le programme chinois de Revitalisation et Réajustement du secteur automobile devrait cultiver l’e-mobilité dans le plus grand marché automobile mondial. Le programme comprend une subvention de dix milliards de yuans (1,5 milliard de dollars US) du gouvernement durant trois ans pour les constructeurs automobiles qui modernisent leurs technologies et développent des véhicules utilisant du carburant alternatif.

"L’avenir de l’e-mobilité et l’approche des progrès technologiques des automobiles devrait se diviser en suivant des lignes régionales", en conclut Roehm. "Les alternatives écologiques, telles que les véhicules électriques, devraient susciter davantage d’intérêt auprès des consommateurs dans les pays développés, alors que les véhicules flexfuel, utilisant par exemple l’éthanol et le gaz naturel, seront privilégiés dans les marchés émergents où le climat local ou la base de ressources favorise ces carburants par rapport au pétrole. En conclusion, on devrait assister à une variété de technologies automobiles sur le marché d’ici 2020".

L’analyse du groupe DTT Global Manufacturing Industry montre que le secteur automobile mondial devrait bénéficier directement d’une injection d’environ 105 milliards de dollars US en fonds de relance économique, ce qui représente un petit pourcentage du total estimé de 4,3 billions de dollars US des plans de relance économique mis en place par divers gouvernements du monde.

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