Depuis plusieurs décennies, la Ville de Besançon a mis en place un réseau de chaleur qui dessert les bâtiments de Planoise, un grand quartier périphérique de Besançon. Aujourd’hui, il concerne le chauffage et l’eau chaude de l’équivalent de 21 000 habitants.
En 2016, une nouvelle étape répond à l’enjeu de la qualité du service aux abonnés et à l’environnement. Deux nouvelles chaudières bois sont mises en exploitation et permettent ainsi d’atteindre plus de 85% d’énergie renouvelable pour alimenter le réseau de chaleur. 40 000 tonnes de bois sont nécessaires, dont 3 000 environ issues de nos propres forêts de Besançon, créant plus d’une vingtaine d’emplois en Franche Comté rien que pour l’approvisionnement.
L’utilisation des énergies renouvelables est une ambition portée par les élus de la Ville de Besançon de longue date, ce qui lui a valu d’être la première ville française à obtenir le label européen Cit’ergie GOLD, reconnaissant l’exemplarité de sa politique énergétique.
Les actions menées sont orientées par les objectifs fixés dans le Plan Climat Énergie Territorial adopté par la Ville en 2011 en cours de révision, ainsi que par ceux de la convention européenne des Maires, signée par Jean-Louis Fousseret en février 2009.
Parmi les objectifs, figurent celui de porter à 23 % la part des énergies renouvelables dans la production énergétique d’ici 2020. En Franche-Comté, le Schéma régional Climat Air Énergie a fixé, en 2012, cette part à 32 %.
La France, quant à elle, lors de la COP21 s’est réengagée à augmenter la part en énergie renouvelable à la hauteur de 40 % d’ici 2030 pour contenir l’augmentation des températures moyennes à 2°.
Dès 2006, la Ville de Besançon faisait le choix du bois énergie avec une première chaufferie bois de 6MW tout en continuant à valoriser l’énergie dite fatale issue des déchets traités par le Sybert.
Ce choix du bois énergie peut paraitre un choix évident pour Besançon qui est située dans la deuxième région française (Franche-Comté) en surfaces forestières mais globalement, c’est un choix qui vise à :
• Recourir à une énergie renouvelable en alternative aux énergies fossiles à partir des forêts publiques dont celle de Besançon (environ 3 000 tonnes) ;
• Diminuer les émissions de gaz à effet de serre : 15 000 tonnes de Co2 évitées,
• Gagner en autonomie énergétique, pour se prémunir des risques de fournitures énergétiques.
• Diminuer les charges de fonctionnement en utilisant un combustible moins coûteux que le gaz naturel ou le fioul ;
• Soutenir le développement de la filière bois en matière d’approvisionnement en lien avec la Plan d’approvisionnement territorial en bois de la Communauté d’agglomération ;
• Développer une activité économique locale créatrice d’emplois : environ une vingtaine d’emplois rien que sur l’approvisionnement
Les points clefs de la nouvelle chaufferie
Le nouveau bâtiment accueille deux chaudières bois d’une puissance unitaire de 8 MW avec les périphériques et le silo de stockage pour 5 jours d’autonomie et une chaudière gaz naturel de 19 MW en complément des autres chaudières existantes au fioul, au charbon et au bois.
Tous ces équipements sont utilisés selon le degré de rigueur hivernal avec une priorité à la vapeur de l’usine de valorisation énergétique du SYBERT et au bois.
Ainsi, la consommation en bois pour une année sur l’ensemble du site sera de l’ordre de 40 000 tonnes de plaquettes forestières ce qui correspond à une multiplication par trois de la consommation actuelle. A elles seules, les nouvelles chaudières consommeront 27 000 tonnes. Par jour de grand froid, cela représente une livraison de 12 camions par jour.
A noter, la spécificité de ces chaudières qui sont conçues pour utiliser également des cimes de résineux à hauteur de 10 000 tonnes par an, ce qui a nécessité une conception particulière de la chaudière pour ce combustible peu valorisé ailleurs en France et permet de conforter la filière résineux de Franche Comté avec un nouveau débouché.
La nouvelle chaufferie a bénéficié de l’expérience de l’installation de 2006 en matière d’exploitation et de pérennité des équipements. C’est avec une véritable démarche d’écoconception qui a permis d’aboutir à une installation à la fois performante, sûr et sobre du point de vue des coûts d’exploitation. En particulier, des choix ambitieux et innovants sur la technologie ont porté sur :
• Une filtration des fumées très performante : <10 mg/Nm3 soit bien au-delà des normes actuelles (< 20 mg/Nm3).’
• Des performances techniques poussées : avec des chaudières haut rendement équipées d’économiseurs qui permettent de gagner près de 6 % de rendement,
• Une fiabilité et maintenabilité des équipements accrues avec notamment une installation compacte qui permet de réduire la longueur des convoyeurs du bois et un système de silo actif qui réduit l’utilisation du grappin,
• une intégration architecturale soignée et à la rationnelle avec un accès au stockage par un « pont de grange » limitant les terrassements par utilisation de la différence de niveau du terrain pour la réalisation des fosses de dépotage.
Coût et financement
L’investissement nécessaire pour l’opération s’élève à 16 700 000 € HT.
Le financement est réalisé par le budget annexe « chauffage urbain » de la Ville de Besançon (13 810 k€ HT) indépendant du budget général et sans impact pour les
Bisontins avec un soutien de l’ADEME (2 689 966 €) et du Département du Doubs (200 000 €).
Sur le plan économique cette nouvelle chaufferie permet de consolider l’application du taux de TVA réduit sur la part énergie à 5.5 % (mise en œuvre dès mars 2009). Cet investissement contribue également à modérer l’augmentation du prix de la chaleur finale avec une énergie locale au prix moins fluctuant que ceux des énergies fossiles.
D’un point de vue environnemental, la substitution du fioul et du charbon par le bois permettent une baisse des rejets globaux de :
– 15 000 tonnes de CO2 par an soit -56 %
– 70 tonnes de SO2 par an soit -40 %.
A noter que les 2 nouvelles chaudières bois permettent d’atteindre une production de chaleur à 85 % d’origine renouvelable.
( src – Ville de Besançon )