Deepwater Horizon : Enquête sur les résidus pétroliers persistants

Suite à la catastrophe pétrolière Deepwater Horizon, des résidus persistants continuent d’affecter l’écosystème marin. Des chercheurs en ont identifié la composition. Une étape nécessaire en vue d’évaluer précisément l’impact à long terme de l’un des plus importants désastres écologique à ce jour.

En avril 2010, la plateforme de forage en haute mer Deepwater Horizon a explosé dans le golfe du Mexique, engendrant l’un des plus importants désastres pétroliers à ce jour. Des chercheurs de l’EPFL, en Suisse, et de l’Institut Océanographique de Woods Hole (WHOI) aux États-Unis ont analysé la composition de galettes de sable et de pétrole, récoltées sur les rives du golfe en 2011. Ils ont pu en identifier la composition et en démontrer la nocivité. Une première étape nécessaire, si l’on veut mieux comprendre les effets de ces résidus persistants sur l’écosystème marin. L’étude est publiée le 22 janvier 2014 dans Environmental Science & Technology.

Environ 535.000 tonnes de pétrole auraient fini dans l’océan suite à l’effondrement de Deepwater Horizon, soit l’équivalent de 300 bassins olympiques ou d’une marée noire de 1.3 mm d’épaisseur sur toute la surface du Lac Léman – des chiffres qui font actuellement l’objet de négociations devant les instances judiciaires américaines. Près de quatre ans plus tard, l’écosystème local subit toujours les conséquences de la catastrophe. De nombreux rapports font état de malformations de la faune sous-marine ou d’une quantité sensiblement moindre des prises de poissons. Mais il est pour l’heure difficile d’estimer quelle part de ces problèmes est directement due à Deepwater Horizon.

Lorsque du pétrole s’échappe, une partie se disperse dans la mer ou s’évapore dans l’atmosphère. L’autre a tendance à s’agglutiner en résidus persistants. Ils se regroupent au fond de l’eau, ou flottent à la surface et s’échouent sur les côtes sous la forme de boulettes. Certains de leurs composants, absorbés par la faune marine, peuvent perturber le métabolisme, provoquer une croissance et un développement anormaux, affecter la reproduction et les défenses immunitaires, et même engendrer la mort, selon le degré d’exposition.

Les chimistes enquêtent sur les restes de Deepwater Horizon

Enquête chimique sur les résidus pétroliers persistants

« Une bonne connaissance de la composition des résidus pétroliers persistants est cruciale pour estimer pleinement leur impact toxicologique sur la faune.» explique Samuel Arey, chercheur à l’EPFL et à l’Eawag. Or la composition chimique des résidus, et donc leur impact écotoxique à moyen et long terme, demeurent méconnus.

Avec ses collègues, le chimiste a décodé la composition chimique des galettes d’hydrocarbures grâce à de nouvelles techniques de laboratoire et d’analyse de données. Les chercheurs sont parvenus à identifier et quantifier ces composants avec une précision sans précédent.

Les scientifiques ont démontré que ces galettes contenaient d’importantes quantités d’hydrocarbures hydrophobes identifiés comme étant des graisses saturées de différents sous-groupes. Par exemple, l’un des huit échantillons comprenait des hydrocarbures saturés (26%), des hydrocarbures oxygénés (66%) et des hydrocarbures aromatiques (7%).

Ces données sont déterminantes pour appréhender l’impact environnemental des résidus pétroliers persistants. Les trois groupes identifiés sont connu de longue date pour leurs effets délétères sur les organismes vivants. Plus inquiétant encore, on ne comprend pas encore très bien les effets à large échelle des graisses saturées et des hydrocarbures oxygénés sur l’écosystème marin, alors même que ces éléments constituent la plus grande part des résidus persistants analysés par les chercheurs.

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Pastilleverte

S’agit-il de pétrole “complètement” brut, ou ayant “bénéficié” des traitements dispersants ou autres, avec des produits chimiques divers et variés ? A priori, le pétrole “vraiment” brut, c’est des résidus d’organisms marins, certes fossilisés et vieux de plusieurs centaines de milliers d’années, mais pas plus nocif que cela, à la concentration près, qui a sûrement été norme lors de cette catastrophe. D’autant plus que la dilution “naturelle” aurait dû être très forte en raison de la profondeur du puits. Dit autrement, est-ce que les divers produits “dispersants” ou autres n’ont pas forrtement aggravé les choses ?

Fra

La nocivité potentielle , j’ai compris . La nocivité réelle constatée , j’aimerais bien savoir . Il doit bien avoir des biologistes sur place pour suivre attentivement l’évolution