Des chercheurs américains ont récemment découvert une méthode permettant de créer une lévitation aquatique à des températures bien inférieures à celles traditionnellement observées. Cette découverte pourrait avoir des implications significatives pour les applications de transfert de chaleur, notamment dans le refroidissement des machines industrielles et le nettoyage des surfaces des échangeurs de chaleur.
Comprendre l’effet Leidenfrost
Depuis trois siècles, l’effet Leidenfrost est un phénomène bien connu des physiciens. Il se produit lorsque des gouttelettes d’eau lévitent sur une couche de leur propre vapeur, généralement à une température supérieure à 230°C. L’équipe de Jiangtao Cheng, professeur associé au département de génie mécanique de Virginia Tech, a réussi à abaisser cette température de manière significative.
Le phénomène se produit parce que deux états différents de l’eau coexistent. Si l’on pouvait observer l’eau au niveau de la gouttelette, on verrait que seule une partie de celle-ci bout à la surface. La chaleur vaporise le fond, mais l’énergie ne traverse pas toute la gouttelette. La partie liquide au-dessus de la vapeur reçoit moins d’énergie, car une grande partie est utilisée pour faire bouillir le fond. Cette portion liquide reste intacte, flottant sur sa propre couche de vapeur.
Nouveaux travaux sur la surface
La mesure traditionnelle de l’effet Leidenfrost suppose que la surface chauffée est plate, ce qui permet à la chaleur de frapper uniformément les gouttelettes d’eau. Travaillant dans le laboratoire de physique des fluides de Virginia Tech, l’équipe de Cheng a trouvé un moyen d’abaisser le point de départ de l’effet en produisant une surface couverte de micropiliers.
Ces micropiliers, conçus par l’équipe de Cheng, mesurent 0,08 millimètre de hauteur, soit à peu près la largeur d’un cheveu humain. Ils sont disposés selon un motif régulier, espacés de 0,12 millimètre. Une gouttelette d’eau en englobe plus de 100. Ces minuscules piliers pressent dans une gouttelette d’eau, libérant de la chaleur à l’intérieur de celle-ci et la faisant bouillir plus rapidement.
Abaisser les limites de Leidenfrost
Lorsque la surface texturée a été chauffée, l’équipe a découvert que la température à laquelle l’effet de lévitation était atteint était nettement inférieure à celle d’une surface plate, commençant à 130°C. Cette découverte est non seulement nouvelle pour la compréhension de l’effet Leidenfrost, mais elle remet également en question les limites précédemment imaginées.
Une étude de 2021 de l’Université Emory avait trouvé que les propriétés de l’eau faisaient échouer l’effet Leidenfrost lorsque la température de la surface chauffée descendait à 140°C. En utilisant les micropiliers créés par l’équipe de Cheng, l’effet est durable même 10 degrés en dessous de cette limite.
Applications pratiques et implications
L’effet Leidenfrost est plus qu’un phénomène intrigant à observer, il est également un point critique dans le transfert de chaleur. Lorsque l’eau bout, elle élimine le plus efficacement la chaleur d’une surface. Dans des applications telles que le refroidissement des machines, cela signifie qu’adapter une surface chaude à l’approche texturée présentée par l’équipe de Cheng permet d’évacuer la chaleur plus rapidement, réduisant ainsi les risques de dommages causés par une surchauffe.
« Notre recherche peut prévenir des catastrophes telles que les explosions de vapeur, qui posent des menaces significatives pour les équipements de transfert de chaleur industriels », a indiqué Wenge Huang, doctorant et premier auteur de l’étude. « Les explosions de vapeur se produisent lorsque les bulles de vapeur à l’intérieur d’un liquide se dilatent rapidement en raison de la présence d’une source de chaleur intense à proximité. Un exemple où ce risque est particulièrement pertinent est dans les centrales nucléaires, où la structure de surface des échangeurs de chaleur peut influencer la croissance des bulles de vapeur et potentiellement déclencher de telles explosions. »
En synthèse
La découverte de l’équipe de Virginia Tech ouvre de nouvelles perspectives pour le transfert de chaleur et la prévention des dommages industriels. En abaissant la température nécessaire pour l’effet Leidenfrost, ils ont non seulement repoussé les limites de la physique connue, mais ont également proposé des solutions pratiques pour des applications critiques.
Pour une meilleure compréhension
Qu’est-ce que l’effet Leidenfrost ?
L’effet Leidenfrost est un phénomène où des gouttelettes d’eau lévitent sur une couche de vapeur créée par la chaleur intense de la surface sur laquelle elles reposent.
À quelle température se produit traditionnellement l’effet Leidenfrost ?
Traditionnellement, l’effet Leidenfrost se produit à des températures supérieures à 230 degrés Celsius.
Comment l’équipe de Virginia Tech a-t-elle abaissé cette température ?
L’équipe a utilisé une surface texturée avec des micropiliers pour abaisser la température de l’effet Leidenfrost à 130 degrés Celsius.
Quelles sont les applications pratiques de cette découverte ?
Cette découverte peut être utilisée pour améliorer le refroidissement des machines industrielles, prévenir les explosions de vapeur et nettoyer les surfaces des échangeurs de chaleur.
Quels sont les avantages des micropiliers dans cette recherche ?
Les micropiliers permettent de libérer la chaleur à l’intérieur des gouttelettes d’eau plus rapidement, ce qui abaisse la température nécessaire pour l’effet Leidenfrost et améliore l’efficacité du transfert de chaleur.
Références
Légende illustration : Wenge Huang inspecte des échantillons de matériaux dans le laboratoire de Jiangtao Cheng. Credit: Photo by Alex Parrish for Virginia Tech.