Alors que la transition vers un avenir plus durable s’accélère, la réutilisation des panneaux solaires usagés devient une option de plus en plus pertinente. CORE CHANGEMAKERS, une équipe d’étudiants de l’Université de Technologie d’Eindhoven (TU/e) devenue une startup, explore cette possibilité. « Nous étudions si ces panneaux peuvent être réutilisés dans le secteur du logement social », explique Antonia Tiplea, chef de projet.
Recherche et recyclage des panneaux solaires
Depuis un an et demi, l’équipe CORE de la TU/e se consacre à l’étude des méthodes de recyclage des panneaux solaires. Souvent, les panneaux usagés sont broyés pour produire des matériaux de faible valeur comme le ciment ou le papier de verre. Une nouvelle méthode a retenu leur attention : la pyrolyse, un processus à haute température qui décompose la couche adhésive liant les différents composants des panneaux solaires.
Cependant, les étudiants ont découvert que le recyclage des panneaux solaires de cette manière n’est pas viable sur le marché actuel. Antonia Tiplea explique : «Notre recherche a révélé que le volume de panneaux solaires atteignant la fin de leur vie utile est insuffisant pour soutenir une usine de recyclage. Cela ne serait pas financièrement viable.»
Réutilisation dans le logement social
Les étudiants n’ont pas baissé les bras. Certains membres de l’équipe explorent désormais des approches alternatives pour éviter que les panneaux solaires ne finissent à la déchiqueteuse, à travers une nouvelle startup. Avec le projet Ikaros, Antonia Tiplea et d’autres étudient la possibilité de distribuer des panneaux dans le secteur du logement social.
Ce n’est pas le modèle d’affaires le plus simple, admet Antonia Tiplea, car les panneaux solaires usagés ne se prêtent pas toujours à une utilisation directe. Les nouveaux panneaux solaires deviennent de plus en plus abordables, ce qui réduit l’attrait des panneaux usagés. De plus, avec la demande croissante en électricité, les ménages privilégient une production maximale, ce que les panneaux usagés ont souvent du mal à fournir.
Des solutions innovantes
Envoyer des panneaux solaires vers des pays plus ensoleillés pourrait être une bonne idée. Mais il existe aussi d’autres options aux Pays-Bas. «Pensez aux toits temporaires, par exemple. Si les associations de logement prévoient de remplacer ou de démolir des toits, il est judicieux d’utiliser temporairement des panneaux solaires usagés.»
Utiliser des panneaux solaires usagés dans le logement social présente plusieurs avantages. Une recherche menée par Sietse de Vilder en collaboration avec l’AMS Institute suggère que passer de l’achat de nouveaux panneaux à la réutilisation de panneaux fonctionnels pourrait significativement aider l’environnement. En adoptant des panneaux solaires de seconde main, les associations de logement peuvent optimiser les ressources existantes et réduire les déchets.
De plus, selon les Accords de Performance Nationaux, les associations de logement doivent fournir une isolation gratuite à tous leurs logements d’ici 2028, éliminant les étiquettes énergétiques E, F et G. Les panneaux solaires de seconde main peuvent aider à atteindre cet objectif sans provoquer de hausses de loyer excessives.
Huit cents panneaux solaires parfaitement utilisables
Les étudiants vont au-delà des études théoriques, en investiguant activement leur idée dans la réalité. Deyana Mineva, une autre membre de l’équipe CORE Changemakers, raconte : «Lors de notre enquête de marché, nous avons découvert les histoires les plus bizarres. Par exemple, Stichting ZonNext, une association qui gère des panneaux solaires de seconde main, a reçu des informations d’une entreprise d’installation qui avait récemment acquis un lot de huit cents panneaux solaires encore parfaitement utilisables, sauf que leurs câbles avaient été coupés. Ils les ont donc envoyés directement à la décharge. Ces panneaux auraient pu avoir une seconde vie précieuse.»
Cette idée a suscité un vif enthousiasme. Il est possible que les étudiants présentent leurs conclusions au Conseil municipal d’Eindhoven. La startup est également en discussion avec Stichting Woonbedrijf. «Nous sommes assez fiers de créer de bonnes connexions dans la région.»
Dix ou mille toits ?
Les étudiants continueront leurs recherches dans les mois à venir. Antonia Tiplea précise : «Nous voulons en savoir plus sur ces toits temporaires. Que ce soit dix ou mille toits adaptés aux panneaux dans les cinq prochaines années influencera grandement le succès de notre idée.»
Le projet, une partie clé du processus de graduation des étudiants, se terminera à la fin juin. «Mais je vois comment notre idée peut vraiment faire une différence. Nous pourrions donc continuer, même après la graduation», conclut Deyana Mineva.