Fin mai, la zone industrielle de Petite-Synthe, à Dunkerque, accueillera l’inauguration de Nord-Métha, la plus grande unité de biométhanisation des Hauts-de-France. Ce projet, porté par le groupe familial Daudruy Van Cauwenberghe, représente un investissement de 16 millions d’euros, cofinancé à hauteur de 1,1 million d’euros par l’Union européenne via le Fonds européen de développement régional. Implantée à Dunkerque depuis près de deux siècles, l’entreprise emploie 200 collaborateurs et dessert des marchés variés : agroalimentaire, pétrochimie, cosmétique, et énergie.
Chaque année, Nord-Métha valorise 40 000 tonnes de déchets organiques, dont 75 % proviennent des activités des sociétés sœurs du groupe Daudruy : raffinage d’huiles végétales et animales pour Daudruy, production de biocarburants pour Nord-Ester. Le quart restant est collecté localement, incluant des sous-produits comme la poussière de lin ou la brisure de maïs, apportant azote et fibres nécessaires au bon fonctionnement du procédé. Le projet vise à fermer les cycles de matière au plus près du site, réduisant la dépendance aux intrants extérieurs tout en limitant l’empreinte carbone du territoire.
Le cœur de l’installation repose sur un double processus : la méthanisation, qui convertit les matières organiques en biogaz, puis son épuration en biométhane injectable dans le réseau gazier. Avec une capacité de 875 nm³/h, Nord-Métha produit l’équivalent de la consommation annuelle de 12 000 ménages. Une partie de cette énergie est réinjectée dans les unités industrielles du site via un système de garanties d’origine, renforçant son autonomie énergétique.
Un digestat comme alternative aux engrais synthétiques
Le digestat, résidu liquide du processus, complète cette boucle circulaire. Utilisé comme amendement organique, il est épandu dans un rayon de 10 km autour de l’usine, remplaçant progressivement les fertilisants chimiques. Le communiqué souligne que ce produit, riche en nutriments, offre une solution durable aux agriculteurs locaux, optimisée en collaboration avec des exploitations partenaires.
Au-delà de la production d’énergie, Nord-Métha s’apprête à franchir une nouvelle étape. Dès mai 2025, un projet de liquéfaction du CO₂ biogénique sera mis en œuvre, captant ce gaz pour le transformer en produit réutilisable dans l’industrie agroalimentaire locale. Cette initiative s’inscrit dans un réseau plus large d’échanges de vapeur verte entre Daudruy, le Centre de Valorisation Énergétique et la Communauté Urbaine de Dunkerque. Le communiqué présente cette collaboration comme un exemple d’économie circulaire territoriale, visant à maximiser l’utilisation de chaque flux matière et énergétique.

Un héritage industriel réinventé
Fondée en 1829, l’entreprise a évolué du négoce vers le raffinage d’huiles végétales, puis la production de biocarburants en 2008. Aujourd’hui, avec Nord-Métha, elle réaffirme son rôle pionnier dans la transition énergétique. Le groupe a su diversifier ses activités pour devenir un acteur industriel innovant, intégrant des synergies fortes entre ses différentes entités.
L’inauguration de Nord-Métha survient alors que les pressions s’intensifient sur les industries lourdes pour réduire leurs émissions. En captant et valorisant le CO₂, en limitant les transports de matières premières et en produisant une énergie bas-carbone, le site répond aux objectifs nationaux de lutte contre le réchauffement climatique. Selon les données fournies par le groupe, l’ensemble des synergies industrielles permettrait d’éviter plusieurs milliers de tonnes d’émissions de CO₂ par an.
Crédit image / CP / Daudruy