Bien qu’il ne fasse pas partie des Objectifs du Millénaire pour le Développement, l’accès à l’énergie est considéré par l’ONU et la Banque Mondiale comme une condition nécessaire pour les atteindre.
La corrélation entre le niveau de l’indicateur de développement humain (IDH) et le taux d’accès à l’énergie est très marquée. L’indicateur de développement humain est notamment particulièrement bas lorsque la consommation d’énergie est faible, ce qui confirme l’importance capitale d’un accès initial minimal à l’énergie.
L’énergie est indispensable pour accomplir l’ensemble des activités humaines fondamentales, qu’elles relèvent de la survie la plus élémentaire (accès et purification de l’eau, cuisson de la nourriture et chauffage, soins médicaux performants) ou de l’amélioration des conditions de vie en société (lumière, mobilité, éducation, communication, activités productives, loisirs…).
L’énergie n’a pas sa fin en soi mais dans les services et activités qu’elle permet de développer. Leur hiérarchisation permet de prioriser les projets d’accès à l’énergie qui doivent, à chaque fois, accompagner une action de développement bien identifiée. Mais surtout, la pérennité des systèmes d’accès à l’énergie ne peut être assurée que si un ou des techniciens sont formés et sont en mesure de les entretenir et de les développer. Cela implique qu’ils puissent en retirer un revenu et donc qu’une activité économique soit mise en place. Éclairer une école ou électrifier un centre de soins doit s’articuler avec des activités productives comme des moulins à grain ou du pompage d’eau, ou des services comme la recharge de batteries pour des téléphones portables ou des lampes individuelles.
Au Burkina Faso, dans la région du Gulmu, Electriciens sans frontières a mené avec l’ONG Tin Tua un programme d’électrification solaire de 20 centres de formation.
L’arrivée de l’électricité a permis d’augmenter les plages d’enseignement et d’étude dans les salles d’alphabétisation, donnant ainsi aux femmes la possibilité de participer aux cours du soir. Les formateurs peuvent préparer leurs cours une fois la nuit tombée.
Des troupes de théâtre viennent y répéter le soir : ces troupes se déplacent dans des villages reculés pour jouer en langue locale des pièces qui sont de véritables outils de communication, d’information, de sensibilisation auprès des populations : sida, MST, excision, mariage forcé, travail des enfants, importance de l’alphabétisation etc. Grâce à l’installation d’ordinateurs, les responsables de chaque centre peuvent gérer l’ensemble des taches administratives mais aussi vendre des services de reprographie et de support informatique aux collectivités voisines.
Les recharges de téléphones sont une source de revenus conséquente, et un service clé offert aux populations. Les moyens audiovisuels mis en place et partagés avec les villageois sont autant de sources d’information et de renforcement des liens sociaux. Et les techniciens de Tin Tua formés à la maintenance des installations solaires proposent désormais des prestations.
L’accès à l’électricité des diémas du Gulmu a ainsi a permis d’améliorer les conditions d’enseignement, de créer des activités économiques, de faciliter l’accès à l’éducation et à l’information de populations jusqu’ici très isolées, de les sensibiliser aux questions sanitaires, et donc de contribuer à plusieurs des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Heureusement qu’il y a des ONG citoyennes pour faire avancer le sujet de manière pratique. J’étais sur la chaîne française de l’international en Afrique quand soudain spot publicitaire: « La Banque Africaine de Développement soutient des projets d’énergie renouvelable » avec en arrière plan une éolienne. Toutes les banques de développement lavent plus vert que le vert aujourd’hui. Voir l’Agence Française de Développement « Développeur d’avenir durable ». Entre la propagande et la réalité, il y a un pas gigantesque. Ces banques restent des banques. Elles bénéficient de fonds à taux zéro et prêtent soit à des Etats à des taux de l’ordre de 4% soit à des privés à des taux de 6 à 7%. Certes, c’est mieux que les taux moribonds à deux chiffres pratiqués localement, mais faut pas rigoler: I want ma money back comme disait Tatcher !