En moins de douze mois, l’action Palantir Technologies a été propulsée de la catégorie “valeur spéculative” au rang de star incontestée de la Bourse new-yorkaise, signant un bond de 400% et s’approchant des 190 dollars l’unité le 12 août 2025. Dopé par l’engouement pour l’intelligence artificielle et des résultats financiers records avec plus de 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires trimestriel pour la première fois de son histoire, le spécialiste américain du big data change de dimension.
Palantir pèse désormais plus de 370 milliards de dollars de capitalisation, soit davantage que Boeing ou IBM. En 2024, le titre avait déjà quadruplé ; il a encore doublé depuis janvier, s’adjugeant la première place du S&P 500 sur l’année. Les investisseurs plébiscitent la capacité de la société à monétiser sa Plateforme d’intelligence artificielle (AIP) auprès d’un nombre croissant de grands comptes, de la pharmaceutique à la défense, sur fond d’emballement mondial pour les usages génératifs de l’IA.
L’éditeur s’appuie pour se faire sur deux piliers logiciels :
Gotham, conçu à l’origine pour les services de renseignement, et AIP (Artificial Intelligence Platform), bras armé de l’IA chez les clients civils. Gotham agrège des données hétérogènes (fichiers structurés, flux vidéo, métadonnées réseau) puis les croise en temps réel via un moteur de graphes capable de repérer des motifs, des anomalies ou des réseaux d’interactions complexes. Les analystes disposent ainsi d’outils visuels avancés pour filtrer, cartographier et contextualiser les corrélations, tout en conservant une traçabilité précise de chaque requête, critère indispensable dans l’univers militaire et gouvernemental.
AIP quant à lui, reprend cette architecture de fusion de données mais l’ouvre aux modèles d’apprentissage automatique les plus récents : les grands modèles de langage, les réseaux de neurones spécialisés, etc. La plateforme agit comme une tour de contrôle : elle orchestre le cycle complet, ingestion sécurisée des données, sélection du modèle, « fine-tuning », gouvernance et audit, puis renvoie les résultats vers les applications métiers du client. Son point fort réside dans l’exécution. Elle s’effectue sur des environnements isolés où les données sensibles ne quittent jamais la sphère de l’entreprise. Elle répond ainsi aux exigences de souveraineté et de conformité qui freinent souvent l’adoption de l’IA générative.
Tout n’est pas rose pour autant. Avec plus de 300 fois le bénéfice par action anticipé et 120 fois le résultat net publié, Palantir évolue sur un fil qui n’est pas sans rappeler les bulles technologiques passées. Un ralentissement commercial, une concurrence plus agressive ou un plafonnement des budgets liés à l’IA pourraient refroidir le marché.
Au final, Palantir a su convertir son ADN secret-défense en un autre moteur de croissance civil cette fois tout en sachant surfer sur la vague IA mieux que quiconque. Si la firme d’Alex Karp parvient à maintenir son rythme d’innovations et à justifier sa valorisation hors norme, elle pourrait durablement s’imposer comme l’OS incontournable de l’intelligence artificielle d’entreprise.
Source : Palantir