Energie : 1000 md par an pour les besoins du monde

"Nous ne pouvons pas laisser la crise financière et économique retarder l’action politique nécessaire d’urgence pour assurer a sécurité énergétique et limiter l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre."

Nobuo Tanaka, directeur exécutif de l’Agance Internationale de l’Energie, s’exprimait à Londres à l’occasion de la publication des perspectives énergétiques annuelles de l’AIE : World Energy Outlook. "Nous devons amorcer l’avènement d’une révolution mondiale de l’énergie par l’amélioration de l’efficacité énergétique et en accélérant le déploiement des énergies pauvres en carbone", a-t-il préconisé, s’appuyant sur les conclusions du rapport.

D’après le scénario de référence, qui ne prend en compte aucune politique nouvelle, la demande énergétique mondiale devrait croître de 1,6% par an en moyenne entre 2006 et 2030, ce qui représente une hausse globale de 45% sur la période.

Cette projection de croissance est plus lente que les prévisions effectuées l’an dernier, principalement en raison de l’impact du ralentissement économique, de la perspective de prix de l’énergie plus élevés et de nouvelles initiatives politiques.

La demande de pétrole devrait passer de 85 millions de barils par jour relevée actuellement, à 106 mbj en 2030 , soit 10 mb/j de moins que ce que prévoyait le rapport 2007.

La demande de charbon augmente plus que tout autre carburant en terme absolus, représentant plus d’un tiers de l’augmentation de la consommation d’énergie.

Les énergies renouvelables modernes croissent rapidement. Elles devraient dépasser le niveau du gaz en devenant la deuxième plus importante source d’électricité peu après 2010.

La Chine et l’Inde représentent plus de la moitié de l’augmentation de la demande d’énergie à l’horizon 2030, alors que le Moyen-Orient apparaît comme un nouveau foyer majeur de consommation. La part de l’énergie consommée dans les villes passe de deux tiers à près de trois quarts en 2030. La quasi-totalité de l’augmentation de la production d’énergie par combustibles fossiles est imputable aux pays hors OCDE.

Ces tendances appellent à un investissement dans la fourniture d’énergie de 26 300 milliards de dollars d’ici 2030, soit plus de 1 000 milliards de dollars par an. Cependant, la pression sur le crédit pourrait retarder les dépenses, et entraîner la contraction de l’offre, qui freinerait le redressement économique.

"Les tendances actuelles dans l’approvisionnement et la consommation énergétiques ne sont manifestement pas durables, d’un point de vue environnemental, économique et social. Elles peuvent et doivent être modifiées" a plaidé M.Tanaka.

"La hausse des importations de pétrole et de gaz dans les régions de l’OCDE et de pays en développement d’Asie, ajouté à la concentration croissante de la production dans un petit nombre de pays, provoquera l’accroissement de la fragilité à l’égard des ruptures d’approvisionnement et de fortes hausses des prix."

"Dans le même temps, les gaz à effet de serre devraient progresser inexorablement, plaçant le monde sur le chemin d’une éventuelle hausse mondiale des températures pouvant atteindre 6°C."

En plus de fournir une mise à jour complète des perpectives de l’énergie à long terme, à l’horizon 2030, le rapport WEO-2008 offre un exposé détaillé des perspectives de la production pétrolière et gazière. Le pétrole restera la principale source d’énergie pour de nombreuses années à venir, même avec la plus optimiste des hypothèses concernant le développement des nouvelles technologies. Mais les ressources de pétrole, ainsi que les coûts de production et les prix que les consommateurs devront payer demeurent extrêmement incertains.

"Une chose est certaine", note M. Tanaka "pendant que les déséquilibres du marché nourriront sa volatilité, l’ère de pétrole bon marché est terminée. Un changement radical est en cours dans le secteur des industries de l’amont pétrolier et gazier, les sociétés pétrolières internationales se trouvent face à la diminution des possibilités d’accroissement de leurs réserves et de leur production. En revanche, les entreprises nationales devraient représenter environ 80% de l’augmentation de la production de pétrole et de gaz à l’horizon 2030", expose-t-il.

Le rapport souligne néanmoins qu’il est loin d’être certain que ces entreprises soient disposées à investir elles-mêmes ou qu’elles seront susceptibles de réunir un capital suffisant pour maintenir le rythme nécessaire à l’investissement. Les investissements en amont ont augmenté rapidement au cours des dernières années, mais la majeure partie de cette augmentation est due à la flambée des coûts.

C’est dans l’accroissement de la production dans les pays à bas coût – la plupart d’entre eux sont dans l’OPEP – que se trouve la réponse aux besoins du monde en pétrole à un coût raisonnable. La perspective d’un déclin accéléré de la production dans les différents champs de pétrole ajoute à ces incertitudes.

Une nouvelle analyse des tendances historiques de la production, réalisée au cas par cas sur 800 champs pétrolifères, montre que la diminution des taux est susceptible de s’accentuer de manière significative dans le long terme, passant d’une moyenne de 6,7% aujourd’hui, à 8,5% en 2030. "Malgré toute l’attention qui est accordée à la croissance de la demande, la baisse des taux est en réalité beaucoup plus déterminante pour assurer les besoins en investissements."

"Même si la demande de pétrole devait se stabiliser à l’horizon 2030, 45 mb / j de capacité de production de brut devront être apportés d’ici 2030 (à peu près quatre fois la capacité actuelle de l’Arabie Saoudite), uniquement pour compenser les effets du déclin des gisements", a ajouté M. Tanaka .

Le rapport analyse également les options politiques qui permettraient de lutter contre les changements climatiques après 2012, date à laquelle doit être mis en application un nouvel accord mondial – qui sera négocié à la conférence de l’ONU à Copenhague l’an prochain.

Cette analyse suppose une approche hybride, comprenant une combinaison plausible entre des systèmes de plafonnement et d’échange des émissions, des accords sectoriels et des mesures nationales. Au vu des tendances actuelles, les émissions de CO2 liées à l’énergie sont appelées à augmenter de 45% entre 2006 et 2030, pour atteindre 41 Gigatonnes.

Les trois quarts de l’augmentation proviennent de Chine, de l’Inde et du Moyen-Orient, et 97% des pays hors OCDE en général.

Pour stabiliser la concentration des gaz à effet de serre à 550 ppm d’équivalent CO2, ce qui limiterait l’augmentation de la température à environ 3 ° C, il faudrait plafonner les émissions à 33 Gt en 2030, puis les réduire dans le long terme.

La part des énergies pauvres en carbone (énergie hydroélectrique, nucléaire, biomasse, autres énergies renouvelables et centrales électriques à combustibles fossiles équipées de captage et stockage du carbone (CCS)) devrait augmenter, passant de 19% en 2006 à 26% de l’énergie primaire en 2030 dans le monde.

Cela demanderait un investissement de $ 4 100 milliards de dollars supplémentaire dans les infrastructures et l’équipement, par rapport au scénario de référence, soit 0,2% du PIB mondial annuel.

La plupart de l’augmentation de ces investissements se situe du côté de la demande, avec 17 dollars par personne et par an qui devraient être dépensés dans le monde entier pour des véhicules, des appareils et des bâtiments plus efficaces. D’autre part, l’amélioration de l’efficacité énergétique permettrait de réaliser des économies de carburant de l’ordre de plus de 7 000 milliards de dollars.

L’ampleur de la tâche pour limiter la concentration de gaz à effet de serre à 450 ppm de CO2-eq, et limiter une élévation de la température à environ 2 ° C, est encore plus grande. Les émissions de CO2 mondiales liées à l’énergie devraient dans ce cas baisser fortement à partir de 2020, pour atteindre moins de 26 Gt en 2030.

"Nous aurions besoin de l’action concertée de tous les principaux émetteurs. Notre analyse montre que les pays de l’OCDE ne peuvent à eux seuls mettre le monde sur une  trajectoire de 450 ppm, même s’ils en venaient à réduire leurs émissions à zéro ", a averti M. Tanaka

Pour atteindre un tel résultat, il faudrait une accélération de la croissance de l’usage des énergies pauvres en carbone – pour qu’elles représentent 36% des sources d’énergie primaire d’ici à 2030.

Dans cette hypothèse, les investissements seraient de 9 300 milliards de dollars supérieurs (0,6 % du PIB annuel), et les économies de carburant de 5 800 milliards.

Le rapport WEO-2008 démontre que les mesures de réduction des émissions de CO2 permettraient également d’améliorer la sécurité énergétique mondiale par la réduction du recours aux combustibles fossiles. Mais les grands producteurs de pétrole ne doivent pas s’alarmer pour autant.

"Même dans le scénario 450 [ppm], la production de l’OPEP devrait être en 2030, de 12 mb / j  plus élevé qu’aujourd’hui" A noté M. Tanaka. "Il est clair que le secteur de l’énergie aura à jouer un rôle central dans la lutte contre le changement climatique" a-t-il ajouté.

"L’analyse énoncée dans le présent rapport prévisionnel fournira une base solide pour tous les pays qui cherchent à négocier un nouveau climat mondial face à Copenhague" a-t-il conclu.

 

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Momo

Aie , aie , aie ….. on n’est pas sortis de l’auberge question ” main au portefeuille ” ds. ce domaine , et ds. le monde entier !  Qu’est-ce qu’il va prendre notre pouvoir d’achat  qd. il va falloir se mettre  a  VRAIMENT  financer tous ces investissements en si peu de temps !