Etes vous prêt à financer la méthanisation agricole ?

La société Méthanor a annoncé mardi dernier avoir obtenu de l’Autorité des marchés financiers (AMF), le visa lui permettant de s’introduire sur le marché boursier NYSE Alternext Paris où elle envisage de réaliser une augmentation de capital d’environ 3,2 ME afin de financer et exploiter des unités de méthanisation agricole.

Méthanor a pour objet de financer et de valoriser des unités de méthanisation agricole en partenariat avec des exploitants et des PME agricoles.

La méthanisation agricole est un procédé naturel de transformation de la matière organique par fermentation. Cette fermentation produit une énergie renouvelable, le biogaz, et un résidu appelé digestat, utilisé comme fertilisant agricole. Le biogaz est utilisé pour générer de l’électricité par combustion et pour produire de la chaleur.

L’électricité produite est revendue à EDF dans le cadre des objectifs imposés par le Grenelle de l’environnement et bénéficie de tarifs de rachat garantis pendant 15 ans. "Les exploitants agricoles partenaires pourront également utiliser gratuitement la chaleur produite et le fertilisant obtenu dans leurs exploitations, en plus des dividendes générés par l’activité" assure Methanor.

La méthanisation agricole apporte une solution industrielle aux exigences environnementales.

D’une part, la méthanisation agricole permet une limitation des émissions de gaz à effet de serre liées à l’élevage et l’agriculture (diminution des émissions de méthane et d’oxyde nitreux dues au stockage et à l’épandage direct des déjections animales et des déchets organiques), une diminution de la pollution des sols et des nappes phréatiques à l’origine des algues vertes, et une substitution aux énergies fossiles (par utilisation d’engrais naturel et de la chaleur produite). La méthanisation agricole est également une des rares énergies renouvelables à fonctionner en continue (8000 h par an environ).

Méthanor financera et valorisera principalement des Unités de méthanisation agricole de taille moyenne (150 kW à 500 kW). Néanmoins, la Société pourra financer des projets de taille plus importante si ceux-ci remplissent certains critères (état d’avancement, rentabilité escomptée..). Ces projets d’une puissance pouvant aller jusqu’à plusieurs MW seront alimentés par des déchets pouvant être issus de différentes sources (déchets verts des collectivités territoriales et industries agroalimentaires notamment).

De manière générale, Méthanor :

► N’interviendra comme financeur des Unités de méthanisation agricole qu’une fois les différentes autorisations administratives (type ICPE, permis de construire, autorisation de raccordement…) et les financements bancaires obtenus.

► Financera une société (société par actions simplifiée généralement) dédiée à l’unité de méthanisation agricole. Un pacte d’actionnaires sera systématiquement mis en place entre la Société et la PME agricole qui co-financera l’Unité de méthanisation agricole au côté de Méthanor. Ce pacte précisera notamment les points suivants : l’accord nécessaire de la Société pour les principales décisions d’investissement, l’encadrement des salaires au sein de l’Unité de méthanisation, le versement d’un dividende minimum. Ainsi même si elle sera systématiquement minoritaire dans les Unités de méthanisation agricole financées, Méthanor prendra part aux décisions importantes dans la gestion de celles-ci.

La méthanisation agricole permet ainsi de répondre à deux enjeux majeurs :

► la limitation des émissions de gaz à effet de serre liées à l’élevage et aux déchets : diminution notable des émissions de méthane (CH4, un des principaux gaz à effet de serre) et d’oxyde nitreux (N2O, un des principaux responsables des pluies acides) dues au stockage et à l’épandage direct des déjections animales et de déchets organiques, et la diminution des émissions par substitution d’engrais ;

► la production d’une énergie renouvelable continue (jour et nuit) qui vient compenser la diminution inexorable des énergies fossiles : le biogaz est utilisé pour produire de la chaleur et de l’électricité.

Financer et exploiter 30 unités de méthanisation agricole dans les 24 mois

Cette source d’énergie n’en est encore qu’à ses débuts en France, mais a été éprouvée industriellement en Allemagne depuis plus de 10 ans. L’Allemagne comptait en 2011 environ 7 000 unités de méthanisation agricole pour près de 300 000 exploitations, avec un retour d’expérience de plusieurs années sur le fonctionnement des installations. A l’inverse, la France compte plus de 500 000 exploitations agricoles, et seulement 48 unités de méthanisation étaient en service à fin 2011 [1]. Les principaux freins au développement de la filière en France ont été levés en mai 2011 avec l’augmentation des tarifs de rachat de l’électricité spécifiques au biogaz, la simplification des procédures administratives et une demande en forte croissance de la part des agriculteurs.

Dans ces conditions, Méthanor souhaite financer 30 unités de méthanisation agricole en 2 ans pour devenir rapidement un acteur clé de la méthanisation agricole en France. Méthanor interviendra pour sélectionner et soutenir les projets d’implantation d’unités de méthanisation, de la validation à la production en s’appuyant sur des partenaires financiers et techniques de premier plan.

Les dirigeants de Méthanor ont financé depuis 2008 avec succès des projets d’énergie renouvelable représentant un total de 161,6 ME d’investissements et 36,5 MW. Un conseil de surveillance indépendant, constitué notamment d’experts du monde agricole et des énergies renouvelables complète la structure de gouvernance.

[1] Sources: Ademe, Ministère de l’agriculture

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dgewai

Il me semblerait plus rationnel d’orienter une filière d’utilisation de déchets provenant de l’agriculture et de l’élevage vers la production de carburants plutôt que vers la production d’électricité ….

Mamouth

La méthanisation à partir de déchêts organiques est un procédé au point techniquement depuis longtemps. La production de biocarburants à partir de déchêts ne l’est pas et est encore loin de l’être, sauf pour le cas particulier des huiles végétales. Pour l’instant la quasi-totalité des procédés de production de biocarburants utilisent comme intrants d’autres produits (maïs, blé, cultures oléagineuses, cellulose, lignine, etc ..). La logique d’utilisation du biogaz est soit comme combustible pour faire de la chaleur uniquement, soit en cogénération avec valorisation de la chaleur.

Guydegif(91)

Oui, c’est une prise de conscience judicieuse en France, enfin ! Allemagne = 300000 exploitations agri -> 7000 unités de Méthanisation France = 500000 exploitations agri -> 48 unités de Méthanisation opérationnelle ! Trouvez l’erreur ! Paradoxe ? Prise de conscience tardive ! ”Vieux motard que j’aimais ”…avec un p’ti shuffling pour remettre dans l’ordre !! Donc, OUI, à la question ci-dessus la réponse devrait être, doit être et EST: ”Oui, nous Sommes prêts à financer la méthanisation!” ! dans les esprits et les porte-monnaie, en citoyens participatifs et solidaires ! Méthanor le fait, OK; 24 unités en 2 ans c’est ambitieux ! Soit ! EP sait vous aider AUSSI à le faire, avec APL: Actionnariat Populaire Local ! voir site http://www.energie-partagee.org pour en savoir plus ! A+ Salutations Guydegif(91)

b api

Chaque technique apporte sa contribution à la production d énergie renouvelable, et par là à la réduction de la production carbonée d origine fossile. La méthanisation des fermes est une goutte dans l océan, mais chaque goutte compte. Au stade non plus individuel d une ferme bien souvent isolée dans la campagne mais à celui d une municipalité, on peut commencer à voir plusieurs fermes, mais aussi d autres sources biogaz issues du recyclage des déchets verts et de l entretien forestier (compostage, fabrication de pellets en parallèle), et enfin le traitement des eaux usées (traitement actif des boues). On constate que les gouttes s assemblent pour remplir une verre. Et au niveau d une collectivité, d un département ou d une région, c est un vase qui se remplit. Attention que la goutte d eau ne fasse déborder le vase … au niveau national, européen et mondial !

Guydegif(91)

Oui, c’est possible, on sait faire et produire: electricité, chaleur et…biogaz ! …à injecter dans le réseau gaz-de-ville si celui-ci existe en local, ou en alimentation de véhicules, comme le questionnait dgewai ci-dessus. NB.: à souligner pour la filière française:(discuté avec un méthaniseur du 68) contrairement à nos amis allemands qui parfois (souvent?) cultivent des cultures, comme du maïs par ex, comme intrant de la méthanisation, ce qui est un peu paradoxal, même si ça reste profitable, semble-t-il, …. en France la préconisation et la pratique est d’utiliser et de valoriser en 1er lieu des déchets agro-alimentaires, déchets de Sucreries, déchets et invendus de grandes surfaces, déchets de restaurations scolaires et cantines, couvertures-sols d’inter-cultures, déchets verts,…ce qui fait un VRAIE valorisation de déchets plutôt que de culiver du maïs comme intrant ! Ensuite, YA+KA mettre en place une filière de valorisation du biogaz en tant que (bio)carburant pour véhicules, légers ou poids-lourds…. Pour répondre à Mamouth ci-dessus ! YA+KA, si le lobby pétrolier_Total_&_Co et le gouvernement le veulent bien !…… YA+KA ! Et Energie Partagée peut y contribuer ! Voir lien et exemple ci-dessous: A+ Salutations Guydegif(91)

Samivel51

40 unites, c’est derisoire! Avec tous les porcs de la Bretagne, on pourrait probablement eclairer la moitie de la region. Et obtenir un sous-produit concentre en azote que l’on pourrait transporter vers des regions cerealieres.

Prenez du recul

tarif optimisé pour 250 kW si et seulment si la chauffe est valorisée les autorisations (ICPE) mettent 2 à 3 ans à sortir et sont trés rares donc chers au niveau technologie, tout est dans les bactéries (brévetées) et l’évaporateur en amont du moteur (pareil, brévétée) donc le montage est pincé de tous les cotés par des tiers mais 12% dixit le cabinet indépendant 100% des gagnants ont tentés leur chance!!!

chanois

La production de carburant à partir de déchets fermentescibles est au point. Il suffit d’épurer le biogaz et d’utiliser le biométhane ainsi obtenu comme carburant gazeux. Il n’y a pas que les agrocarburants liquides, qui d’ailleurs consomment de l’énergie pour leur conversion, pour introduire des ENR dans les transports. Reste l’injection du biométhane, lorsque c’est possible bien sûr (i.e. lorsqu’il y a des réseaux de distribution ou de transport de gaz à proximité). Limiter l’utilisation du biogaz à la production de chaleur et/ou d’électricité est un peu réducteur, il faut élargir la valorisation en fonction de ce qui existe autour de l’unité de production. Reste qu’il faudrait un peu plus de volonté de la part des constructeurs de véhicules, pour produire de série des moteurs fonctionnant au biométhane …

Expert agricole

Promettre un TRI brut de 16.5% sur 15 ans hors subventions (page 21), c’est pour les gogos, surtout à la lecture de la note qui dit que les éléments de cette opage sont donnés à titre indicatif et n’engagent pas Methanor sur le rentabilité Passez votre chemin et jouez au bonneteau

jeanpierrecanot

La récupération du méthane a été réalisée dans les années 40 et 50 par les professeurs DUCELLIER et ISMAN à l’École Nationale d’Agriculture de MAISON-CARRÉE-ALGER seule grande école française outremer . Le méthane produit par le « digesteur » était utilisé comme carburant ou combustible pour les besoins de l’école et le centre de recherches. Cette récupération était également réalisée de longue date sur les exploitations de divers monastère du nord de la France ou de Belgique. On peut donc se poser la question de savoir pourquoi un tel système non seulement ne s’est pas généralisé, mais pourquoi il n’est pas systématisé dans le cadre du développement prétendu durable. Il semble que tout tienne à la conception stupide que l’on a de ce développement dit durable, ne serait-ce que par une mauvaise traduction de l’Anglais « sustainable development » qui eût dû être traduit par « développement autoporteur. ». Les trois composantes du développement durable classées dans l’ordre prioritaire sont : l’économique, l’environnemental et le social. On constate en le déplorant en effet que l’économique doit l’emporter sur l’environnemental, les catastrophes pétrolières ou la construction de l’aéroport de Nantes étant des démonstrations entre autres ; et que l’environnemental doit l’emporter sur les loups et les ours étant plus importants que les agriculteurs de nos montagnes. La seule composante du développement autoporteur, son seul objectif devrait être le social qui permet l’épanouissement de l’Homme, l’économique n’étant qu’un outil utilisé dans le respect de l’environnement. Le retard pris dans l’exploitation du gaz de fumier tient à ce que seul l’économique est pris en considération, l’important étant pour les sociétés qui investissent dans ce domaine de pouvoir être introduites en bourse. Il existe de nombreux cas de projets de méthanisation de petite taille qui auraient pu être mis en place pour satisfaire les besoins en énergie de petites exploitations, ils ont dû être abandonnés par manque d’aides ou de financement, au prétexte que l’on ne peut aider que les très gros projets, qui ne bénéficient qu’au monde financier.

Jackber

Je constate avec plaisir que guydegif(91) fait visiblement partie ou est proche d’énergie partagée, donc vous devez être au courant du projet de méthanisation que je porte qui s’appelle” Fontenay biogaz”, qui a été mis dans le site d’EP. Je vous invite à soutenir ce projet car il est vertueux (comme tous les projets que l’on porte !!) A+

Guydegif(91)

Oui, c’est ça ! Fontenay-Biogaz, que j’ai vu dans la liste EP, est en effet un beau projet de méthanisation en Vendée (85) avec une belle feuille de route, sérieuse ! 2 mails envoyés par ailleurs…A voir Jackber. Je pense qu’avec 25000 T / an d’intrants typiques (déchets agro-alim, inter-cultures, fumier, lisier, etc….), vous devriez pouvoir viser plus que 250 kW, plutôt 1000 voire 1400 kW, au vu d’un projet qui tourne depuis le 26/01/12 dans le 68… Si vous souhaitez opter pour une autre éthique que celle de l’article…. citoyenne, solidaire, placement ”en bon père de famille” avec retours à 4 ou 5% / an pour un investissement > 6 ans , càd foncièrement non-spéculative –> voir EP: Si OK avec Charte_EP -> Welcome ! Si pas OK avec Charte_EP -> Bye! Bye ! YA+KA…choisir ! A+ Salutations Guydegif(91)

Bruno lalouette

Bonjour, Les véhicules français au biogaz existent, vous avez en Suisse un joli petit cabriolet Peugeot qui y est vendu depuis 2009. Reste les taxes sur les produits pétroliers, raison pour laquelle aucun gouvernement de poltrons ne veut du biogaz carburant! Mais il y a aussi une production annuelle de 374 millions de déchets verts chaque année en France. N’ayant pas de formation scientifique je souhaiterais savoir quelles quantités de biogaz et de bioéthanol sont envisageables à partir de ces 374 millions de tonnes annuelles? Les coûts aussi cela serait bien.

Jackber

Notre projet est redevenu intéressant suite à la révision des tarifs de rachat des kw elec. La bonne idée vient du fait que nous, paysans, ne sommes pas des spécialistes de la mobilisation des élus et autres acheteurs de chaleur, donc nous avons un partenaire institutionnel, le SYDEV, qui nous aide bien à négocier avec les élus. Celà dit, c’est un projet assez lourd en formalités administratives (ICPE…) pour une puissance installée relativement faible (230 kw). Il est très structurant localement car mobilisant pas mal de gens différents (entreprises, élus, habitants, école, aghriculteurs,…), Peut devenir un véritable outil pédagogique sur le renouvelable au sens large dans notre ville de Fontenay. Autre problème viendra inmancablement de la frilosité actuelle des banques, et là EP et autres OSEO pourront nous être utiles. Nous avons aussi levé quelques “lièvres” d’ordre réglementaires sur les types d’intrants que nous souhaitons méthaniser (comme les matières de vidange de fosses septiques), qui mobilisent les instances départementales. J’ai la volonté de méthaniser des CIVE (Couverts d’Intercultures à Vocation Energétiques) pour compléter et rentabiliser la ration comme vous dites si bien. Ces cive seront placées après une culture de pois d’hiver dans la même année et seront du sorgho biomasse (pas de conccurence avec l’alimentaire).Donc pour résumer, certainement pas un projet spéculatif comme on l’entend communément mais il devrait faire du 6% de rapport annuel si tout va bien et si tous les contrats sont honorés comme prévu.

Sicetaitsimple

and feed-in-tarifs too. L’économie de ce type de projet n’est pas naturelle, mais il y a, au-delà de la production d’énergie, beaucoup d’avantages induits, en termes d’environnement, de maintien d’une activité agricole, de maintien d’activité dans des territoires parfois un peu sinistrés, etc… Je pense que de “petits” projets, tels que celui présenté par Jackber, méritent effectivement d’être “subventionnés” par un tarif d’achat suffisant.Même s’il y en avait 1000 en service demain, ça ne peserait pas très lourd en CSPE. Le débat est forcément différent concernant une “industrie” telle que le biogaz à l’allemande, où les dimensions et les impacts (en termes d’usage des surfaces agricoles) n’ont rien à voir.Cf un débat précédent:

climax1891

En 2011, la France a eu une facture énergétique de 61,4 milliards d’euros. Au total, l’Europe a dépensé 440 milliards d’euros pour sa facture pétrolière et gazière. Il est temps, pour des raisons de sécurité nationale (et de sécurité européenne), de lancer un grand plan européen pour réduire la consommation de pétrole et de gaz naturel. Pourquoi pas ne pas réorienter l’argent la politique agricole commune (55 milliards d’euros par an) afin de financer un tel plan.

Sicetaitsimple

Le tarif d’achat de l’electricité produite à partir de biogaz est d’environ ( selon la taille et les caractéristiques de l’installation) 120 à 200€/MWh. Ce n’est pas donné, mais c’et environ 2 fois moins que la gamme de tarifs PV. Compte-tenu des avantages énumérés ci-dessus, si je dois voter, j’ai déjà fait mon choix….Au moins, le biogaz produit de façon relativement continue, et surtout produit en hiver, avec je pense, même si ce n’est pas valorisé aujourd’hui au travers des tarifs, des capacités à moduler entre heures de pointes et heures “creuses”.

Sicetaitsimple

Au-delà de la fiche très résumée de votre projet sur le site d’EP, il y a-t-il sur le net une description un peu plus précise disponible? (j’ai cherché sans trouver).