Home de Yann Arthus Bertrand : Hommage terrestre

<< L’HOMME A ROMPU UN ÉQUILIBRE DE PRÈS DE 4 MILLIARDS D’ANNÉES D’ÉVOLUTION DE LA TERRE ET MET SON AVENIR EN PÉRIL. LE PRIX À PAYER EST LOURD, MAIS IL EST TROP TARD POUR ÊTRE PESSIMISTE : IL RESTE À PEINE DIX ANS À L’HUMANITÉ POUR PRENDRE CONSCIENCE DE SON EXPLOITATION DÉMESURÉE DES RICHESSES DE LA TERRE ET CHANGER SON MODE DE CONSOMMATION. EN NOUS OFFRANT LES IMAGES INÉDITES DE PLUS DE 50 PAYS VUS DU CIEL, EN NOUS FAISANT PARTAGER SON ÉMERVEILLEMENT AUTANT QUE SON INQUIÉTUDE, YANN ARTHUS-BERTRAND POSE, AVEC CE FILM, UNE PIERRE À L’ÉDIFICE QUE NOUS DEVONS, TOUS ENSEMBLE, RECONSTRUIRE. >>

Interview de Yann Arthus-Bertrand :

À quel moment l’idée d’un long métrage s’est-elle imposée ?

Quand j’ai fait venir Al Gore à l’Assemblée Nationale pour qu’il y montre son film – Une vérité qui dérange – j’ai compris à quel point le cinéma pouvait être une énorme caisse de résonance, plus encore qu’une émission de télévision. J’ai vu à quel point les spectateurs étaient émus, parfois jusqu’aux larmes, et je me suis dit que le long métrage était un excellent moyen de toucher les gens. Cela m’a aussi paru un cheminement naturel après la photographie et les émissions télé. Je m’étais aperçu qu’en photographiant la Terre, je parlais de l’homme, et c’est cette même logique que l’on retrouve au cinéma.

Il s’agit de votre premier long métrage de cinéma, qui est aussi un projet d’une rare ampleur : de la production jusqu’au montage en passant par le tournage, avez-vous rencontré beaucoup de difficultés ?

Denis Carot, le producteur de Va, vis et deviens, m’a été présenté par Armand Amar, ami et compositeur. Il a dit oui tout de suite, au même titre que Luc Besson.

C’est ensuite que cela a été difficile !

Quand on vous donne autant d’argent pour faire un film aussi inédit que Home – entièrement tourné depuis un hélicoptère et en haute définition – la responsabilité est énorme, et le stress permanent.

J’ai géré tout cela à l’instinct, comme toujours, c’est-à-dire en apprenant sur le tas : nous nous sommes vite rendu compte que l’équipe de tournage devait se réduire, dans l’hélicoptère, à un pilote, un cadreur et un ingénieur vision. Puis il a fallu gérer les contraintes techniques, liées à la nouvelle caméra que nous utilisions, et aux conditions de tournage, différentes pour chacun des pays que nous survolions. J’ai également fait ce film sans scénario, avec une unique page d’intention. Je savais ce que je voulais raconter, mais la narration s’est vraiment construite au fur et à mesure du tournage, notamment l’idée centrale de l’énergie : d’abord l’énergie produite par les bras de l’homme, puis la révolution de ce que nous appelons les « poches de soleil », le pétrole. C’est finalement un vrai film de photographe, habitué à peu de contraintes !

Quel est le message au coeur du film ?

Ce film est un vrai manifeste. Notre impact sur la Terre est plus fort que ce qu’elle peut supporter : nous consommons trop, et nous sommes en train d’épuiser toutes ses ressources. Depuis le ciel, on voit bien les endroits où la Terre est blessée : Home explique donc simplement les problèmes actuels, tout en disant qu’il existe une solution. Le soustitre du film pourrait être « il est trop tard pour être pessimiste » : nous sommes à la croisée des chemins, des décisions importantes doivent être prises pour changer le monde. Ce que nous disons dans le film, tout le monde le sait, mais personne ne veut vraiment y croire. Home est donc une pierre supplémentaire à l’édifice construit par les associations écologiques pour revenir à plus de bon sens et changer notre façon de consommer et de vivre.

Cela passe également par une diffusion exceptionnelle du film…

L’idée de distribuer ce film sur un maximum de supports et avec un maximum de gratuité m’est venue grâce à Patrick de Carolis, qui voulait investir dans le film pour France Télévisions. Il m’a en effet annoncé qu’il ne pourrait le diffuser que deux ans après sa sortie en salles. Je suis donc allé voir Luc Besson, et je lui ai dit qu’il fallait distribuer Home gratuitement.

Il m’a répondu que c’était impossible, avant de se laisser séduire par l’idée d’un film qui sortirait partout au même moment, et accessible à tous. Cela n’avait jamais été fait, et cela a été rendu possible grâce à François-Henri Pinault, Président directeur général du groupe PPR, qui a tout de suite accepté d’être partenaire de notre film. L’idée est surtout pour moi que Home soit vu par les gens qui consomment, ceux qui ont un impact sur la Terre, et qui auront, je l’espère, envie de changer leur vie après avoir vu ce film.

Comment envisagiez-vous le commentaire et la musique du film ?

Le commentaire était évidemment primordial : je me suis beaucoup inspiré du travail de Lester Brown, le fameux analyste environnemental américain, et de son Etat du monde. J’ai également collaboré avec Isabelle Delannoy, avec qui je travaille depuis longtemps. Quant à la musique, je l’ai évidemment confiée à Armand Amar, le meilleur ami du monde et l’un des meilleurs musiciens français.

C’est aussi un spécialiste des voix et des musiques du monde, et j’avais envie de ce mélange culturel pour le film.

Comment avez-vous travaillé le rythme du film ?

J’aime la lenteur de l’émerveillement, j’avais donc envie d’un film qui prenne son temps. Les contraintes techniques liées au poids de l’hélicoptère et à la caméra que nous utilisions nous ont conduit à tourner beaucoup de scènes au ralenti, et c’est ce que j’aime dans ce film : il est contemplatif. C’est aussi un film qui s’écoute et se médite : il y a des choses difficiles à entendre dans ce film, mais je n’étais prêt à aucune concession.

Pourquoi ce titre, Home ?

C’est Luc Besson qui en a eu l’idée, et il s’est imposé. C’est un titre très symbolique puisque l’écologie est la science de la maison …

Home est compensé carbone : qu’est-ce que cela implique ?

Toutes les émissions de gaz carbonique engendrées par le film sont calculées et compensées par des sommes d’argent qui servent à donner de l’énergie propre à ceux qui n’en ont pas. Cela fait dix ans que l’ensemble de mon travail est compensé de la sorte.

Qu’aimeriez-vous que le film suscite chez le public ?

En plus de changer leur vie, j’aimerais que les gens aient envie d’aider, de partager.

Théodore Monod disait cette phrase superbe : « on a tout essayé sauf l’amour ». J’espère que ce film sera synonyme de beaucoup d’amour.

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Guydegif(91)

Qd on a vu les films de Y.A-B. ”La terre vue du ciel”, leurs teneur et messages et les perspectives décrites ci-dessus on ne peut que s’attendre à une oeuvre MAGISTRALE et déterminante de la part de Yann Arthus-Bertrand et ses équipes. ça fait chaud au coeur d’être de la même nation que ces hommes et femmes-là ! ça fait chaud au coeur et fier d’être français dans ces élans-là ! Bravo et Merci à Luc Besson, François-Henri Pinault, Patrick de Carolis, Denis Carot, Armand Amar, et les oubliés, et toutes les équipes techniques ayant contribué à la réalisation de cet ”outil pour prise de conscience”. Je leur souhaite le succès que mérite cette oeuvre. Je serai évidemment devant France 2 ce soir à 20:30 !! NB.: si vous lizez ceci entre 20:30 et 22:00…STOP !  il est urgent de passer voir France 2 !!!!! Et j’espère, comme Y.A-B, que:”….ce film sera synonyme de beaucoup d’amour, pour la Terre et les Autres.” A+ Salutations Guydegif(91) 

Emilou

Yann Arthus Bertrand Encore un écololo qui passe son temps en avion dans les quatre coins du monde pour nous en mettre plein la vue et nous dire que nous, les petits insignifiants, devons rester au sol interdit d’avion, de voiture ou de toute autre technologie energivore à crever de faim en mangeant bio! Merci YAB, on s’y mettra lorsque les conseilleurs seront les payeurs! emilou

Tartempion

Excellent, … et quand on lit la dernière phrase du commentaire N° 2, on se dit encore plus …………….. excellent parce que les conseilleurs sont aussi les payeurs du film………… ils auraient pu en profiter pour gagner encore plus……………… mais ne l’ont pas fait, et ont privilégié le bénévolat ……………… cela donne encore plus d’allure au message !      Le seul bémol que l’on pourrait y voir, est qu’ils aurraient pu y inclure un chapitre avec tous les nouveaux thèmes écologiques qui peuvent nous permettre de corriger rapidement, ……….. parce que l’écologie ne doit pas être un frein mais un élan………………

Yboulkegue

Quel commentaire médiocre ! On s’y mettra quand les conseilleurs seront les payeurs dites-vous. C’est précisement avec ce genre d’attitude qu’on va droit dans le mur. Ne venez pas pleurez sur vos libertés perdus quand la seule solutions sera la cohercition et l’interdiction. En attendant je pense qu’il faut au contraire se féliciter que certains engagent du temps et de l’argent pour éveiller les consciences et mettre le doigt la ou ça fait mal.

Emilio 15

 il est même au dessous de ce qu’il se prépare.Ce film n’est qu’une scandaleuse propagande des lobbys écolofascistes qui veulent préparer les populations à une dictature écologiste mondiale en commençant par l’occident puis progressivement,en l’étendant au monde entier. Une espèce de théocratie écologiste mondiale est en train de se préparer  à conquérir le monde tout au long de ce siècle.Elle commencera  en occident par taxer de plus en plus l’énergie puis la consommation de viandes et poissons , puis toutes sortes d’interdictions,sanctions,pénalisations dans tout les domaines interviendront pour faire de ce monde un enfer politique,économique et écoloreligieux encore plus insuportables pour les générations futures que les changements climatiques dont elles sont menacées régulièrement.YAB et Besson sont parmi les promoteurs de ce futur bien plus atroce que celui des conséquences du changement climatique.Et ce documentaire est l’exemple absolu de ce qu’est une révoltante et écoeurante méga-manipulatuion de l’opinion publique par l’émotion basique la plus grossière.Si les gens marchent massivement là dedans,ils prouveront qu’ils sont massivement cons et mériteront par leur bétise, l’atroce écolodictature ultrafasciste qui s’installera d’une manière certaine au nom du prétendu sauvetage de la planète et des générations future au cour de ce siècle et du suivant.

Emilou

Vous dites qu’il faut “mettre le doigt la ou ça fait mal”, c’est un peu comme quand on dit “si ca fait mal, c’est que ca fait du bien”. Le concept de devoir faire mal, pour moi est absurde. Et je pense comme ‘Emilio 15’ que les messages de certains ecolos sont subversifs. Je suis tout à fait d’accord qu’il faut limiter notre gaspillage de ressources finies, le temps de trouver des technologies  plus renouvelables. Mais que cela soit mis en sauce par des gens comme YAB ou Nicolas Hulot demandant à tous les autres d’abandonner leur mode de vie moderne, alors qu’eux-même s’en payent une bonne tranche diffusée à la télé, désolé ca m’horripile. Ces braves vedettes vont aller en avion de colloque en forum de par le monde pour dire que nous devons rouler à vélo, arrêter de voyager et ne manger que des produits locaux de saison. Mais que fait l’entarteur?! emilou

Guydegif(91)

Il n’y a pas que vos pseudo qui sont proches, vos idées aussi ! Un Allègre_bis a dû passer par là ! Un manque flagrant d’objectivité dans vos commentaires ! manque flagrant également de bon sens et d’observation ! Si vous en êtes encore à juger de la sorte, j’espère que vos enfants et ceux qui vous entourent ne vous écoutent pas ou plus….C’est scandaleux !! Vous qui avez des yeux, regardez quelqu’un comme Yann Arthus-Bertrand ou Nicolas Hulot: a-t-il ou ont-ils un look et une attitude de jetsetter parcourant le monde en avion, d’hôtel 4 étoiles en 4 étoiles en se donnant du bon temps en faisant fi des pollutions engendrées? NON ! si vous êtes honnêtes et intègres vous direz que NON ! Sinon, Vous n’avez RIEN compris: c’est justement pour que des inconscients comme vous soient SENSIBILISES aux réalités du monde, qu’il faut bien aller saisir sur place…. Sortez un peu de vos trous et REGARDEZ, écoutez, renseignez-vous auprès de scientifiques du GIEC, ou autres IFREMER, ou JM.Jancovici, Y.Coppens, etc…et autres personnes de référence…Evitez d’écouter tout ce que dit C.Allègre, car lui n’a pas tout compris, même si évidemment il n’y a pas que l’Homme qui cause tout ça…mais il y contribue bigrement, y compris avec ses vaches qui dégazent…du méthane, à côté des fumées d’usines et gaz d’échappement…. Emilio, votre dernière phrase est le summum de la bêtise grave et qui justement a conduit à des situations que certaines des prises de vue de Y.A-B. dans ”Home” ou ”La terre vue du ciel” montrent: exemples–> Groenland ou Kilimandjaro….mines à ciel ouvert ou schistes bitumineux au Canada ou autres… C’est ce type d’attitude comme ce que vous exprimez qui est DANGEREUX, pour les humains de cette Planète et vous-même…. Allez donc voir: , ou ”vortex trash” via Google tout simplement ! Espérant vous avoir conduit à repenser votre attitude…juste un peu ! A+ Salutations Guydegif(91)

Emilou

Désolé Guydegif, mais YAB est bien allé avec une équipe de caméraman filmer le monde en hélico. Ca m’étonnerait qu’ils aient dormi à la belle étoile et qu’ils y soient allés en pédalo. Même si je suis d’accord avec une partie du message (on gaspille inutilement un tas de ressources et on est à l’heure actuelle techniquement capables de faire beaucoup mieux), le messager (YAB) et son ego ne m’horripile. Quand à mes proches, je pense qu’ils écoutent encore mes arguments comme j’écoute les leurs dans une discussion conviviales. Pour Claude Allègre, j’ai lu son bouquain sur le climat, pas de quoi fouèter un chat , ses thèses me semblent assez scientifiques et modérées. Il prône il me semble également la limitation de l’utilisation des ressources. Il dit juste que les modèles prédisant un réchauffement intense et rapide, ne sont que des modèles informatiques et qu’ils sont adaptés quotidiennement pour coller à la réalité. Les traiter comme parole d’évangile est donc un peu excessif. Puisque vous parlez de nos enfants, il faudrait peut-être penser à en faire moins: avec une population mondiale qui est passée de 4 à 6 miliards en 20 ans. Mais ca ne semble  déranger personne ( en fait cela semble même déranger que l’on en parle ). Juste encore que ces méchants polueurs de chinois qui essayent de limiter la casse 🙂 En espérant avoir pu vous éclairer sur mes motivations Au plaisir de vous lire, emilou

trimtab

Pour ceux qui disent : “Ces braves vedettes vont aller en avion de colloque en forum de par le monde pour dire que nous devons rouler à vélo, arrêter de voyager et ne manger que des produits locaux de saison”   Même si pour beaucoup la notion de ‘compensation carbonne’…….   “Toutes les émissions de gaz carbonique engendrées par le film sont calculées et compensées par des sommes d’argent qui servent à donner de l’énergie propre à ceux qui n’en ont pas. Cela fait dix ans que l’ensemble de mon travail est compensé de la sorte”   ………est un peu ‘du poudre aux yeux’ et ne fait que faire ‘une opération blanche’ sur un plan environmental, ça a le merite d’exister et de donner ‘de l’energie propre a ceux qui n’ont pas’ et au moins cette énergie là restera quand YAB sera un lointoin souvenir pour nos petits enfants. C’est déja ça de gagné !   Et : ceux qui disent:   “l’atroce écolodictature ultrafasciste qui s’installera d’une manière certaine au nom du prétendu sauvetage de la planète”…….   N’oublier pas que ‘ces ecofascists’ n’ont jamais pris des armes (sauf des rares cas ‘ecowarriors’) et qu’au moins eux proposent de faire autre choses avec nos ‘resources’ que de fabriquer des armes pour s’entretuer !     N’oublier pas aussi que LA PLANETE survivra (elle a toujours fait) mais c’est la ‘survie’ et l’avenir même de NOTRE ESPECE HOMME qui est autre centre de ce vaste débat qui est ‘le developpement durable’ ! trimtab

Charles muller

Le GIEC, la science et le climat Le « consensus » du GIEC est une notion en trompe-l’œil. D’abord, le cœur du consensus est faible : il existe un réchauffement moderne depuis 1750, les gaz à effet de serre anthropiques y contribuent, surtout depuis 1950. Personne ne le conteste, pas même les sceptiques. Ensuite, les sciences ne fonctionnent pas par consensus, mais par autocritique permanente, surtout dans les sciences « jeunes » du climat où presque tous les domaines spécifiques de recherche sont encore très débattus : l’exigence de consensus tient à la nature politique et non scientifique du GIEC (c’est un groupe « intergouvernemental »). Enfin, le consensus des spécialistes des glaces sur la physique du rayonnement ou le consensus des spécialistes de la spectrométrie sur la dynamique des glaces n’a aucun sens : les sciences du climat regroupent des spécialités très différentes, aucune n’est informée en profondeur sur les autres. Le consensus du GIEC est en réalité une série de consensus « locaux » produit par deux ou trois dizaines d’auteurs principaux, et non la convergence de fond de « milliers de chercheurs ». Plusieurs experts internationaux travaillant pour le GIEC dans des domaines très différents se sont plaints des parti-pris des auteurs principaux mandatés par cet organisme. Parmi les chercheurs les plus connus refusant de se soumettre à un « consensus » qu’il juge infondé, citons : R. Lindzen, R.A. Pielke Sr, J. Christy, R. Spencer, T.F. Ball, R.A. Bryson, M. Leroux, A.D. Clark, R.S. Courtney, C. Essex, W.M. Gray, C.D. et S.B Idso, H. Svensmark, N. Shaviv, W. Kininmonth, A.J. Tom van Loon, R. McKitrick, V. Courtillot, H. Tennekes, C. Landsea…

Charles muller

Il y a bien des manières d’être sceptique. Être sceptique vis-à-vis du déferlement catastrophiste des médias en matière climatique, cela relève du bon sens : sur ce thème comme sur les OGM, le clonage, les pluies acides, le trou de la couche d’ozone ou bien d’autres, on sait que les médias de masse visent à capter des clients, en jouant avant tout sur l’irrationnel, sur l’émotion, sur la pulsion. Dans ce texte, nous développerons plutôt quelques raisons d’être sceptiques sur le fond, sur la physique du climat et sur la qualité des modèles. La variabilité du climat : un rôle central pour le CO2 ? La variabilité est le propre du temps et du climat, à toutes les échelles de temps : jour, saison, année, décennie, siècle, millénaire, ère géologique. Durant l’essentiel des ères Secondaire et Tertiaire (soit 220 millions d’années), la Terre a été bien plus chaude qu’aujourd’hui. La période actuelle (Holocène) est dite interglaciaire, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une période chaude entre les glaciations régulières de l’ère Quartenaire. Les principaux cycles de variabilité récente sont de nature astronomique (solaire) et ont été mis en lumière par M. Milankovitch dans les années 1920 : cycle d’excentricité de l’orbite (tous les 100 000 ans environ), cycle d’inclinaison de l’axe polaire (tous les 40 000 ans environ), cycle de précession des équinoxes (tous les 20 000 ans environ). Le soleil, centrale énergétique de notre climat, est donc le premier facteur de variation du climat. Il existe aussi des éléments de variabilité liés à la circulation océanique (dite thermohaline, c’est-à-dire liée à la température, la salinité et la densité de l’eau) qui redistribue lentement la chaleur stockée dans les océans par un vaste « tapis roulant » de courants planétaires (sur le rôle central du soleil dans les variations climatiques passées et dans le début du réchauffement moderne, cf. (2), (6), (9), (13) 1]). Dans son film Une vérité qui dérange, adoubé par certains comme représentant l’état du consensus scientifique actuel, Al Gore a suggéré que les hausses de température au cours des interglaciaires sont provoquées par la hausse du CO2. En réalité, les forages glaciaires montrent que la hausse du CO2 suit (et non précède) la hausse des températures de 400 à 1000 ans lors d’un passage d’une phase glaciaire à une phase interglaciaire (voir encore récemment (11) pour notre interglaciaire). Le CO2 n’est en fait qu’une rétroaction parmi bien d’autres du forçage 2] orbital du soleil : le CH4 (méthane), les poussières naturelles (aérosols), la végétation, les glaces, l’enneigement saisonnier, les changements de circulation océanique sont par exemple d’autres rétroactions qui contribuent à expliquer les 4 à 6°C de différence entre les phases glaciaires et les phases tempérées comme la nôtre. Accorder un rôle central au CO2 n’a de sens que si les modèles paléoclimatiques parvenaient à reproduire avec précision tous les facteurs de variation des climats anciens, ce qui est loin d’être le cas : le GIEC reconnaît sa « faible » à « très faible » compréhension de ces divers facteurs dans les paléoclimats (cf. AR4 3] 2007, table 6.5, « Scientific Understanding », 451). Nous ne nous situons pas dans une période exceptionnellement chaude. Les températures ont connu dans les 10 000 dernières années (Holocène) des hausses plus importantes que celles constatées aujourd’hui, de manière certaine à l’échelle régionale (Arctique par exemple) et probable à l’échelle globale. Le CO2 n’avait pas grand chose à y voir, la cause principale en était encore la variation du forçage solaire (son irradiance ou sa localisation), et ses rétroactions. Les forages glaciaires et les études paléoclimatiques ont montré que la précédente période interglaciaire (appelée Eemien) était 1 à 3°C plus chaude lors de son maximum thermique, voici environ 125 000 ans. Or, par rapport à cette époque, notre atmosphère moderne a déjà connu une hausse de 30 % de CO2 et de 130 % de CH4 (méthane). Variations naturelles et influences humaines : sait-on les distinguer ? La variabilité naturelle du climat se superpose donc à la variabilité forcée par l’homme. Le problème, c’est que cette variabilité naturelle (dite « intrinsèque » ou « chaotique » dans la littérature quand elle concerne quelques décennies ou siècles) est mal contrainte par les modèles climatiques, c’est-à-dire qu’ils en reproduisent mal les mécanismes (durées, amplitudes), donc qu’ils identifient mal le « bruit de fond » des variations naturelles du climat au sein duquel ils veulent détecter le signal spécifique de l’influence humaine. Il faut garder en tête que les amplitudes réellement observées dans le climat moderne sont faibles : 0,76 °C entre 1850-1899 et 2005 (0,56-0,92°C avec les incertitudes) selon la meilleure estimation AR4.

Charles muller

La section 8.4 de l’AR4 (620-627) rappelle ainsi la persistance des biais, erreurs ou divergences dans la reproduction de ces oscillations naturelles du climat. Cette variabilité intrinsèque met notamment en jeu le comportement des océans et son couplage avec l’atmosphère. Dans un texte de synthèse récent et sévère, l’océanographe de réputation internationale Carl Wunsch (MIT) a clairement mis en question l’efficacité des modèles dans cet exercice : « Le chemin pour résoudre un problème difficile passe par sa reconnaissance et sa définition. Quand des conclusions hyper simplifiées sont transformées en vérités , un champ d’études peut être déformé pendant des décennies avant que sa fondation bancale soit finalement reconnue Les modèles sont extrêmement importants et éclairants, mais une meilleure compréhension de leur simulation réelle et de leurs capacités prédictives est nécessaire » (17)). Les modèles et la simulation : quelles incertitudes ? Lorsqu’un modèle climatique de circulation générale océan-atmosphère (dit « AOGCM ») simule les températures 1900-2000, il est donc confronté à plusieurs problèmes : – les conditions initiales du climat en 1900 ; – la plupart des forçages en dehors des gaz à effet de serre sont incertains (le soleil, les effets directs et indirects des aérosols anthropiques, les usages de sols, etc.) et leur valeur peut encore varier d’un facteur 2 à 4 (cf AR4, fig. SPM.2,4) ; – la variabilité intrinsèque du climat (notamment les grandes oscillations naturelles comme est la circulation océan-atmosphère qui leur est associée) est mal simulée ; – certains éléments-clé comme la nébulosité (évolution de la couverture nuageuse totale, avec sa répartition spatiale et sa répartition par couche dans la troposphère) sont difficiles à reproduire et de toute façon impossibles à contrôler avec la réalité (en raison de la médiocrité des observations globales des nuages, même aujourd’hui), alors qu’ils représentent des grandeurs énergétiques 100 fois plus importantes que les forçages anthropiques (une variation de 2 % de la couverture nuageuse sur 20 ans représente par exemple un déséquilibre énergétique de +/- 2W/m², supérieur donc au forçage du gaz carbonique depuis 150 ans). Ainsi, la vingtaine de modèles AOGCM utilisés par l’AR4 du GIEC reproduisent tous correctement la courbe des températures du XXe siècle, mais avec des données différentes : certains incluent les variations d’irradiance solaire ou d’usages de sols, d’autres non (cf. AR4, tab. 10.1, 756) ; certains ont un forçage anthropique total inférieur à 1 W/m², d’autres supérieur à 2 W/m² (cf. (1)) ; les insolations de surface liées à la nébulosité variant de -1 à -3 W/m², une variation plus importante que le forçage CO2 (cf. (8)), etc. Cela prouve qu’il y a au moins vingt manières différentes de reproduire une même courbe, et sans doute bien plus. Le problème, c’est que cela se traduit à l’arrivée par une sensibilité climatique variant encore du simple au double dans cette vingtaine de modèles (de 2,1 à 4,4°C, cf. AR4, 8.2, 631), sans que l’on sache réellement quelle valeur est la plus probable ni même si la valeur réelle de la sensibilité climatique se situe dans cette fourchette (cf. le papier récent (7) sur cette incertitude persistante : « L’enveloppe d’incertitude des projections climatiques n’a pas été réduite de manière appréciable au cours des trente dernières années, malgré l’augmentation impressionnante de la puissance de calcul, des observations et du nombre de chercheurs étudiant le problème ».) Réchauffement récent (1977-présent) : une signature anthropique enfin indiscutable ? Dans l’AR4 du GIEC, il est dit que le réchauffement constaté depuis 1977 (environ 0,5 °C) a « très probablement » pour cause principale les émissions humaines de gaz à effet de serre. Mais en fait, les mêmes années 1977-2006 ont connu d’autres phénomènes pouvant expliquer la hausse des températures, et précisément des phénomènes que les modèles climatiques reproduisent très mal. Ainsi, on a montré que : – la nébulosité a baissé entre 1985-1990 et 2000-2002, cette variation représentant un forçage transitoire supérieur à celui des gaz à effet de serre depuis 1950 (cf. (4), (5), (15), (16)) ; – les reconstructions de l’irradiance totale du Soleil montrent que les cycles 21, 22 et 23 (depuis 1980 donc) sont les plus actifs depuis 300 ans (cf. (12), (10), (14)) ; – les aérosols anthropiques (surtout les sulfates liés à la combustion des hydrocarbures) ont baissé dans l’hémisphère Nord à compter du milieu des années 1980, en Amérique, en Europe, en Russie et au Japon, ce qui a pour effet de réduire l’albédo et d’augmenter l’insolation en surface (cf. (3)) ; – les oscillations naturelles comme l’ENSO (El Nino) ou la NAO (oscillations nord atlantique) ont également connu des records entre 1980 et 2000 et ces variations peuvent occasionner des hausses globales de 0,5°C sur une ou deux années (raison pour laquelle 1998, année de El Nino le plus puissant des annales, est encore le « record » de chaleur pour l’Organisation Météorologique Mondiale). Si les modèles savaient simuler correctement tous ces phénomènes, ils pourraient attribuer raisonnablement aux gaz à effet de serre l’essentiel du réchauffement récent. Or, ce n’est pas le cas. Don’t fight, adapt (S’adapter et non lutter) Le 13 décembre 2007, des scientifiques ont rendu publique une lettre ouverte au Secrétaire Général des Nations Unies. Faisant suite à la conférence de Bali, ils rappellent « les témoignages géologiques, archéologiques, oraux et écrits historiques attestent tous des défis fondamentaux qu’ont dû affronter les sociétés anciennes face aux changements imprévus de température, de précipitations, de vents et d’autres variables climatiques » et demandent que les nations soient armées pour « résister à tous ces phénomènes naturels en promouvant la croissance économique et la création de richesse. » Ils soulignent en particulier qu’« il n’a pas été établi que ce serait possible de changer significativement le climat global en réduisant les émissions humaines de gaz à effet de serre » et redoutent par-dessus que « l’approche actuelle de l’ONU sur la réduction du CO2 susceptible d’aggraver la souffrance humaine due aux changements climatiques futurs plutôt que de la réduire. » Texte et liste des signataires sur :  ?id=164002 Où sont les catastrophes ? Où est l’urgence ? Si l’on regarde la réalité du réchauffement depuis le début des mesures en 1850, la hausse des températures n’est que de 0,76 °C, alors que nous avons atteint 85 % de l’équivalent d’un doublement CO2 (un doublement CO2 produit un forçage de 3,7 W/m², et l’ensemble des forçages positifs de l’homme sur le climat depuis 1750 atteint 3,1 W/m² selon le GIEC). 0,76 °C, c’est encore très loin de la sensibilité climatique à l’équilibre calculée par les modèles (3,2 °C) ou même de la réponse climatique transitoire à ce même doublement (1,6 °C). Le climat réagit pour l’instant de manière paisible à ce qui est présenté comme un bouleversement sans précédent. Car le bouleversement se situe dans les projections des modèles et non les observations de la réalité : or, pour les raisons que nous venons d’énoncer et quelques autres, on peut encore raisonnablement douter de la grande confiance accordée à ces projections. Les décisions prises dans le domaine climatique reposent donc sur des incertitudes majeures. Contrairement à la vulgate alarmiste propagée par les médias, il n’y a pas d’urgence particulière à prendre dès aujourd’hui des décisions climatiques. Il n’existe aucune catastrophe majeure imputable à 250 ans de réchauffement moderne et le rapport GIEC lui-même n’en prévoit aucune pour les quelques décennies à venir (notamment pour la hausse du niveau des mers, qui pose les plus gros problèmes d’adaptation, mais aussi pour la hausse des températures qui reste « raisonnable » jusqu’à 2040-2050, et s’emballe ensuite seulement dans certaines simulations pour certains scénarios). Il faut aussi prendre en compte le fait que ces décisions climatiques sont de nature à augmenter le risque d’une crise énergétique pour l’humanité en développement, ce que l’on oublie quand on brandit le « principe de précaution » : 4 milliards d’humains ont besoin du gaz, du pétrole et du charbon pour sortir de la misère. Un débat public transparent devrait exposer toutes les conséquences de nos choix à l’aune de ces incertitudes. La position la plus prudente et la plus raisonnable consisterait à attendre 2010 ou 2020 pour fixer des objectifs contraignants : d’ici là, 15 ans de données supplémentaires de qualité et une amélioration des modèles permettront certainement d’y voir plus clair. Références Le rapport 2007 du GIEC est mentionné AR4, suivi de la section de référence et des pages correspondantes dans l’édition Cambridge University Press : Climate Change 2007. The Physical Science Basis. (1) Kiehl J.T. 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