La décarbonation du secteur maritime et des machines hors route constitue un enjeu majeur pour l’industrie. Un consortium finlandais d’envergure internationale mobilise désormais 18 millions d’euros pour développer des solutions technologiques novatrices. L’objectif fixé par les chercheurs vise une réduction maximale des émissions de gaz à effet de serre grâce à l’intégration de carburants à faible teneur en carbone dans les systèmes de propulsion nouvelle génération.
L’Université de Vaasa coordonne le projet Flexible Clean Propulsion Technologies (Flex-CPT), rassemblant des partenaires académiques et industriels de premier plan. Le professeur Maciej Mikulski, responsable du projet, a commenté lors du lancement : «Nous reconnaissons qu’une décarbonation efficace implique d’adopter toutes les nouvelles options de carburants sans carbone, comme l’hydrogène et l’ammoniac, aux côtés des options plus matures à faible teneur en carbone, comme le méthane, le méthanol et les diesels bio et renouvelables. Ce niveau d’intégration multi-carburants constitue un défi technologique sans précédent pour le développement des groupes motopropulseurs».
Les compétences multidisciplinaires sont mobilisées à travers un réseau de 16 organisations finlandaises, dont huit universités et centres de recherche majeurs. La dimension internationale du projet est renforcée par la participation de 12 partenaires issus de 12 pays différents, apportant leur expertise technique et scientifique.
Des innovations technologiques au service de la transition énergétique
Les laboratoires de recherche développent actuellement des systèmes de propulsion adaptatifs dont l’architecture permet une réduction maximale des émissions polluantes. Une approche novatrice a été adoptée par les ingénieurs, combinant une combustion intelligente et un post-traitement modulable selon les types de carburants utilisés.
«Nous utiliserons des systèmes de combustion et de post-traitement agnostiques en matière de carburant. Ils sont soutenus par une électrification complémentaire afin d’intégrer cinq catégories de carburants dans deux plates-formes de moteurs polyvalentes seulement. Ces plates-formes répondront à une large gamme de demandes de puissance pour le transport hors route et maritime, avec un minimum d’ajustements matériels. Les fonctions de contrôle adaptatif de la qualité du carburant et les capacités d’auto-apprentissage aideront à résoudre la complexité de l’étalonnage multicarburant» a précisé le professeur Maciej Mikulski.
Le programme de recherche Flex-CPT intègre 33 innovations majeures, parmi lesquelles figurent le reformage de carburant basé sur la réactivité à la demande et la gestion thermique optimisée des systèmes hybrides. Les chercheurs ont également mis au point un contrôle adaptatif sophistiqué de la formation des dépôts dans les systèmes de post-traitement.
Un investissement stratégique pour l’industrie maritime finlandaise
Le consortium Flex-CPT vise à faire la démonstration de groupes motopropulseurs robustes permettant de réduire jusqu’à 100 % les émissions de gaz à effet de serre à l’échappement, en optimisant chaque flux de carburant en fonction de sa disponibilité, de son prix, de son efficacité de combustion et de ses émissions.
Le financement principal est assuré par Business Finland, comme l’a expliqué Kari Kuokkanen, conseiller principal en financement : «Le projet consolide la position de leader de la Finlande dans l’expertise maritime et renforce nos capacités de développement vers des solutions sans émission».
Les retombées industrielles sont particulièrement attendues par les partenaires du projet. Jonas Åkerman, directeur de la recherche chez Wärtsilä, a fait valoir que «la participation au projet Flex-CPT représente une étape significative vers la réalisation de notre vision Zero Emission Marine».
Une collaboration académique et industrielle sans précédent
La rectrice de l’Université de Vaasa, Minna Martikainen, a mis en avant l’ampleur historique du projet : «Flex-CPT constitue le plus important programme de recherche jamais piloté par notre université, illustrant notre engagement pour le développement de solutions durables».
Les synergies développées entre les différents acteurs du consortium permettront d’accélérer le transfert technologique vers l’industrie. Le directeur du développement produit chez AGCO Power, Kari Aaltonen, a d’ailleurs souligné que «la coopération orientée recherche avec de nombreuses entreprises et universités présente des avantages significatifs pour le développement de nouvelles solutions».
Légende illustration : Le chef de projet, le professeur Maciej Mikulski, et la chercheuse principale Katriina Sirviö, responsable de la recherche sur les carburants dans le cadre du projet, devant le spectromètre ICP pour l’analyse des éléments traces au laboratoire des carburants de l’université de Vaasa. Crédit: University of Vaasa / Harri Huusko.
Source : University of Vaasa