Dans le monde en constante évolution des matériaux, une nouvelle méthode prometteuse vient de voir le jour, capable de prédire avec précision la ductilité des métaux. Comment cette méthode pourrait bien transformer les applications futures dans des secteurs tels que l’aérospatiale et l’énergie ?
Des chercheurs de l’Ames National Laboratory et de l’Université Texas A&M ont mis au point une méthode inédite, basée sur la mécanique quantique, pour anticiper la ductilité des métaux.
Conçue comme une alternative économique et rapide, cette méthode s’est montrée particulièrement efficace sur les alliages multi-principaux réfractaires, des matériaux adaptés aux conditions à haute température mais qui manquent souvent de ductilité pour des applications spécifiques.
La ductilité : un enjeu majeur
La ductilité est la capacité d’un matériau à résister à la déformation sans se fissurer ni se rompre. Jusqu’à présent, selon Prashant Singh, scientifique à Ames Lab, il n’existait aucune méthode solide pour anticiper la ductilité des métaux. Les expérimentations basées sur le tâtonnement s’avèrent coûteuses et longues, surtout dans des conditions extrêmes.
Contrairement aux modèles traditionnels qui représentent les atomes comme des sphères rigides et symétriques, la nouvelle méthode reconnaît que les atomes réels sont de tailles et de formes différentes. Prashant Singh explique que ces différences génèrent des distorsions atomiques locales, un élément clé pour déterminer la ductilité ou la fragilité d’un matériau.
Efficient et rapide : le futur de la prédiction de ductilité
L’une des principales forces de cette nouvelle méthode est son efficacité : elle peut tester rapidement des milliers de matériaux, déterminant ainsi les combinaisons les plus prometteuses avant de passer au stade expérimental.
Afin d’évaluer la performance de leur test de ductilité, l’équipe dirigée par Gaoyuan Ouyang a effectué des tests de validation sur des alliages multi-principaux réfractaires. Leurs résultats ont confirmé la robustesse de cette nouvelle méthode basée sur la mécanique quantique.
les métaux ductiles prédits ont subi une déformation importante sous une contrainte élevée, tandis que le métal fragile s’est fissuré sous des charges similaires, ce qui confirme la robustesse de la nouvelle méthode de mécanique quantique », a conclu M. Ouyang.
En synthèse
La capacité de prédire efficacement la ductilité des métaux pourrait ouvrir la porte à de nouvelles innovations dans divers secteurs. Cette avancée, basée sur la mécanique quantique, marque un tournant potentiel dans la recherche et l’application des matériaux.
Pour une meilleure compréhension
Qu’est-ce que la ductilité ?
La ductilité est la capacité d’un matériau à résister à la déformation sans se rompre.
En quoi consiste cette nouvelle méthode de prédiction ?
Elle est basée sur la mécanique quantique et prend en compte les distorsions atomiques locales pour déterminer la ductilité.
Quels sont les avantages de cette nouvelle approche ?
Elle est rapide, économique et capable de tester un grand nombre de matériaux simultanément.
Quels types de matériaux peuvent bénéficier de cette méthode ?
Les alliages multi-principaux réfractaires, adaptés aux conditions à haute température, sont un exemple majeur.
Légende illustration principale : L’équipe a découvert qu’une activité de charge plus élevée (accrue) est responsable de l’amélioration de la ductilité dans les métaux cubiques centrés. La région jaune, qui représente la charge électronique plus élevée dans les interstitiels (zone située entre les atomes), correspond à l’activité de charge accrue qui conduit à une ductilité plus élevée. Les régions bleu clair sont des interstitiels dont l’activité de charge est plus faible. Dans cette image, chaque atome est représenté par une couleur différente : tantale (Ta), molybdène (Mo) et tungstène (W), comme indiqué ci-dessus. Les contours bleu, rose et rouge montrent la distribution des charges autour de chaque site.
Cette recherche est décrite plus en détail dans l’article intitulé « A ductility metric for refractory-based multi-principal-element alloys« , rédigé par Prashant Singh, Brent Vela, Gaoyuan Ouyang, Nicolas Argibay, Jun Cui, Raymundo Arroyave et Duane D. Johnson, et publié dans Acta Materialia.