La Suède roule vers le biocarburant de 2ème génération

La Commission européenne a fixé, avec une directive datant de 2003, un objectif intermédiaire de 5,75% d’utilisation des biocarburants dans les transports en 2010 pour arriver en 2020 à 10%.

Cet objectif a été décliné de façon différente dans chaque Etat membre, les biocarburants faisant débat notamment à cause de la concurrence avec les produits alimentaires. Pour sa part, la Suède s’est montrée encore plus ambitieuse que la Commission et a prévu la suppression des carburants fossiles dans le secteur des transports pour 2030. L’objectif de 20% d’énergies renouvelables en 2020 (tous secteurs) incite aussi les Etats membres à accomplir des efforts dans le domaine des bioénergies.

L’objectif de 10% d’énergies renouvelables en 2020 concernait au départ exclusivement les biocarburants mais l’électricité d’origine renouvelable devrait finalement être incluse dans cet objectif (jusqu’à un certain pourcentage). A titre d’exemple, l’électricité représente près de 3% de la consommation énergétique des transports en Suède, en particulier pour les trains, celle-ci étant produite essentiellement par des installations nucléaires et hydroélectriques.

Il n’y a pas de précision quant à la proportion de biocarburants qui sera importée par rapport à la production domestique pour remplir l’objectif zéro carburant fossile utilisé dans les transports en 2030. A l’heure actuelle, la Suède importe près de 80% de l’éthanol qu’elle consomme. Certains pensent qu’un marché libre favorisera les solutions les plus économiques et permettra les meilleures réductions de CO2. D’autres souhaitent voir l’instauration d’une taxe à l’importation pour favoriser la production en Suède essentiellement pour des questions de respect de l’environnement, par exemple pour prévenir la déforestation dans les pays producteurs.

Le rôle de l’Agence suédoise de l’énergie est de définir les mécanismes incitatifs adéquats pour l’atteinte des objectifs de réduction de GES. Pour accompagner et stimuler ces développements, l’Agence dispose d’un budget de R&D pour le développement de prototypes industriels prometteurs. L’ensemble de l’attribution des fonds de R&D se fait de façon concurrentielle. L’Agence de l’énergie dispose d’un budget de 200 millions SEK dédié à la R&D dans les secteurs des transports. De plus, récemment, 875 millions supplémentaires ont été attribués sur trois ans, essentiellement pour les biocarburants.

Les biocarburants utilisés pour atteindre ces 10% devront être compatibles avec la définition européenne qui impose des conditions en ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre que permet l’utilisation de ces biocarburants, comparée aux carburants fossiles. Actuellement, cette réduction est voisine de 35%, mais on peut envisager une exigence de 60% d’ici à 2020. Par exemple, l’unité de production de bioéthanol de Norrköping (l’une des plus importantes en Suède), affirme obtenir déjà un taux de réduction de 80% des émissions de GES. Avec le DME (diméthyle éther), on pourrait atteindre une réduction de 95%. La société Chemrec à Piteå, met, en ce moment, au point une technique de gazéification de la liqueur noire pour produire du DME testé par Volvo dans ses camions. La production devrait débuter en 2010. Ce carburant a été choisi, entre autres, car le rendement énergétique (de la conversion biomasse -> liquide) diminue quand on augmente la taille de la chaîne carbonée que l’on veut obtenir.

D’autres projets de production de biocarburants de seconde génération sont également en cours en Suède,
l’Agence de l’énergie ne privilégie pas une voie de recherche particulière. Ces carburants, produits à partir de composés lignocellulosiques, pourraient par ailleurs compter double dans l’objectif fixé pour les transports. Le projet CHRISGAS vise ainsi à produire du DME à partir du bois (18 MWth) en utilisant des techniques thermochimiques. SEKAB AB, le plus important acteur du marché de l’éthanol à l’heure actuelle, poursuit ses efforts dans la voie enzymatique à Ornsköldsvik (Suède septentrionale).

L’Agence de l’énergie soutient aussi le projet GoBiGas à Göteborg qui prévoit la construction de 2 unités (100 MW en tout), produisant 800 GWh de biométhane en 2016 (utilisé entre autres comme carburants dans les véhicules). Cela sera fait à partir de biomasse cellulosique en produisant d’abord du gaz de synthèse. Le projet Värmland (100 MWth), prévoit la construction d’une unité de production de méthanol à partir du bois, ayant une capacité de 116.000 millions de litres par an. La recherche se déroule aussi dans les grandes universités : KTH, Ecole royale polytechnique (gazéification de la biomasse), Lund (éthanol de seconde génération), Umeå (troisième génération), Chalmers (biogaz, life-cycle-assesment) et Uppsala (en coopération avec l’Université des sciences de l’agriculture – SLU).

Les bioénergies sont essentiellement utilisées pour la production de chaleur (notamment pour le chauffage urbain très développé en Suède). Les bioénergies sont exonérées de taxes CO2 (qui concernent les combustibles fossiles). Cela a encouragé leur utilisation dans le secteur des transports. Une autre loi impose également aux stations services d’une certaine taille, de proposer du E85 aux usagers. Il existe aussi une aide incitative pour la construction de pompes à biogaz. Le système de certificat vert pour l’électricité (elcertifikatsystemet) fournit aussi un avantage aux bioénergies utilisées pour la production d’électricité (par exemple en cogénération). Des avantages offerts aux voitures de services classées écologiques (pas seulement des véhicules utilisant des biocarburants, mais égalemment des véhicules à faible consommation) ont aussi suscité de l’intérêt pour ces véhicules.

La tendance actuelle délaisse, par ailleurs, quelque peu l’E85, dont la Suède est la championne, pour l’E95 développé par Scania AB et SEKAB AB. L’E95 est utilisé dans des moteurs modifiés de type diesel, et permet aux véhicules lourds de rouler à l’éthanol avec une efficacité proche de celle obtenue avec le diesel.

 

BE Suède numéro 5 (17/06/2009) – Ambassade de France en Suède / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/59529.htm

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Denlaf

Allons-y avec les biocarburants, mais pas à n’importe quel prix. Si les biocarburants utilisés proviennent des parties des plantes qui, autrement, fourniraient une part alimentaire pour les humains ou les animaux: NON. Il faut absolument que l’éthanol, par exemple, provienne de la part non-alimentaire des plantes. On parle ici d’éthanol cellulosique qui provient des résidus de maïs, de paille ou de canne à sucre; rien de moins ne serait acceptable. Davantage sur  .over-blog.com  précédé de  denis-laforme  . On y trouve des articles concernant les énergies renouvelables, les économies d’énergie, le climat, le réchauffement climatique et bien plus.