La sûreté du parc électronucléaire français en 2009

Notre pays compte 58 réacteurs nucléaires civiles ainsi qu’environ 70 autres installations nucléaires, dont les usines associées à la filière électronucléaire et les réacteurs mis à l’arrêt définitif.

Aussi, la question générale de l’état de la sûreté nucléaire dans notre pays revient inévitablement au premier plan dans le débat public, dès lors qu’un incident dans une installation nucléaire connaît un certain retentissement médiatique (NDLR : en France).

En écho avec les graves incidents qui se passent actuellement au Japon, Enerzine revient sur la publication par l’IRSN** du rapport annuel concernant la sûreté du parc électronucléaire français en 2009.

En effet, l’IRSN avait publié début janvier 2011 son rapport annuel de synthèse qui apporte des éléments d’appréciation « à froid » de l’évolution de la sûreté des centrales EDF. Ce rapport résume, "avec un souci de pédagogie et d’explicitation des enjeux de sûreté, les conclusions des analyses techniques que l’IRSN conduit de manière permanente au sujet de l’état de sûreté des centrales nucléaires françaises."

Il apparaît que l”année 2009 a montré à nouveau, malgré les efforts de prévention réalisés, une très forte prépondérance du « facteur humain » (85%) à l’origine des incidents significatifs, la plupart sans conséquences notables. La complexification et la constante évolution des installations et des règles d’exploitation, ainsi que les contraintes organisationnelles fortes qui pèsent sur le personnel d’exploitation, notamment lors des chantiers associés aux « arrêts de tranche », sont des facteurs identifiés de contribution aux évènements de sûreté ou de radioprotection survenant dans les centrales nucléaires.

Par ailleurs, il y a lieu de souligner que des progrès continuent d’être enregistrés en matière de radioprotection, avec une poursuite de la baisse de la dosimétrie individuelle ; toutefois, plusieurs incidents notables sont survenus, particulièrement lors d’opérations classiques de radiographie industrielle effectuées sur les chantiers de maintenance. En d’autres circonstances, de tels incidents auraient pu avoir de graves conséquences en termes d’irradiation accidentelle d’intervenants.

Parmi les incidents de sûreté notables, le rapport présente en particulier l’incident de perte de la « source froide » d’une tranche du site de Cruas, dû à l’obstruction soudaine de la prise d’eau alimentant le circuit de refroidissement des systèmes de sécurité du réacteur par une masse de végétaux. De même, plusieurs anomalies génériques ont affecté en 2009 des matériels ou composants importants pour la sûreté, en particulier les tubes de générateurs de vapeur, sur lesquelles le rapport présente l’analyse de l’Institut.

Ce rapport présente une évaluation globale de la sûreté du parc en exploitation, en mettant en évidence des tendances d’évolution de certains paramètres significatifs pour la sûreté des installations. Il décrit ensuite une dizaine d’événements ou incidents "particulièrement riches d’enseignements dans l’optique d’une recherche permanente de l’amélioration de la sûreté." Ainsi, pour chaque sujet évoqué, "le rapport fait état des résultats de l’analyse menée par l’IRSN."

 

Extrait du rapport :

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Bien qu’EDF se soit mobilisé pour améliorer la rigueur d’exploitation des centrales et malgré le déploiement de plusieurs plans d’actions nationaux, comme par exemple celui du projet « obtenir un état exemplaire des installations », l’accroissement des aléas et des difficultés d’exploitation se poursuit. Cette tendance que l’IRSN a déjà soulignée en 2007 et 2008 peut provenir de la complexification de l’exploitation (référentiels documentaires en évolution, succession de plans d’actions) ou de difficultés de renouvellement des compétences. De plus, la recherche de productivité conduit à de fortes tensions sur les activités pendant les arrêts des réacteurs et à un nombre important d’ESS. Comme les années précédentes, la grande majorité des événements (environ 85 %) ont pour origine une ou plusieurs défaillances d’origine humaine ou organisationnelle.

Une analyse plus approfondie de ces défaillances montre que :

  • 40 %sont des défaillances de premier niveau, autrement dit des défaillances qui concernent les activités des acteurs de première ligne, par exemple des erreurs de geste, des confusions de matériels, de locaux ou de réacteurs, des oublis et des transgressions de règles, volontaires ou non ;
  • 35 % sont des défaillances dans le diagnostic de situations ;
  • 28 % sont des défaillances dans la rédaction, le contrôle ou la mise à jour de la documentation opérationnelle ou des défauts dans son utilisation;
  • 25 % sont des défaillances liées à l’organisation et aux performances des centrales concernant la préparation et la planification des activités ;
  • 20 % sont des défaillances dans les processus de contrôle au cours et à l’issue d’interventions ;
  • 20 % sont des événements qui révèlent des défauts de connaissances des phénomènes physiques, de l’installation, des matériels ou des référentiels, parfois des défauts de compétences.


Certains événements ont pour origines plusieurs types de défaillances ; ceci explique que la somme des pourcentages mentionnés ci-dessus dépasse 100 %.

 

Vulnérabilités de la « source froide »

Plusieurs événements ont affecté la « source froide » des centrales au cours de l’année 2009.

Le plus marquant est celui survenu à la centrale de Cruas, où une arrivée massive de végétaux a bloqué l’entrée d’eau dans l’une des stations de pompage, conduisant à la perte totale du refroidissement de systèmes importants pour la sûreté du réacteur n°4.

D’autres événements affectant la « source froide » ont affecté des centrales du parc EDF ; certains sont consécutifs à des phénomènes naturels, d’autres ont eu pour origine des faiblesses dans la surveillance et l’exploitation. Ces situations montrent que la vigilance reste de mise pour garantir la fiabilité de la source froide.

 

 »

Consulter le rapport en cliquant sur le lien suivant : >>>>> ICI

** IRSN : Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire

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