La vague des énergies décentralisées touche l’Angleterre

Vous connaissiez les Français Enercoop et Energie partagée et vous saviez qu’en Allemagne, ce sont des centaines de mini-centrales d’énergie renouvelables (EnR) et de parcs éoliens qui ont été créés ces dernières années par des collectifs d’habitants. Et au Royaume-Uni ? La vague de fond de l’énergie communautaire se développe aussi, avec le soutien du gouvernement et d’acteurs de l’innovation sociale britannique. Exemple à Oxford.

Osney Lock : un minibarrage communautaire sur la Tamise

Situé à Oxford, dans le quartier d’Osney, la micro-centrale hydraulique Osney Lock n’est pas la première en Europe à être installée sur une écluse : en France, il y en a plusieurs sur la Mayenne par exemple. Mais c’est la première d’Angleterre à avoir été portée et financée par un collectif d’habitants, avec les conseils d’une « entreprise sociale », Low Carbon Hub spécialisée sur l’ingénierie des projets locaux d’EnR. Ce type de binôme serait-il un germe à succès ? Il est en tous cas pris en exemple par le gouvernement. Désireux de favoriser les projets d’énergie renouvelable communautaires, celui-ci vient de lancer un fonds spécialisé, le « community Energy Peer Mentoring Fund », littéralement « fonds de mentorat entre pairs pour l’énergie communautaire ».

Community Energy Peer Mentoring Fund

Lancé en novembre 2013, ce fonds financera des projets d’EnR portés par au moins deux entreprises ou collectifs partenaires, dont l’un est en création et l’autre est déjà expérimenté. Le fonds est doté d’une enveloppe relativement modeste, 500.000 livres sterling (environ 600.000 euros), mais il s’ajoute à d’autres initiatives gouvernementales : d’abord le Local Energy Assessment Fund, un fonds de 10 millions de livres sterling qui co-finançait des projets locaux d’EnR (créé en 2011), puis le «Rural Community Energy Fund », créé en juin 2013, avec une enveloppe de 15 millions de livres.

Le fonds s’inscrit dans une démarche revendiquée de soutien à l’innovation sociale puisqu’il est créé et piloté par le Centre for Social Action, un centre rattaché au gouvernement mais conçu et animé par l’agence NESTA, une agence pionnière de l’innovation sociale en Angleterre.

Osney Lock, qui devrait entrer en fonctionnement en février 2014 et générer 165.500kwh (de quoi alimenter 50 foyers), est géré par la West Oxford Community Renewables (WOCoRe), une entreprise sous statut d’entreprise sociale mutuelle (précisément une « Industrial and Provident Society for the Benefit of the Community »). Grâce au soutien des experts de Low Carbon Hub, cette entreprise a réussi à lever 320.000 livres auprès de sociétaires locaux. Ceux-ci y trouvent un double bénéfice: financier, puisque le projet leur offre 4% de rendement financier annuel et surtout, sociétal.

WOCoRe n’entend pas se limiter à ce premier projet et vise à drainer au total 2 millions de pounds pour d’autres projets.

Quant à Low Carbon Hub, elle n’en est pas à son premier coup d’essai : l’entreprise a aussi convaincu la compagnie de bus d’Oxford d’installer le plus grand toit solaire de la ville sur son dépôt de bus, inauguré en septembre 2013. Un an plus tôt elle avait installé son premier projet d’Enr communautaire, solaire lui aussi, dans un village de 5000 habitants de la région d’Oxford, Eynsham. Ce village fait partie du réseau des villes en transition, lui même créé en Angleterre. Décidément très active, Low Carbon Hub travaille aussi sur des programmes d’efficacité énergétique avec la ville d’Oxford.

D’après Low Carbon Hub, qui cite une étude des agences Camco, Baker & Tilly (2012), le potentiel des projets d’EnR communautaires en Angleterre est évalué à 2GW, soit 10% de la capacité d’EnR onshore du pays, sans compter l’Ecosse (1 GW) et le Pays de Galles (0,4 GW).

Crédit photo : creative commons / superdove / flick

[ Archive ] – Cet article a été écrit par Lescuyer

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