L’AIE juge inopportun de conserver les tarifs régulés

Nobuo Tanaka, directeur exécutif de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), a remis officiellement le 26 juillet au Ministère de l’Écologie, qui est aussi celui de l’énergie, le rapport sur la politique énergétique de la France.

Le rapport indique que la France est le deuxième consommateur d’électricité en Europe, pour une part de production nucléaire de 80 %, ce qui constitue une particularité de notre pays. Il rappelle par ailleurs que la France importe la totalité de ses besoins en pétrole, gaz et charbon.

La France est aussi le deuxième pays européen pour la production d’énergies renouvelables. Il souligne également la réussite de notre politique de diversification de nos sources d’approvisionnement qui contribue à notre sécurité énergétique. Il précise enfin que les émissions de CO2 de la France sont parmi les plus basses des pays de l’AIE.

Concernant le marché de l’électricité, le rapport accueille favorablement les travaux de la commission Champsaur (qui ont débouché sur le projet de loi NOME).

Voila ce que dit précisément le rapport : "En France, la transition vers un marché plus compétitif pose problème en raison de la régulation des tarifs et du rôle dominant de l’opérateur historique. Alors que les secteurs de la production et du commerce de détail sont entièrement ouverts à la concurrence, conformément aux directives de l’UE, cette concurrence reste toutefois relativement limitée. La situation du marché de l’électricité français est d’autant plus complexe en raison du tarif réglementé transitoire d’ajustement du marché (TaRTAM) destiné aux industriels, un tarif inférieur aux prix du marché de gros. La pérennité de cette structure tarifaire peut être mise en question. La gestion des investissements conséquents à moyen terme, nécessaires à l’entretien et au maintien du parc nucléaire, ainsi que la gestion des investissements conséquents à long terme, nécessaires au renouvellement et au développement du parc de réacteurs en France, peut constituer une menace."

Il indique cependant que "rien ne garantit toutefois que les propositions de la Commission Champsaur permettront de favoriser le développement en France du secteur de l’électricité et de son industrie nucléaire. Une réforme effective du marché requiert la mise en place de tarifs reflétant les coûts afin que les marchés puissent fournir des indications tarifaires efficaces en ce qui concerne la production et l’investissement. Le développement de la capacité nucléaire dépend donc des tarifs de l’électricité qui reflètent l’intégralité des coûts de production de l’énergie nucléaire, y compris le coût lié à son développement."

Le rapport souligne également que le développement des interconnexions électriques et gazières est indispensable pour renforcer la sécurité énergétique et pour mieux assurer les équilibres entre la consommation de base et les périodes de pointe. A ce titre, l’implication de la France dans les initiatives de coopération avec les pays voisins est saluée.

La part du gaz est appelée à augmenter dans notre mix énergétique, notamment dans la production d’électricité
. La France a amélioré sa sécurité gazière depuis la revue précédente de 2004, en diversifiant ses approvisionnements, y compris en gaz naturel liquéfié. En effet aucun pays producteur ne compte pour plus de 20 % nos approvisionnements.

Les principales recommandations formulées par ce rapport sont les suivantes :

  • Respecter le calendrier et les engagements du Grenelle de l’Environnement et maintenir notamment la priorité sur les transports et l’habitat en matière d’efficacité énergétique et de lutte contre l’effet de serre.
  • Promouvoir les investissements, poursuivre l’ouverture du marché de l’électricité et améliorer la coordination avec les pays voisins, afin de mieux s’insérer dans le marché européen.
  • Conforter les réseaux de transports, aussi bien sur le territoire national qu’aux points d’interconnexion.
  • Développer une vision stratégique pour les infrastructures de réseaux électriques, prenant en compte les évolutions liées à l’efficacité énergétique et au développement des énergies renouvelables, en tirant parti des technologies de réseaux « intelligents » (smart grids).

 

Télécharger la synthèse du rapport 2009 de l’AIE >>> .PDF

** Note
Tous les cinq ans, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) procède à une revue en profondeur des politiques énergétiques de ses Etats membres. Cette revue est réalisée par une équipe d’une dizaine d’experts internationaux sélectionnés par l’AIE. Cette équipe s’appuie sur un questionnaire approfondi et une semaine d’auditions et d’échanges avec les acteurs de ces politiques (administrations, fournisseurs d’énergie, industriels et consommateurs, ONG). Ce travail d’audit fait l’objet d’un rapport qui balaye l’ensemble des thèmes qui constituent notre politique de l’énergie : politique générale ; énergie et environnement ; efficacité énergétique ; énergies fossiles ; énergies renouvelables ; électricité ; énergie nucléaire ; R&D. Le rapport formule des recommandations qui doivent permettre de conforter nos actions en matière de sécurité énergétique et de protection de l’environnement.

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marcob12

L’AIE est un second (voire troisième) couteau et ses conseils reflètent la théorie dominante mise en avant à l’OMC (l’AGCS prévoit explicitement que le secteur énergétique doit être privatisé) et poussé par la commission européenne. L’objectif est simple : pour faire passer la théorie il faut supprimer la preuve flagrante qu’elle est fausse. Le modèle français (même s’il était perfectible) était la preuve que la théorie de l’efficience du tout privé, tout dérégulé (face à une démarche centralisée et régulée) était du flan intégral. Aucun exemple dans le monde qu’une privatisation du secteur (libéralisation en novlangue) ait apporté les bienfaits proclamés par la théorie. Nulle part ne doit subsister la preuve que la théorie est fausse. Quelle théorie ? Celle qui prétend que les pulsions chaotiques du marché font plus et mieux et moins cher. On les voit pourtant à l’oeuvre aux USA où les gens subventionnent une industrie qui souille les nappes phréatiques, pollue gravement l’air, répand la radioactivité dans l’environnement (charbon) pétrolise la nature de façon récurrente et après nous le déluge… Subventions d’une part, externalisation des coûts de l’autre, la recette du kwh bon marché est connu… L’énergie est “bon marché” (à voir pour l’environnement et les générations à venir), ils sont l’empire du gaspillage. L’ouverture des marchés ? On sait bien que le privé avec son besoin impérieux de retour rapide sur investissement ne choisira jamais le nucléaire et jamais l’éolien et le solaire sans subventions significatives. Donc , la “libéralisation” du marché c’est une électricité chère (au bénéfice d’une poignée d’actionnaires) et la prise de contrôle d’un besoin vital par des entreprises qui ne sont pas là pour assurer un service public. Ceux qui ont déjà donné (californiens et anglais par ex) nous souhaitent bonne chance…

marcob12

Le consortium a “négocié” (avec chantage  de délocalisations industrielles en 2006) un accord de fourniture de 320 Twh sur 24 ans (+ou- 13,4 Twh/an). On peut douter qu’EDF vende à perte surtout qu’il semble y avoir descompensations (avance à EDF de 3,6 milliards d’euros du consortium). Il avait un pouvoir de négociation que le particulier ou l’artisan n’ont pas. On appelle ça le monde réel. Si vous êtes choqués c’est que vous avez oublié que notre principale saignée collective vient de la privatisation “en droit” de la création monétaire et financière. A la prochaine hausse je n’oublierai pas grâce à vous qu’elle est  dûe pour l’essentiel aux 13 Twh/an (sur 570) sur lesquels EDF fait peu de profits… Ce modèle n’est pas parfait. Je le juge en comparaison de ce qui ce fait en face.

Dad

Je ne pense pas qu’à l’heure actuel EDF fasse de la filantropie avec son tarif régulé historique. Les charges d’investissements, notamment sur les infrastructures de production, de transport et de distribution sont déjà pris en compte. Le seul bémol c’est un groupe d’investisseur qui veut faire du profit sur le dos de l’ensemble des consomateurs d’énergie électrique francais. Avec la supression du tarif régulé historique, le cout du Kwh va augmenter de 40%, mais c’est pas ça qui va faire profiter les investissements sur les moyens de production, de transport et de distribution. Regardons comment sont rétribués les GRD. La plus value des 40% ira droit dans la poche des actionnaires au détriment des consomateurs!!! Le responsable de ce rapport ne serait il pas emanché avec quelques groupe privé qui n’attend que la supression du tarif régulé?

Flo

À quoi sert l’électricité, l’énergie, les produits alimentaires, l’eau …etc ? Que sais-je et à quoi bon ? Si mon cours du pétrole chute je serai couvert par mes céréales ou bien mon énergie renouvelable. Puis si on investit dans l’électronique ou la voiture électrique, ça fera remonter l’électricité d’ici quelques années et ça vaudra le coup d’investir dans le nucléaire. Je vais bientôt miser sur l’eau! On va laisser les autres réfléchir à quoi servent mes sous-jacents et se démerder en fonction de nos choix ! (bon ok je caricature, pas besoin de répondre 30 posts)

Dan1

Je suis d’accord avec marcob12 : Il existe une alternative crédible au “tout marché” pour l’alimentation en électricité d’un grand pays : il s’agit de l’expérience tentée en France avec l’organisation type EDF. Attention toutefois à ne pas tirer de conclusions hâtives, car l’expérience n’a duré que 64 ans. Attendons donc encore quelques dizaines d’années pour véritablement en tirer les leçons… disons vers 2046 !

marcob12

Pas mon système… J’ai lu que la commission européenne avait donné son accord à ce marchandage. Donc elle considère que la vente à perte (sous le coût de production) d’électricité à des entreprises françaises est une pratique qui n’enfreint nullement le principe de la concurrence (libre et non faussée) et bien sûr les concurrents du secteur vont rester les bras ballants sans couiner…

marcob12

Pas mieux pour le moment mais je vais y réfléchir !

edc10

Ces organismes mondialisés (membres non élus démocratiquement) ne sont que les bras armées d’une pensée unique qui voudrait que tout soit livré “au marché”… ils ne nous auront pas. Allez … banzaï !!

Sicetaitsimple

Je n’ai aucune information à livrer, mais je ne vois pas a priori pourquoi (et comment,comme le souligne Marcob) EDF vendrait son electricité à Exeltium en la faisant financer à 50% par le contribuable…. Vous pouvez préciser?

1000 mille

je sais qu’il n’y a pas de tarif unique chez EDF. à vous

marcob12

Par curiosité j’ai fouiné un peu sur le sujet.EDF estime aujourd’hui ses centrales amorties et le coût du kwh nucléaire à 33 euros le Mwh (ce chiffre est évidemment très discutable vu leur mode de calcul et une célèbre commisiion préconisait quelque chose comme 40/45 €/Mwh). Il va vendre à Excelsium à 42 euros/Mwh, donc pas à perte. Le tarif dit jaune et vert pour les PME/PMI est de 40/50 Mwh mais est  un mélange de consommations de base, semi-pointe et pointe donc un mélange de coûts de production. Je n’ai pas le détail précis du contrat avec Excelsium mais des électro-intensifs a priori consomment essentiellement en base et sont prévisibles. Si le message était que les prix de gros sont inférieurs à ceux de détail (pour les particuliers) et donc qu’EDF fait plus de marge sur le petit que sur le gros, je suppose que c’est une découverte pour beaucoup.

Sicetaitsimple

Je ne sais pas à qui vous répondez, mais ce n’est pas grave. Les 42€/MWh sont le tarif (pour la part energie, hors transport et distribution) aujourd’hui estimé par EDF comme un tarif “neutre” pour EDF dans le débat sur la loi Nome.C’est du moins ce qu’à exprimé son nouveau président (“en dessous, c’est du pillage”). Sur le fond, comme désormais les tarifs de transport et de distribution sont des tarifs régulés ( par le TURPE), et que donc ils sont censés représenter la différence de coût d’acheminement et de gestion entre un gros industriel raccordé à RTE et un particulier avec un contrat de 3kW; le tarif de l’energie ( le MWh) devrait donc converger entre les différentes catégories. Si les tarifs T+D régulés refletent bien les couts, le prix d’un MWH à une heure de l’année donnée devrait dans un “marché idéal” être le même pour Eurodif ou Mme Michu.

1000 mille

car EDF communique sur l’EPR de Flamanville : “Le groupe Electricité de France (EDF) annonce ce vendredi un report de deux ans, à 2014, de la date de démarrage de son réacteur EPR de Flamanville (Manche) et une augmentation du coût total du chantier à 5 milliards d’euros, contre 3,3 milliards initialement. “Des progrès significatifs ont été réalisés sur le chantier de l?EPR de Flamanville (…) L’objectif de première production commercialisable est désormais fixé à 2014, avec des coûts de construction ré-estimés autour de 5 milliards d’euros”, indique le groupe. Les retards de l’EPR de Flamanville étaient évoqués par la presse et les syndicats depuis plusieurs mois. La direction d’EDF avait déjà réévalué à 4 milliards d’euros en décembre 2008 le coût de construction de ce réacteur de 3e génération. Elle avait aussi implicitement reconnu un retard d’un an en novembre 2009.”