Selon le dernier baromètre d’EurObserv’ER, la biomasse solide est de loin la plus importante des sources d’énergies renouvelables : en 2009, la production d’énergie primaire issue de la combustion de la biomasse solide est en augmentation et atteint 72,8Mtep, soit une croissance de 3,6% par rapport à 2008.
Cette augmentation, s’explique par la volonté de nombreux pays de s’appuyer sur cette énergie pour atteindre leurs objectifs européens, que ce soit pour la production d’électricité ou celle de chaleur.
Le contexte européen est actuellement très favorable à la valorisation énergétique de la biomasse solide (bois, déchets de bois et autres matières végétales ou animales solides). L’ensemble des pays de l’Union européenne a l’ambition de développer son potentiel. Cette volonté a été actée en 2010 par la remise à la Commission européenne des plans d’action nationaux en faveur des énergies renouvelables.
Cet intérêt pour le développement de la biomasse n’est pas récent. La directive relative à la promotion de l’électricité produite à partir de sources d’énergies renouvelables (2001/77/CE) a largement déclenché l’augmentation de la production d’énergie biomasse solide. La Commission européenne considère que le recours à la biomasse constitue l’une des principales solutions pour assurer la sécurité d’approvisionnement et la durabilité de l’énergie en Europe.
En 2009, la production d’énergie primaire issue de la combustion de la biomasse solide a atteint 72,8 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep), soit 2,5 Mtep de plus qu’en 2008. Ces chiffres ne prennent pas en compte la production d’énergie primaire issue de l’incinération des déchets ménagers renouvelables solides, ni celle issue de la méthanisation de déchets fermentes cibles solides. Ces deux filières font l’objet d’une comptabilité spécifique et sont traitées dans les baromètres déchets ménagers renouvelables et biogaz.
Une production d’électricité en forte croissance
La croissance de la production d’électricité issue de biomasse solide est particulièrement soutenue. Depuis 2001, elle a augmenté en moyenne de 14,7% par an, passant de 20,8 TWh à 62,2 TWh en 2009. Elle affiche en 2009 une nouvelle croissance de 7,4% par rapport à 2008.
Cette production est majoritairement issue de centrales fonctionnant en cogénération avec une part de 62,5 % en 2009.
Selon une étude réalisée par Ecoprog et le Fraunhofer Umsicht, le nombre de centrales électriques fonctionnant à la biomasse solide a pratiquement doublé sur les cinq dernières années. Selon cette étude, il existe en Europe environ 800 centrales fonctionnant à la biomasse pour une puissance de l’ordre 7,1 GW. De plus, la puissance électrique de ces unités biomasse devrait atteindre les 10 GW avant la fin de l’année 2013. Ces unités ne prennent pas en compte les centrales électriques fonctionnant en cocombustion qui reposent sur une base de combustibles fossiles. Ce mode de production est très utilisé au Royaume-Uni et également en Allemagne.
Cette croissance importante s’explique par la mise en place de système d’incitation pour la production d’électricité biomasse (tarifs d’achat et certificats verts) et également par la mise en place de subventions pour faciliter les investissements. Les principaux pays producteurs sont les grands pays forestiers scandinaves, mais également l’Allemagne et l’Autriche. Ce sont des pays précurseurs qui ont la particularité de subventionner l’électricité biomasse depuis plus d’une décennie.
Dans d’autres pays comme la France, le Royaume-Uni et les pays baltes, la volonté politique est beaucoup plus récente. Elle se traduira par une augmentation des capacités de production dans les prochaines années. Les grands sites de production de déchets de bois (industrie forestière et de la pâte à papier) profiteront en premier lieu de la revalorisation de la rémunération biomasse.
5,5 Mtep de chaleur vendue sur les réseaux
Selon les premières estimations disponibles, la vente de la chaleur biomasse solide dans les réseaux de chaleur aurait peu augmenté en 2009. Elle serait de l’ordre de 5473 ktep en 2009 (5434 ktep en 2008). Cet indicateur nécessite quel ques précautions d’usage. Il présente des résultats préliminaires susceptibles d’être consolidés à la hausse dans les prochaines semaines. Le marché des centrales de cogénération biomasse et des chaufferies biomasse est actuellement très actif, ce qui devrait logiquement augmenter la consommation de chaleur biomasse dans les réseaux de chaleur. Il convient également de signaler qu’une partie des pays de l’Union disposant de réseaux consommant de l’énergie biomasse ne produisent pas d’indicateurs sur la vente de chaleur (la France, le Royaume-Uni, l’Espagne, le Portugal…), sous-estimant d’autant cet indicateur.
La consommation totale de chaleur issue de la biomasse solide en 2009 est un indicateur plus complexe à déterminer et nécessite davantage de temps pour être approximé. En plus de la chaleur consommée dans les réseaux, il prend en compte tous les autres usages directs de la chaleur comme celle produite dans les appareils de chauffage domestiques ou industriels. Elle prend également en considération la chaleur autoconsommée par les sites de production industrielle (chauffage des bâtiments et processus de production). Pour estimer la consommation de chaleur biomasse solide, il convient donc d’ajouter à la vente de chaleur la consommation d’énergie finale biomasse solide de l’industrie, des transports et des particuliers. Eurostat estimait cette consommation à 52,6 Mtep en 2008 (contre 51,8 Mtep en 2007). Si on ajoute la chaleur vendue dans les réseaux, on obtient une consommation totale de chaleur d’origine biomasse solide de l’ordre de 58 Mtep en 2008.
Une filière française très active
Le fonds chaleur français constitue très certainement le succès le plus concret du Grenelle de l’environnement. Les appels à projets Biomasse Chaleur Industrie Agriculture Tertiaire (BCIAT) lancés en 2009 et en 2010 ont tous dépassé leurs objectifs. En 2009, 31 premiers dossiers ont été retenus pour une production totale de 145000 tep, bien au-delà des 100000 tep prévues. En 2010, 31 autres dossiers biomasse ont été retenus, totalisant une production de 195000 tep, contre un objectif initial de 175000 tonnes. La majorité des projets retenus concerne l’industrie agroalimentaire, mais en 2010 les acteurs de l’industrie de la pâte à papier sont également représentés avec 9 projets retenus (contre un seul en 2009).
Selon l’Ademe qui gère le BCIAT, le résultat concret de ces appels d’offres n’est pas encore définitif et le succès réel dépendra des investissements effectivement réalisés. Pour des raisons financières, certains projets peuvent être abandonnés ou retardés. En 2010, seuls 2 projets ont été réalisés et 14 autres sont en cours de construction. Le nouvel appel d’offres pour 2011 a été lancé en septembre 2010 avec un objectif indicatif de 175000 tep/an. Les installations retenues devront être mises en service au plus tard le 1er aout 2013.
La France dispose également d’un tarif d’achat pour l’électricité issue de la combustion de biomasse et pour les installations jusqu’à 12 MWe. Ce tarif d’achat est de 4,5c€/kWh auquel s’ajoute une prime comprise entre 8 et 13 c€/kWh attribuée selon des critères de puissance, de ressources utilisées et d’efficacité énergétique. Pour les installations de grande puissance, la filière peut bénéficier des appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Le dernier en date (CRE 4) a été lancé en juillet dernier et porte sur une puissance installée de 200MW. Il concerne uniquement les installations avec une puissance installée supérieure à 12 MWe (contre 3 MWe dans CRE 3). Les réponses sont atten dues avant le 28février 2011.
Ces appels d’offres ont permis la construction et l’inauguration en septembre dernier de la plus importante centrale française de cogénération biomasse à Biganos (en Gironde). L’usine papetière de Smurfit Kappa Cellulose du Pin (SKCP) dispose désormais d’une chaudière biomasse de 140 MWth, capable de délivrer une puissance électrique de 69MW. Elle consommera chaque année environ 500000 tonnes de déchets de bois (200000 tonnes de souches et branches, 219000 tonnes d’écorces, 84000 tonnes de déchets verts et de bois de recyclage).
Ces efforts vont permettre à la filière biomasse de monter en puissance dans les prochaines années. Le Service de l’observation et des statistiques (SOES) estime la production d’énergie primaire à 9,8 Mtep en 2009, soit un gain de 0,2 Mtep par rapport à 2008.
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