Le biocarburant à base de Farnésane autorisé dans l’aviation civile

La dernière révision de la norme internationale (ASTM) relative aux carburants dans le domaine aéronautique, rend désormais possible l’utilisation d’un biocarburant qui pourra contenir jusqu’à 10 % de farnésane, une molécule issue de la transformation de sucres.

C’est dans ce cadre, que Total et Amyris envisagent de commencer à préparer la phase de commercialisation de leur biocarburant pour l’aviation civile.

Mis au point par le pétrolier Total et Amyris, spécialiste des biotechnologies, ce nouveau mélange de kérosène et de farnésane remplit les critères ‘rigoureux’ définis par l’ASTM, organisme reconnu dans le développement de normes internationales, pour une utilisation sur les turbines Jet A/A-1 équipant les avions de ligne des grandes compagnies aériennes.

Le procédé mis au point par la start-up américaine transforme le sucre en molécule (farnésène), puis en carburant (farnésane) à l’aide de microorganismes qui agissent durant la phase de fermentation.

"La capacité de notre biocarburant à satisfaire pleinement aux exigences de la norme internationale en vigueur dans l’aviation civile marque une étape majeure dans la collaboration entre Total et Amyris. Le ciel est parfaitement dégagé pour que nous puissions commencer à développer le potentiel du farnésane," a déclaré Philippe Boisseau, membre du Comité exécutif de Total. "L’introduction de ce carburant vert peut potentiellement conduire à une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre de l’aviation civile. Etant l’un des principaux fournisseurs mondiaux de carburants dans ce secteur, Total souhaite proposer ses solutions novatrices à l’ensemble des compagnies aériennes, pour les aider à atteindre leurs ambitions en matière de développement durable", a ajouté Philippe Boisseau.

La version actualisée de la norme D7566, rédigée par le Comité technique de l’ASTM pour les produits pétroliers, les carburants liquides et les huiles de graissage, autorise l’utilisation du farnésane comme composant du kérosène. Cette mise à jour permettra donc aux compagnies aériennes d’utiliser pour leurs vols commerciaux un kérosène contenant du farnésane dans sa formulation, un produit développé à partir de biomasse par Total et Amyris, pour atteindre leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

"Satisfaire aux critères de la norme D7566 de l’ASTM nous permet de poursuivre nos négociations avec les principales compagnies aériennes internationales qui souhaitent mettre en place des vols commerciaux intégrant des biocarburants, afin de réduire leurs niveaux d’émissions et d’améliorer leur performance", a déclaré John Melo, Président-Directeur général d’Amyris. "Avec notre partenaire Total, nous préparons l’avènement d’une nouvelle ère pour l’aviation en proposant un biokérosène qui contribuera à réaliser les objectifs fixés par ce secteur en termes de développement durable et de respect de l’environnement, sans compromis sur la performance. L’obtention de ce succès en un temps record est une reconnaissance du potentiel de notre technologie et la marque du soutien de l’ensemble du secteur de l’aviation civile aux solutions innovantes", a conclu John Melo.

Dans le cadre de sa norme, l’ASTM prévoit une évaluation rigoureuse visant à vérifier et garantir la pleine compatibilité du kérosène issu de matières premières renouvelables avec tout type d’appareil, de pièces de moteur et de systèmes.

En collaboration avec les principaux acteurs du secteur de l’aviation, Total et Amyris ont mis en place un programme d’essais, couvrant aussi bien la spécification des principales caractéristiques du carburant que l’évaluation de sa performance en conditions réelles (essais moteur et en vol). Au-delà de satisfaire strictement aux spécifications applicables au kérosène standard, ces tests ont permis de démontrer certaines propriétés de leur biocarburant qui présente un point de congélation relativement bas, une grande thermostabilité et une densité énergétique élevée à la combustion.

Lors d’un vol d’essai en juin 2013, l’appareil A321 avait consommé l’équivalent de 4 tonnes de canne à sucre, soit moins d’une tonne de sucre. "Le sucre n’est pas considéré comme un complément alimentaire par la FAO (branche alimentation de l’Onu), il n’entre donc pas en concurrence avec l’alimentation", avait alors assuré Philippe Marchand, responsable du développement des biocarburants chez Total.

Amyris et Total ont également veillé à la mise en place d’une filière de production durable pour ce carburant, comme en atteste la certification délivrée en début d’année à Amyris par le Roundtable on Sustainable Biomaterials (RSB) pour son premier site de production de farnésane au Brésil. L’Agence nationale du pétrole (ANP), autorité de régulation brésilienne, a déclaré qu’elle allait ajouter ce nouveau biocarburant à la liste des carburants homologués pour l’aviation civile et conformes à la réglementation nationale du Brésil.

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Pastilleverte

Ouf ! les matières agricoles utilisées sont “durables”… Toute compagnie aérienne qui se respecte mettra en priorité la plus grande stabilité des prix de ses carburants, à l’intérieur de normes techniques, et accessoirement, environementales. Si ce nouveau produit dans la proportion de 10% ne revient pas plus cher qu’un kérosène à 100%, alors bienvenue au “Farnésane” (très joli nom !) Si, petit à petit, et toujours sous ces conditions de prix de revient et de normestechniques, la proportion peut augmenter, mettons jusqu’à 50%, super ! Espérons que les matières premières aricoles nécessaires ne feront pas l’objet de spéculation, et que leur production, aussi labellisée “soutenable” soit elle, n’apportera pas des changements d’usage des sols tels que le “bilan carbone (en réalité CO2)” deviendrait négatif par rapport au bon vieux kéro d’origine 100% fossile. Evidemment les pisse-vinaigre habituels diront que la solution c’est d’interdire les déplacements en avion, mais on fera juste semblant de les écouter par pure (et stupide) politesse.