Peut-être vous avez cru que le passage à l’heure d’hiver c’était pour ce week-end, et gagner une heure de sommeil en plus ? et bien non. Il faudra encore attendre un petit peu. C’est dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 octobre 2025 que nous ferons la bascule. À 3 heures du matin, les aiguilles reculeront d’une heure, et il sera alors 2 heures. Une transition qui interviendra plus tôt que les années précédentes, une particularité du calendrier qui n’avait pas eu lieu depuis 2014. Les soirées s’assombriront davantage, mais les matinées gagneront en clarté.
Depuis 1976, la France applique le système du changement d’heure, instauré à la suite du choc pétrolier de 1973-1974 pour réaliser des économies d’énergie. L’objectif initial consistait à adapter les heures d’activité humaine à l’ensoleillement naturel, réduisant ainsi la consommation d’électricité liée à l’éclairage artificiel. À partir de 1998, les dates ont été harmonisées au sein de l’Union européenne avec le passage à l’heure d’été qui s’effectue désormais le dernier dimanche de mars, et le retour à l’heure d’hiver, le dernier dimanche d’octobre.
Pourtant, les bénéfices énergétiques de ce dispositif se sont considérablement amenuisés au fil des décennies. Selon l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), les économies d’électricité sont passées de 1 200 GWh par an en 1996 à seulement 351 GWh en 2018, soit environ 0,07% de la consommation électrique totale du pays. L’agence constate dans ses analyses récentes que « l’impact du changement d’heure sur la consommation énergétique est modeste ». La Commission européenne partage la même conclusion, qualifiant les économies d’énergie de marginales, estimées entre 0,5% et 2,5% de la consommation totale des pays européens.
Une réforme européenne au point mort
En mars 2019, le Parlement européen a voté en faveur de la suppression du changement d’heure, avec une application initialement prévue pour 2021. La décision faisait suite à une vaste consultation citoyenne menée en 2018, dans laquelle 84% des répondants s’étaient prononcés pour l’abandon du système saisonnier. Chaque État membre devait choisir entre l’heure d’été ou l’heure d’hiver permanente, en coordination avec ses voisins pour éviter une fragmentation du marché intérieur européen.
Mais la mise en œuvre s’est révélée bien plus complexe que prévu. Les pays du nord de l’Europe privilégient majoritairement l’heure d’hiver, plus adaptée à leur faible ensoleillement hivernal, tandis que les pays du sud penchent pour l’heure d’été, favorable au tourisme et aux loisirs en soirée. La crise sanitaire de la Covid-19 en 2020, puis le Brexit et les crises énergétiques successives ont relégué le dossier au second plan. Finalement, la directive n’est plus à l’ordre du jour, et aucune abolition n’est prévue à court terme.
Un débat qui reste ouvert
Par ailleurs, le changement d’heure suscite des préoccupations sanitaires croissantes. Des études pointent les perturbations de l’horloge biologique, provoquant troubles du sommeil, fatigue accrue, et même une augmentation des maladies cardiovasculaires lors des transitions. En France, une pétition déposée à l’Assemblée nationale en avril 2025 demande même l’abolition de cette pratique, les auteurs la jugeant dépassée et dépourvue de bénéfices réels pour les citoyens. Ils rappellent que la réforme européenne, bien que votée, n’a jamais été appliquée, maintenant ainsi une mesure qu’ils considèrent comme obsolète. A ce jour, elle a recueilli seulement moins de 1000 signatures.
En attendant un éventuel consensus européen, les Français devront continuer à régler leurs montres deux fois par an. Pour ne pas se tromper, un moyen mnémotechnique simple existe : en octobRE, on REcule d’une heure ; en AVril, on AVance. La plupart des appareils électroniques effectueront automatiquement le changement, mais les réveils manuels, montres traditionnelles et horloges de voiture nécessiteront un ajustement manuel.
Une pratique qui perdure malgré tout
Le maintien du changement d’heure montre réellement les difficultés de coordination au sein de l’Union européenne sur des sujets qui, bien que secondaires, touchent directement le quotidien des citoyens. Tant qu’un accord n’émerge pas entre les vingt-sept États membres, la France conservera ce rituel biannuel hérité des années 1970. La prochaine échéance interviendra le 29 mars 2026, lorsque les aiguilles avanceront à nouveau pour accueillir le printemps.
Source : Service.public