La fermeture imminente du parc Marineland au Canada place trente bélugas dans une situation critique. Le propriétaire menace en effet d’euthanasier les cétacés faute de financement gouvernemental, tandis qu’Ottawa refuse catégoriquement toute exportation vers la Chine, invoquant les lois anti-captivité adoptées en 2019. La crise actuelle révèle par conséquent les limites d’un modèle touristique vieillissant et pose avec acuité la question du devenir des mammifères marins maintenus en captivité depuis des décennies.
Une menace d’euthanasie qui suscite l’indignation
Le 3 octobre dernier, la direction de Marineland Canada a créé la stupeur en affirmant manquer de ressources financières pour assurer le maintien des trente bélougas encore présents dans ses bassins. Sans aide fédérale, le parc désormais fermé au public envisagerait d’abattre l’ensemble des animaux, une annonce qui a provoqué une onde de choc au sein de la communauté scientifique et des défenseurs du bien-être animal. La déclaration intervient alors que l’établissement, jadis attraction phare de la région des chutes du Niagara, traverse une phase de restructuration majeure incluant la vente de ses manèges et de vastes parcelles foncières parmi les plus convoitées de l’Ontario.
Trois jours auparavant, le 1er octobre, le gouvernement fédéral avait déjà tranché une question tout aussi épineuse en refusant la demande de Marineland d’exporter ses bélugas vers l’aquarium Chimelong Ocean Kingdom en Chine. La décision s’inscrit dans le cadre d’une loi baptisée « Loi sur la fin de la captivité des baleines et des dauphins », qui interdit formellement la détention de cétacés à des fins de divertissement ainsi que leur reproduction en captivité.
Une succession de décès qui interroge
Au-delà des questions économiques et réglementaires, la situation sanitaire des bélugas de Marineland soulève également de profondes inquiétudes. Pas moins de vingt cétacés et l’orque Kiska sont morts dans l’établissement depuis 2019. En février, c’est une béluga de sept ans prénommée Eos qui avait été euthanasiée.
Lors d’une audience publique en début d’année, le parc avait déjà sollicité l’autorisation municipale de diviser son terrain pour obtenir des financements tiers, tout en évoquant la nécessité de retirer rapidement les mammifères marins de la propriété. Il faut savoir que les cétacés nés et élevés en bassin pour la plupart, ne peuvent être relâchés en mer sans préparation minutieuse.
L’avenir incertain d’un modèle révolu
L’histoire de Marineland illustre en creux l’évolution profonde des mentalités concernant la captivité animale. Devenu dans les années 1970 l’une des attractions touristiques majeures du Canada grâce à l’introduction d’orques, de bélougas et de dauphins, le parc attirait alors des centaines de milliers de visiteurs chaque année. Un demi-siècle plus tard, le maire de Niagara Falls annonçait publiquement que l’établissement était à vendre, jugeant que son cycle était terminé et qu’il était temps de changer de direction.
Prise entre les impératifs économiques d’un propriétaire acculé et les exigences éthiques d’une société qui refuse désormais d’enfermer des mammifères marins à des fins de spectacle, Marineland campé sur ses positions. Alors que le parc poursuit sa liquidation progressive, les trente bélugas attendent toujours de connaître leur sort. Entre la menace d’une mise à mort collective, le refus d’une exportation vers un aquarium asiatique et l’espoir d’un sanctuaire marin encore en gestation, leur avenir demeure plus que jamais suspendu à un fil.