Les chercheurs du Centre d’innovation avancée en matière de bioénergie et de bioproduits (CABBI) aux États-Unis ont mis au point une méthode innovante pour améliorer les produits chimiques agricoles et quotidiens, tout en respectant l’environnement.
Grâce à un procédé combinant des enzymes naturelles et la lumière, l’équipe de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign a développé une technique respectueuse de l’environnement pour intégrer précisément le fluor dans les oléfines, des hydrocarbures utilisés dans une multitude de produits, allant des détergents aux médicaments en passant par les carburants.
Cette méthode offre une nouvelle stratégie efficace pour créer des produits chimiques de grande valeur, avec des applications potentielles dans les agrochimiques, les produits pharmaceutiques, les carburants renouvelables et bien plus encore.
Les avantages du fluor dans les produits chimiques
En tant qu’additif, le fluor peut améliorer l’efficacité et la durabilité des agrochimiques et des médicaments. Sa petite taille, ses propriétés électroniques et sa capacité à se dissoudre facilement dans les graisses et les huiles ont un impact profond sur la fonction des molécules organiques, augmentant leur absorption, leur stabilité métabolique et leurs interactions protéiques.
Cependant, l’ajout de fluor est complexe et nécessite généralement des processus chimiques sophistiqués, souvent peu respectueux de l’environnement.
Utilisation des photoenzymes pour une chimie plus verte
Les scientifiques de l’étude ont utilisé une «photoenzyme» – une enzyme reconfigurée fonctionnant sous lumière – pour intégrer le fluor dans ces produits chimiques. Grâce à la lumière et aux photoenzymes, ils ont pu attacher précisément le fluor aux oléfines, contrôlant exactement où et comment il est ajouté. Cette méthode, à la fois écologique et très spécifique, permet de créer plus efficacement de nouveaux composés utiles, auparavant difficiles à produire.
L’approche ici comble une lacune importante en chimie moléculaire, les méthodes précédentes pour ajouter du fluor étant limitées et inefficaces. Elle ouvre également de nouvelles possibilités pour créer de meilleurs médicaments et produits agricoles, les composés fluorés étant souvent plus efficaces, stables et durables que leurs homologues non fluorés. Cela signifie que les engrais et les herbicides pourraient mieux protéger les cultures, et les médicaments pourraient être plus puissants ou avoir moins d’effets secondaires.
Un impact significatif sur la production chimique durable
Le professeur Huimin Zhao, leader du thème de conversion chez CABBI, a indiqué : « Cette percée représente un changement significatif dans notre approche de la synthèse des composés fluorés, cruciaux dans de nombreuses applications, de la médecine à l’agriculture. En exploitant la puissance des enzymes activées par la lumière, nous avons développé une méthode qui améliore l’efficacité de ces synthèses et s’aligne sur la durabilité environnementale. Ce travail pourrait ouvrir la voie à de nouvelles technologies plus vertes dans la production chimique, ce qui est une victoire non seulement pour la science, mais aussi pour la société dans son ensemble. »
La recherche fait progresser la mission bioénergétique de CABBI en pionnier des méthodes innovantes en biocatalyse, pouvant améliorer la production de produits chimiques bio-sourcés, dérivés de ressources renouvelables comme les plantes ou les micro-organismes, plutôt que du pétrole.
Alignement avec les objectifs du DOE
La recherche contribue également à la mission plus large du Département de l’Énergie des États-Unis (DOE) visant à promouvoir les avancées en bioénergie et en bioproduits. Les méthodes développées dans cette étude peuvent conduire à des processus industriels plus durables, moins énergivores et réduisant les déchets chimiques et la pollution, soutenant les objectifs du DOE de favoriser les technologies énergétiques propres.
La capacité à créer efficacement des composés fluorés de grande valeur pourrait entraîner des améliorations dans divers domaines, y compris les sources d’énergie renouvelable et les bioproduits, soutenant la croissance économique et la durabilité environnementale.
Maolin Li, auteur principal de l’étude, a indiqué : « Nos recherches ouvrent des possibilités fascinantes pour l’avenir du développement pharmaceutique et agrochimique. En intégrant le fluor dans les molécules organiques par un processus photoenzymatique, nous améliorons non seulement les propriétés bénéfiques de ces composés, mais nous le faisons également de manière plus respectueuse de l’environnement. Il est passionnant de penser aux applications potentielles de notre travail pour créer des produits plus efficaces et durables pour un usage quotidien. »
Article : « Asymmetric photoenzymatic incorporation of fluorinated motifs into olefins » – DOI: 10.1126/science.adk8464
Légende illustration : La chercheuse postdoctorale du CABBI Maolin Li (assise) et le responsable du thème de la conversion Huimin Zhao travaillent dans leur laboratoire au Carl R. Woese Institute for Genomic Biology de l’Université de l’Illinois Urbana-Champaign. Ils ont dirigé une équipe de recherche qui a utilisé un processus photoenzymatique pour mélanger avec précision du fluor, un additif important, à des produits chimiques largement utilisés appelés oléfines. Cette méthode révolutionnaire offre une stratégie efficace et respectueuse de l’environnement pour créer des produits chimiques de grande valeur avec des applications potentielles dans l’agrochimie, les produits pharmaceutiques, les carburants renouvelables, etc. Crédit : Center for Advanced Bioenergy and Bioproducts Innovation (CABBI)