Le gouvernement japonais a décidé de ne pas faire de demande de budget pour le développement du lanceur Galaxy Express (GX) dans le cadre de la requête initiale de budget pour l’année 2010.
Lors d’une réunion interministérielle le 25 août, la ministre en charge de l’espace, Mme Seiko NODA a déclaré que "rien ne laisse deviner quel sera le coût de développement de cette fusée, ni quelle sera la demande en terme de satellites à lancer". Elle a cependant rajouté qu’il s’agissait d’un "report" du projet et non d’une "annulation".
Le lanceur de taille moyenne (capacité de lancement de 4,5 tonnes en orbite basse) était un projet japonais mené en collaboration entre les secteurs publics et privés. Le secteur privé, et en particulier l’industriel IHI, était en charge du développement du système. Ces travaux concernaient l’assemblage du lanceur et l’approvisionnement d’un moteur fabriqué aux Etats-Unis pour équiper le premier étage.
Le secteur public, à travers l’agence spatiale (JAXA) était en charge du développement du système de propulsion du second étage fonctionnant au gaz naturel liquéfié (ou GNL, essentiellement du méthane). La JAXA mène d’ailleurs depuis le mois de juin une série d’essais à feu sur un moteur à l’échelle 1, afin de valider cette technologie.
L’avenir du lanceur semble donc fortement compromis, mais le gouvernement préconise de continuer les travaux de développement de ce système de propulsion, qui pourrait représenter un atout si le Japon parvenait à le maîtriser.
La propulsion au GNL est considérée intéressante pour les lanceurs futurs car la densité d’énergie de cet ergol est plus grande que celle de l’hydrogène liquide employé généralement dans les lanceurs lourds, et son stockage et sa manipulation sont généralement plus aisés. Le Japon est en outre le premier importateur au monde de LNG, et à ce titre possède un certain savoir-faire en la matière. La propulsion au LNG est aussi intéressante à plus long terme dans le cadre de l’exploration, car le méthane est relativement bien répandu dans notre système solaire et une production in situ est ainsi envisageable.
Le projet GX avait débuté en 2003 et le lanceur GX devait à l’origine réaliser son vol inaugural en 2006. Il a été cependant confronté à de nombreux problèmes de développement, en partie dûs à des difficultés technologiques et à la nature hybride (partenariat public/privé) de sa gestion. Sa viabilité sur le marché des lancements commerciaux était en outre largement contestée.
En conséquence, le projet a plusieurs fois été stoppé puis relancé ces dernières années. Mais le GX semble dépasser une logique purement commerciale et inclut plusieurs autres paramètres : diplomatique, car le projet impliquait de facto des industriels américains, mais aussi de politique industrielle car certains ne souhaitaient pas laisser l’exclusivité du savoir-faire de transport spatial à l’industriel Mitsubishi.
Ces derniers mois, l’industriel IHI avait aussi essayé de donner une dimension stratégique au lanceur, arguant de son intérêt pour mettre en orbite les futurs satellites militaires japonais. Cependant cette manoeuvre n’avait reçu que peu d’écho de la part d’un Ministère de la Défense confronté à des limitations budgétaires sévères.
Enfin, le projet était soutenu par plusieurs personnalités du Parti Libéral Démocrate, et la défaite anticipée de ce parti aux élections du 30 août a vraisemblablement précipité sa désaffection.