Le Raffinage européen vers une contraction brutale ?

Les syndicats, les médias et les politiques se sont aussitôt mobilisé pour retarder autant que faire se peut cette fermeture qui est hélas inévitable, alors que depuis de très nombreuses années on a tout fait pour détruire cette industrie. C’est ce que vient nous rappeler l’Association Européenne de l’Industrie Pétrolière, Europia, dans le livre blanc qu’elle vient de publier

Rappelons, en particulier en France, le favoritisme déraisonnable fait, via des conditions de taxation discriminatoire du gazole, à la diésélisation du parc automobile et de la production automobile française, au détriment de l’essence alors que dans le baril de brut il y a des proportions incontournables de gazole et d’essence. Pour quelques années, le raffinage européen a été sauvé par le sous équipement américain en raffineries qui a permis à nos raffineries d’exporter à tout va leurs excédents d’essence vers ce pays.

La crise financière et économique s’est traduit dans les pays développés par une chute des consommations de produits pétroliers que l’utilisation de biocarburants est venu amplifier en diminuant d’autant (10%) la partie issue du raffinage.

Les pays producteurs de pétrole se sont dit, à juste titre, qu’au lieu de transporter du brut sur des milliers de kilomètres, ils pourraient le raffiner sur place et transporter les produits finis issus de ce raffinage jusqu’aux consommateurs finaux.

Dernier avatar auquel cette industrie a échappé de justesse, la taxe carbone qui l’aurait tué brutalement face aux importations de raffineries de pays non soumis à cette taxe !

Il n’en reste pas moins que sur 98 raffineries européennes, quatre sont actuellement à l’arrêt, douze sont en vente et que les majors pétrolières qui assuraient une certaine qualité des produits et un certain professionnalisme dans leur exploitation (cf la sécurité) quittent le continent. 20 % de la capacité de raffinage installée en Europe est inutilisée et le marché américain est devenu infiniment moins favorable à nos importations du fait de la concurrence des nouvelles raffineries des pays producteurs et de la montée en charge du lobby des agriculteurs américains.

Curieusement, on a trouvé de nouveaux investisseurs indépendants pour reprendre certaines de ces raffineries comme le suisse Pétroplus. On leur souhaite de trouver la martingale magique pour les exploiter de manière profitable mais on croit fermement qu’ils ont fait une erreur en pensant que leur modèle réussirait en Europe.

Reste la logique de producteurs de brut nouveaux qui souhaiteraient se développer vers l’aval de ce métier, la distribution, au moment où les autres ont tendance à le quitter. Eux au moins s’assurent un débouché pour leur brut et peuvent avoir l’ambition de se faire connaitre par leur marque commerciale. C’est le cas des producteurs russes Lukoil et Rosneft ou lybien avec Tamoil ou Lybian Oil. Dans ce cas c’est la reprise d’un réseau de distribution en même temps que celui d’un outil de raffinage qui les intéressent.

Sombres perspectives donc pour cette industrie que l’on voit se contracter brutalement comme cela s’était passé en France dans les années 70/80

[ Archive ] – Cet article a été écrit par CaDerange

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