Et si prédire votre risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) était aussi simple que de prendre votre température ? Une innovation technologique développée par des chercheurs de Caltech et de l’USC pourrait bientôt rendre cela possible.
Chaque année, près de 800 000 Américains sont victimes d’un AVC, première cause de handicap à long terme aux États-Unis. Jusqu’à présent, les médecins ne disposaient que de questionnaires pour évaluer le risque d’AVC d’un patient, comme un mécanicien qui tenterait de diagnostiquer une panne de moteur sans ouvrir le capot. Mais une équipe d’ingénieurs et de scientifiques a mis au point un dispositif portable capable d’évaluer ce risque de manière non invasive, offrant enfin aux médecins un «stéthoscope cérébral».
Le fonctionnement du nouveau dispositif
Le dispositif utilise une technologie appelée spectroscopie optique à contraste de speckle (SCOS). Telle une lampe torche traversant un brouillard, il projette une lumière infrarouge à travers le crâne et analyse la façon dont elle est réfléchie par le sang circulant dans les vaisseaux cérébraux. Cette technique permet de mesurer le débit et le volume sanguin dans le cerveau avec une précision inédite.
Le test consiste à mesurer le flux sanguin cérébral pendant trois minutes, dont une minute où le participant retient sa respiration. Cette apnée provoque une réaction du cerveau similaire à celle d’un marathonien en fin de course : il augmente l’afflux sanguin pour compenser le manque d’oxygène, révélant ainsi la santé des vaisseaux sanguins.
L’étude menée sur 50 participants a montré des différences significatives entre les groupes à faible et à haut risque d’AVC. Les personnes à haut risque présentaient un rapport débit/volume sanguin plus élevé, indiquant une rigidité accrue des vaisseaux sanguins. C’est comme si leurs vaisseaux étaient des tuyaux d’arrosage rigides plutôt que des tuyaux souples, augmentant le risque de rupture sous pression.
Les chercheurs, dont Simon Mahler et Yu Xi Huang, poursuivent leurs travaux pour affiner la technologie. Ils espèrent que ce dispositif pourra être utilisé largement pour le dépistage précoce du risque d’AVC, mais aussi pour aider à localiser précisément où un AVC a pu se produire dans le cerveau, comme une carte détaillée des dommages cérébraux.
Applications pratiques et perspectives futures
À l’avenir, ce dispositif pourrait devenir un outil standard dans les cabinets médicaux, permettant des examens de routine rapides et non invasifs. Il pourrait également être adapté pour un usage à domicile, permettant aux patients à risque de surveiller régulièrement leur santé cérébrale. De plus, la technologie pourrait être étendue à d’autres applications, comme l’évaluation de la santé cognitive ou la détection précoce de maladies neurodégénératives.
Cette innovation représente une avancée significative dans la prévention et la prise en charge des AVC. En permettant une évaluation plus précise et individualisée du risque, elle pourrait contribuer à réduire l’incidence de cette maladie dévastatrice. À terme, cela pourrait se traduire par une diminution des coûts de santé liés aux AVC et, surtout, par une amélioration de la qualité de vie de millions de personnes. Cette technologie nous rappelle que la prévention reste notre meilleure arme contre les maladies cérébrales, ouvrant la voie à un futur où les AVC pourraient devenir aussi rares que la polio aujourd’hui.
Les autres auteurs de l’article intitulé « Correlating stroke risk with non-invasive cerebrovascular perfusion dynamics using a portable speckle contrast optical spectroscopy laser device » sont Julian Michael Tyszka, directeur associé du Caltech Brain Imaging Center, et les docteurs Aidin Abedi, Yu Tung Lo, Patrick D. Lyden et Jonathan Russin de la Keck School of Medicine de l’USC. Ces travaux ont été soutenus par les National Institutes of Health et le USC Neurorestoration Center. 10.1364/BOE.534796