Le tellurure de niobium redéfinit la mémoire à changement de phase

Le tellurure de niobium redéfinit la mémoire à changement de phase

La mémorisation des données connaît un nouveau regain avec l’émergence de la mémoire à changement de phase (PCM – phase change material) exploitant les matériaux à changement de phase. Bien que relativement nouvelle, cette technologie offre une perspective passionnante de par sa haute densité de stockage et ses capacités de lecture et d’écriture plus rapides.

Cependant, les complexités liées à son mécanisme de commutation et ses méthodes de fabrication sophistiquées constituent des défis pour sa production en masse.

Métal di-chalcogénure : un candidat prometteur

Récemment, les matériaux bidimensionnels (2D) à base de métaux di-chalcogénures de Van Der Waals (vdW) se sont imposés comme une alternative de choix pour la PCM. Une équipe de chercheurs de l’Université de Tohoku a notamment mis en lumière l’utilisation de la pulvérisation pour fabriquer des tetrachalcogénures de vdW en 2D sur de grandes surfaces.

Ces scientifiques ont ainsi réussi à créer un matériau exceptionnel, le tellurure de niobium (NbTe4), se distinguant par un point de fusion ultra-bas d’environ 447 °C (température d’initiation), le démarquant ainsi des autres TMDs.

La technique de pulvérisation mise en lumière

La pulvérisation est une technique largement utilisée qui consiste à déposer des couches minces d’un matériau sur un substrat, permettant un contrôle précis de l’épaisseur et de la composition du film“, explique Yi Shuang, professeur assistant à l’Institut Avancé pour la Recherche sur les Matériaux de l’Université de Tohoku.

Le co-auteur de l’étude ajoute : “Nos films de NbTe4 déposés étaient initialement amorphes, mais pouvaient être cristallisés en une phase cristalline en couches 2D par recuit à des températures supérieures à 272 °C.

Un comportement singulier

Contrairement aux PCMs amorphes-cristallines conventionnels, comme le Ge2Sb2Te5 (GST), le NbTe4 présente à la fois un faible point de fusion et une haute température de cristallisation. Cette combinaison singulière permet de réduire les énergies de réinitialisation et d’améliorer la stabilité thermique à la phase amorphe.

L’évaluation des performances

Après la fabrication du NbTe4, les chercheurs ont ensuite évalué sa performance de commutation. Il a montré une réduction significative de l’énergie d’opération par rapport aux composés de mémoire à changement de phase conventionnels.

La température de rétention des données sur 10 ans a été estimée à 135 °C, ce qui est supérieur aux 85 °C du GST. Cela suggère une excellente stabilité thermique et la possibilité d’utiliser le NbTe4 dans des environnements à haute température, comme dans l’industrie automobile.

De plus, le NbTe4 a démontré une vitesse de commutation rapide d’environ 30 nanosecondes, soulignant davantage son potentiel en tant que mémoire à changement de phase de prochaine génération.

Des perspectives nouvelles

Nous avons ouvert de nouvelles possibilités pour le développement de mémoires à changement de phase performantes“, ajoute Shuang. “Avec le point de fusion bas du NbTe4, sa haute température de cristallisation et ses excellentes performances de commutation, il est bien positionné pour relever certains des défis actuels posés par les PCMs actuels.

En synthèse

L’avènement du NbTe4 dans le domaine de la mémoire à changement de phase marque un tournant prometteur. Avec ses performances élevées, sa faible consommation d’énergie et sa stabilité thermique supérieure, ce matériau se pose comme une solution potentielle aux défis de la PCM actuelle. Néanmoins, il convient de noter que le NbTe4, bien que prometteur, est encore à un stade précoce de développement et nécessite des études supplémentaires pour confirmer sa viabilité à grande échelle.

Pour une meilleure compréhension

Qu’est-ce que la mémoire à changement de phase (PCM) ?

La mémoire à changement de phase est un type de mémoire non volatile qui utilise la capacité d’un matériau à changer de phase pour stocker et récupérer des données. Ces matériaux peuvent passer d’un état amorphe (où les atomes sont désorganisés) à un état cristallin (où les atomes sont étroitement regroupés), ce qui produit une propriété électrique réversible.

Qu’est-ce que le tellurure de niobium (NbTe4) ?

Le tellurure de niobium est un matériau bidimensionnel qui a été identifié comme ayant un potentiel significatif pour une utilisation dans la mémoire à changement de phase. Il se distingue par son point de fusion ultra-bas d’environ 447 °C et une haute température de cristallisation, offrant une stabilité thermique améliorée.

Quels sont les avantages du NbTe4 pour la PCM ?

Le NbTe4 présente une combinaison unique d’un faible point de fusion et d’une haute température de cristallisation, ce qui réduit les énergies de réinitialisation et améliore la stabilité thermique. Il a également démontré une vitesse de commutation rapide et une réduction significative de l’énergie d’opération, ce qui pourrait en faire un élément clé de la prochaine génération de PCM.

Quels sont les défis associés à l’utilisation du NbTe4 ?

La fabrication du NbTe4 nécessite des méthodes sophistiquées et des contrôles précis de l’épaisseur et de la composition du film. De plus, bien que prometteur, le NbTe4 est encore à un stade précoce de développement et nécessite des recherches supplémentaires pour confirmer sa viabilité à grande échelle.

Détails de la publication : Titre : NbTe4 Phase-Change Material : Breaking the Phase-Change Temperature Balance in 2D van der Waals Transition-metal Binary Chalcogenide (en anglais). Auteurs : Yi Shuang, Qian Chen, Mihyeon Kim, Yinli Wang, Yuta Saito, Shogo Hatayama, Paul Fons, Daisuke Ando, Momoji Kubo et Yuji Sutou
Journal : Advanced Materials / DOI : 10.1002/adma.202303646

[ Rédaction ]

         

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