En 2023, à Munich, un immeuble de bureaux a produit plus d’énergie qu’il n’en consommait. Son secret ? Des surfaces photovoltaïques intégrées dans chaque élément architectural. Une réalisation qui préfigure l’architecture de demain, actuellement développée par l’institut Fraunhofer FEP en Allemagne à travers deux programmes majeurs : PEARL et BOOSTER.
Les prix de l’énergie grimpent, les normes environnementales se renforcent. Le secteur du bâtiment cherche des alternatives durables aux systèmes énergétiques traditionnels. Les cellules solaires pérovskites et organiques apportent une solution élégante : fines comme du papier et souples comme un tissu, elles s’intègrent naturellement aux structures architecturales.
Un film plastique plus fin qu’un cheveu humain mais capable de transformer la lumière en électricité : tel est le défi relevé par les équipes du Dr. Christian May. «Notre approche ressemble à celle d’un chef cuisinier qui combinerait deux ingrédients pour créer une saveur unique. Nous fusionnons une couche protectrice avec une électrode transparente, réduisant ainsi matériaux et coûts. L’enjeu majeur réside dans la préservation des propriétés de chaque composant lors de leur association.»
Les modules photovoltaïques organiques (OPV) représentent une alternative écologique unique. Patrick Schlenz, directeur du projet BOOSTER, partage son enthousiasme : «Nos tests en laboratoire ont démontré une résistance exceptionnelle. Les modules fonctionnent pendant plus de 4000 heures dans des conditions extrêmes – chaleur de 85°C et humidité de 85%. Un résultat qui dépasse nos attentes initiales.»
La fabrication des modules OPV s’apparente à l’impression d’un journal quotidien. Les chercheurs utilisent un procédé de rouleau à rouleau continu, similaire aux rotatives d’imprimerie. Les matériaux sélectionnés proviennent de ressources naturellement disponibles, garantissant une production écologique de bout en bout. L’absence totale de composants toxiques distingue également la technologie OPV des solutions traditionnelles.
Les laboratoires du Fraunhofer FEP ont franchi plusieurs étapes décisives :
– Un film protecteur optimisé offrant une transparence de 90%, contre 85% auparavant
– Une barrière renforcée contre les rayons UV et l’humidité
– Une durabilité accrue en conditions extérieures, validée par des tests intensifs
– Un système de production industrielle adapté aux grandes surfaces
Les chercheurs multiplient les expérimentations grandeur nature. Trois sites de démonstration, répartis entre l’Allemagne et l’Italie, accueilleront les premiers modules en conditions réelles. Un ingénieur du projet témoigne : «L’installation sur des surfaces courbes ou verticales nous permettra d’explorer tout le potentiel de la technologie. Chaque site présente des caractéristiques uniques qui enrichiront notre compréhension du comportement des modules.»
Les applications architecturales se déploient déjà :
– Des fenêtres transformant la lumière naturelle en électricité
– Des façades devenant des centrales énergétiques
– Des toitures légères générant du courant
– Des éléments décoratifs alliant esthétique et production d’énergie
Les bâtiments évoluent vers une autonomie énergétique complète.
Les technologies PEARL et BOOSTER transforment chaque surface exposée à la lumière en source potentielle d’énergie. À Munich, Berlin ou Milan, les premiers exemples concrets démontrent la viabilité de l’approche. Les équipes du Fraunhofer FEP continuent leurs recherches pour optimiser les performances et réduire les coûts de production, rendant ainsi la technologie accessible au plus grand nombre.
L’intégration de modules photovoltaïques dans l’architecture représente plus qu’une simple innovation technologique : elle marque une transformation profonde de notre rapport à l’énergie. Les bâtiments deviennent acteurs de leur propre consommation énergétique, participant activement à la transition vers un modèle plus durable.
Légende illustration : Bâtiment futuriste équipé de cellules solaires en pérovskite sur le toit et de cellules photovoltaïques organiques intégrées sur les façades incurvées. (© Generated by AI)
Source : Fraunhofer FEP