Les “cités Kyoto” n’atteindront pas leurs objectifs

Selon un rapport de l’Institute for Local Self-Reliance (ILSR), la plupart des villes réunies au sein de l’accord sur la protection du climat (U.S. Mayors Climate Protection Agreement, juin 2005) ne parviendront pas à atteindre l’objectif de ramener en 2012 leurs émissions de gaz à effet de serre à un niveau inférieur d’au moins 7% aux émissions de 1990, année de référence.

Cette initiative, lancée à Seattle par le maire Greg Nickels, visait à engager des municipalités américaines dans un processus de type "Kyoto" (protocole entré en vigueur le 16/2/2005), sans attendre un ralliement hypothétique des Etats-Unis à un accord international qu’il refuse toujours de ratifier. Actuellement (10/1/2006), l’alliance des villes regroupe 358 municipalités et rassemble plus de 55 millions d’habitants, soit 18 % de la population américaine.

Fervent supporteur de ce mouvement, l’ILSR affiche néanmoins un certain scepticisme vis-à-vis la capacité des villes à atteindre les objectifs fixés. Sur la base d’un échantillon de 10 villes, le rapport met en avant plusieurs obstacles : disponibilité de données fiables (inventaires d’émissions), difficultés méthodologiques (notamment dans l’estimation des émissions dues aux transports), diversité des situations d’une ville à l’autre (principalement du point de vue de la génération électrique), part trop grande faite à des mesures nationales ou fédérales encore hypothétiques (renewable electricity standards, normes automobiles, marché de permis d’émission) et faiblesse des investissements consentis par les villes. Le rapport souligne également que ces villes, souvent citées comme exemplaires par les médias, ont vu leurs émissions augmenter entre 6,5 et 27% depuis 1990 et en moyenne de 16% sur la période, un chiffre presque identique à la moyenne du pays.

Ces interrogations sur la capacité réelle de municipalités à atteindre des objectifs globaux dans le périmètre de leur seule juridiction, tendent à démontrer que les Etats-Unis ne peuvent faire l’économie d’un encadrement autoritaire des émissions au niveau fédéral. Une douzaine de projets de lois portant instauration d’un système "cap-and-trade" pour les gaz à effet de serre est en préparation au Congrès, tandis qu’un rapport de l’Energy Information Agency vient de conclure que des mesures contraignantes de réduction des émissions de GES seraient sans dommages substantiels pour l’économie américaine.

L’argument de l’économie américaine avait été au centre des motifs d’une résolution adoptée par le Sénat en juillet 1997 pour s’opposer à toute participation américaine au Protocole de Kyoto. Face à une opposition massive du Sénat l’exécutif américain avait dû se contenter d’une signature symbolique du Protocole le 12 novembre 1998.

 
Cette information est un extrait du BE Etats-Unis numéro 62 du 18/01/2007 rédigé par l’Ambassade de France aux Etats-Unis. Les Bulletins Electroniques (BE) sont un service ADIT et sont accessibles gratuitement sur www.bulletins-electroniques.com

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