“Les déchets ont trop de valeur pour être uniquement éliminés”

Les États membres de l’Union Européenne les plus performants recyclent jusqu’à 70 % de leurs déchets et n’enfouissent pratiquement rien, tandis que d’autres mettent en décharge plus des trois quarts de leurs détritus, tels sont les principaux enseignements rapportés par la Commission européenne.


Comment les pays les plus performants ont-ils transformé les déchets, autrefois source de problèmes, en ressource ?

Un nouveau rapport de la Commission européenne a dévoilé lundi la solution : "grâce à l’effet combiné de plusieurs instruments économiques". Taxes et interdictions de mise en décharge et d’incinération, programmes de responsabilité du producteur et systèmes de tarification sont les outils les plus efficaces pour envoyer les flux de déchets sur des chemins plus durables. Si l’Union européenne veut atteindre les objectifs spécifiés dans la Feuille de route pour une Europe efficace dans l’utilisation des ressources, c’est-à-dire supprimer totalement la mise en décharge, maximiser le recyclage et la réutilisation des déchets et limiter la récupération d’énergie aux déchets non-recyclables, ces instruments économiques devront être répandus dans tous les États membres.

« Les déchets ont trop de valeur pour être uniquement éliminés. Si cela est géré correctement, cette valeur peut être réinjectée dans l’économie. Six États membres parviennent, à l’heure actuelle, à la suppression presque totale de la mise en décharge et ont un taux de recyclage élevé. Non seulement ces États exploitent la valeur des déchets, mais ils ont également créé une industrie prospère et de nombreux emplois. Ce rapport explique comment: grâce à une variété d’instruments économiques, ils ont augmenté l’attrait économique de la prévention, de la réutilisation des déchets et du recyclage. Nous avons la responsabilité, avec les États membres et les autorités locales, d’assurer l’utilisation efficace de ces instruments et leur diffusion dans toute l’Union européenne. C’est l’un des objectifs principaux de la Feuille de route pour une Europe efficace dans l’utilisation des ressources » a déclaré Janez Potocnik, membre de la Commission européenne chargé de l’environnement.

Le meilleur moyen d’améliorer la gestion des déchets selon l’expérience des Etats membres

Taxes et interdictions de mise en décharge et d’incinération – les résultats de l’étude sont sans équivoque : les taux de mise en décharge et d’incinération ont baissé dans les pays où interdictions ou taxes ont entraîné une augmentation des coûts de mise en décharge et d’incinération. Les systèmes de tarification se sont révélés très efficaces pour prévenir la génération de déchets et encourager les citoyens à participer aux collectes séparées. Les programmes de responsabilité des producteurs ont permis à plusieurs États membres de collecter et redistribuer les fonds nécessaires à l’amélioration des collectes séparées et du recyclage. Mais la rentabilité et la transparence varient énormément entre les États membres ainsi qu’entre les flux de déchets. Ces systèmes nécessitent donc une planification et un suivi minutieux.

Différences considérables entre États membres

Il y a des différences considérables entre les États membres en ce qui concerne la gestion des déchets. D’après un rapport publié par Eurostat le 27 mars, les 6 États membres les plus performants, c’est-à-dire la Belgique, le Danemark, l’Allemagne, l’Autriche, la Suède et les Pays-Bas mettent en décharge moins de 3 % de leurs déchets municipaux. À l’autre extrémité, neuf États membres mettent encore en décharge plus de 75 % de leurs déchets municipaux. Des statistiques récentes publiées par Eurostat soulignent les progrès constants réalisés par certains nouveaux États membres, où les taux de recyclage augmentent rapidement. La génération des déchets municipaux a également diminué dans plusieurs États membres, probablement à cause de la récession économique.

Instruments économiques nécessaires pour atteindre les objectifs de l’UE

Il faudra nécessairement reproduire ces instruments dans tous les États membres si l’UE veut atteindre les objectifs visés dans sa législation en matière de déchets et ses objectifs en matière d’efficacité des ressources. C’est la raison pour laquelle la possibilité de rendre leur utilisation juridiquement contraignante sera évaluée en 2014, lors d’un réexamen des objectifs de l’UE en matière de déchets. La Commission a également inclus la gestion rationnelle des déchets dans les conditions d’octroi de certains fonds européens.

Le déchet, un secteur prometteur

Entre-temps, la Commission encourage les États membres à mettre en œuvre de façon plus efficace la législation en vigueur en matière de déchets. La gestion des déchets et l’industrie du recyclage au sein de l’Union européenne ont réalisé un chiffre d’affaires de 145 milliards d’euros en 2008 et représentaient environ 2 millions d’emplois. L’application intégrale de la politique de l’UE en matière de déchets permettrait la création de 400.000 emplois supplémentaires au sein de l’Union et augmenterait de 42 milliards d’euros le chiffre d’affaires annuel du secteur.

L’amélioration de la gestion des déchets permettrait d’atteindre plusieurs objectifs généraux et spécifiques d’Europe 2020, une stratégie pour une croissance intelligente, durable et inclusive.

La mise en décharge représentait encore près de 40% des déchets municipaux traités dans l’UE27 en 2010

Dans l’UE27, 502 kg de déchets municipaux1 ont été générés par personne en 2010, tandis que 486 kg de déchets municipaux par personne ont été traités2.

Ces déchets municipaux ont été traités selon différentes méthodes3: 38% ont été mis en décharge, 22% incinérés, 25% recyclés et 15% compostés.

La quantité de déchets municipaux générés varie fortement selon les États membres.

Chypre présentait la plus grosse quantité de déchets municipaux générés en 2010 avec 760 kg par personne, suivi du Luxembourg, du Danemark et de l’Irlande avec des volumes se situant entre 600 kg et 700 kg par personne, puis les Pays-Bas, Malte, l’Autriche, l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie, le Royaume-Uni ainsi que le Portugal avec des volumes compris entre 500 et 600 kg. Pour la Finlande, la Belgique, la Suède, la Grèce, la Slovénie, la Hongrie et la Bulgarie, les volumes se situaient entre 400 et 500 kg, tandis que des volumes inférieurs à 400 kg par personne ont été enregistrés en Lituanie, en Roumanie, en Slovaquie, en République tchèque, en Pologne, en Estonie et en Lettonie.

L’incinération représente la moitié ou plus du traitement des déchets au Danemark et en Suède

Les méthodes de traitement diffèrent sensiblement entre les États membres. En 2010, les États membres présentant la part la plus importante de déchets municipaux mis en décharge ont été la Bulgarie (100% des déchets traités), la Roumanie (99%), la Lituanie (94%) et la Lettonie (91%).

Les pourcentages les plus élevés de déchets municipaux incinérés ont été observés au Danemark (54% des déchets traités), en Suède (49%), aux Pays-Bas (39%), en Allemagne (38%), en Belgique (37%), au Luxembourg (35%) et en France (34%). Dans dix États membres, le pourcentage de déchets incinérés était égal ou inférieur à 1%.

Le recyclage des déchets municipaux était le plus fréquent en Allemagne (45% des déchets traités), en Belgique (40%), en Slovénie (39%), en Suède (36%), en Irlande (35%) et aux Pays-Bas (33%). Les États membres ayant les taux de compostage de déchets municipaux les plus élevés étaient l’Autriche (40%), les Pays-Bas (28%), la Belgique (22%), le Luxembourg (20%), le Danemark (19%) et l’Espagne (18%).

Le recyclage et le compostage des déchets municipaux représentaient ensemble 50% ou plus des déchets traités en Autriche (70%), en Belgique et en Allemagne (62% chacun), aux Pays-Bas (61%), ainsi qu’en Suède (50%). Dans cinq États membres, moins de 10% des déchets étaient recyclés ou compostés.

1. Les déchets municipaux sont constitués pour une large part des déchets générés par les ménages, mais ils peuvent également inclure les déchets similaires générés par des petites entreprises et des établissements publics et collectés par les services municipaux. Cette proportion des déchets municipaux peut varier d’une commune à l’autre et d’un pays à l’autre, en fonction du système local de gestion des déchets.
Pour les zones non couvertes par un système municipal de collecte des déchets, le volume de déchets générés est estimé. Les déchets agricoles et industriels ne sont pas inclus.

2. Les quantités déclarées de déchets générés et traités ne correspondent pas exactement pour certains États membres pour les raisons suivantes: les estimations pour la population non couverte par des systèmes de collecte, les pertes de poids dues à la déshydratation, les doubles comptages des déchets subissant deux ou plusieurs étapes de traitement, les exportations et les importations de déchets et les délais entre la production et le traitement (stockage temporaire).

3. Le traitement des déchets se réfère aux méthodes suivantes:

La mise en décharge est définie comme le dépôt de déchets dans ou sur le sol, notamment dans des décharges spécialement conçues, et le stockage temporaire de plus d’un an.
L’incinération désigne le traitement thermique des déchets dans une usine d’incinération.

Le recyclage correspond à toute opération de valorisation par laquelle les déchets sont retransformés en produits, matières ou substances aux fins de leur fonction initiale ou à d’autres fins, sauf utilisation comme carburant.

Le compostage est le traitement biologique (anaérobique ou aérobique) des matières biodégradables aboutissant à l’obtention d’un produit réutilisable. En principe, les données relatives aux déchets municipaux traités concernent uniquement les déchets traités dans l’État membre et ne tiennent pas compte des déchets exportés en vue de leur traitement. Cependant, les capacités de recyclage peuvent être limitées dans de petits pays. Le Luxembourg est un cas où les quantités recyclées incluent les exportations.

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Guydegif(91)

”…rapport publié par Eurostat le 27 mars, les 6 États membres les plus performants, c’est-à-dire la Belgique, le Danemark, l’Allemagne, l’Autriche, la Suède et les Pays-Bas mettent en décharge moins de 3 % de leurs déchets municipaux. À l’autre extrémité, neuf États membres mettent encore en décharge plus de 75 % de leurs déchets.” –> la France n’est pas parmi les champions ci-dessus !!! Peut mieux faire ! Article intéressant ! YA+KA appliquer les actions à en déduire….en cohérence . A+ Salutations Guydegif(91)

bolton

Quand j’étais petit je me disais qu’un jour on enverrai des robots (ou des gens) non sur la lune et sur Mars, mais dans nos décharges, récupérer toutes ces matières premières que nous avons jetées négligemment… Aujourd’hui cette idée me paraît toujours plausible…

Barbecue

Bonjour, Merci pour cet article extrêmement intéressant. Sera-t-il possible d’avoir un lien vers le rapport cité dans l’article ? Rien d’autre n’est indiqué qu’un rapport “dévoilé lundi par la Commission”. Merci d’avance