Combien nous coûtent les coupures de courant en France ?

Selon une enquête réalisée par le RTE, le coût d’une coupure d’électricité supérieure à 3 minutes s’élève à 26 € / kWh, ce qui correspond à environ 200 fois le prix de la fourniture de cette même énergie.

"Ce coût économique s’est accru d’environ 10% sur la dernière décennie" a précisé le Gestionnaire du Réseau Electrique français.

Cette enquête sur le coût de l’énergie non distribuée en France a été réalisée auprès d’un panel de près de 1600 clients, représentatifs de l’ensemble des différentes typologies de consommateurs d’électricité en France (particuliers, industriels, réseaux ferrés, établissements tertiaires et agricoles) et des différents secteurs économiques.

Ceux-ci ont été interrogés sur leur sensibilité à la continuité et à la qualité de leur fourniture d’électricité : les perturbations subies, leurs conséquences, leur évaluation des coûts associés, etc. La méthodologie, conforme aux recommandations européennes, et les résultats ont été présentés et discutés au sein du Comité des Utilisateurs du Réseau de Transport d’Electricité (CURTE).

L’enquête a permis d’identifier les différents impacts des coupures d’électricité au vu des évolutions des usages de la société. En effet, avec le développement des technologies de l’information et de la communication et la tertiarisation de l’économie, la consommation d’électricité a évolué parallèlement au changement des modes de vie, personnels et professionnels. La « non-qualité » de l’électricité a, de fait, aujourd’hui un impact plus important.

Ces paramètres économiques vont permettre aux autorités concernés (RTE, CRE) de prendre les bonnes décisions en matière de renforcement et de développement du réseau de transport, dont le maillage permet d’éviter des coupures.

L’exemple du Grand Paris :

Le Grand Paris à l’horizon 2025 devrait se traduire par une croissance de la puissance électrique qui pourrait atteindre 3000 MW, ce qui est supérieur à la puissance appelée par la ville de Paris en hiver.

La consommation en période de pointe, source de tensions sur le réseau, comme la récente vague de froid l’a montré, risque elle aussi de s’amplifier. Il sera donc nécessaire de mettre en œuvre de nouvelles technologies et de nouveaux services énergétiques pour maîtriser ces évolutions.

Combien nous coûtent les coupures de courant en France ?

 


Quels facteurs influent sur le coût d’une interruption ?

Les coûts varient selon le secteur d’activité et la puissance souscrite.

Le secteur industriel supporte les coûts les plus importants en valeur absolue.

Ainsi par exemple, les dommages subis du fait des coupures longues par les grands industriels s’élèvent à 115 K€ en moyenne pour le panel interrogé. Ceux affectant les entreprises du secteur tertiaire se chiffrent à 4000 euros en moyenne (quelques centaines d’euros pour les plus petites d’entre elles). Les agriculteurs déclarent des coûts plus faibles.

Le secteur tertiaire subit le coût le plus élevé rapporté au kWh non consommé.

La moitié du coût socio-économique des dommages consécutifs aux coupures de courant est supporté par le secteur tertiaire alors que celui-ci ne représente que 20 % de la consommation électrique française.

Ce phénomène résulte de plusieurs facteurs :

– le grand nombre de petits établissements tertiaires (supérieur à 2 millions en France) ;
– le poids du tertiaire dans l’économie française (plus de 75 % du PIB) ;
– pris individuellement, leur consommation électrique, à laquelle est rapportée le coût de la coupure, est relativement faible ;
– la part élevée des coûts sociétaux (32 € / kWh) supportés par le secteur tertiaire en cas de coupure, du fait en particulier des coûts de main – d’œuvre et des préjudices subis par le public présent dans les établissements lors de la coupure.

Plus l’interruption dure, plus son coût économique est élevé

– Pour les entreprises hors secteur ferroviaire, toute perturbation de l’alimentation électrique est préjudiciable du point de vue économique, quelle que soit sa durée. Mais le préjudice augmente fortement au-delà de 30 minutes à 1 heure.

 

Combien nous coûtent les coupures de courant en France ?

– Pour les ménages, le préjudice commence à peser au-delà de 6 heures.

L’impact sociétal d’une coupure de courant se fait essentiellement sentir quand la coupure d’électricité dure. Il est extrêmement élevé pour le secteur ferroviaire. Ainsi, pour le transport ferroviaire, le coût socio-économique d’une coupure longue s’élève à 138 €/ kWh, dont 1€/ kWh pour le coût économique (heures supplémentaires, réparations effectuées) et 137 €/ kWh pour le coût sociétal.  Celui-ci correspond au temps perdu par les voyageurs (son évaluation est réalisée à partir d’un barème établi par les pouvoirs publics).

Combien nous coûtent les coupures de courant en France ?

Au-delà de 6 heures, le préjudice causé aux ménages par une coupure de courant s’accroît. En valeur absolue, il est alors 3,5 fois supérieur à celui d’une coupure comprise entre 1 heure et 6 heures (140 € versus 40 €). Cela s’explique en particulier par la perte des denrées alimentaires et la dégradation de matériels informatiques. La valeur des aliments placés au congélateur et qu’il faut jeter peut s’élever jusqu’à 350 € (120 € en moyenne) et les dommages causés aux équipements informatiques peuvent atteindre 2 800 € (350 € en moyenne).

Pour les entreprises, le coût moyen des perturbations de la qualité de l’électricité équivaut à celui d’une coupure brève.

La majorité des entreprises interrogées sont sensibles aux variations de tension. Néanmoins, elles évaluent le seul coût des creux de tension et, dans une moindre mesure, des surtensions. En moyenne, ce coût avoisine celui d’une coupure brève.

Les ménages sont beaucoup plus sensibles que les entreprises aux coupures d’électricité survenant en hiver.

Pour 60 % des entreprises interrogées, les conséquences économiques d’une coupure d’électricité sont identiques quelle que soit la saison où elles surviennent. Un gros quart estime que les dommages sont supérieurs en hiver.

Quant aux ménages, ils déclarent consentir à payer 2 fois plus en hiver qu’en été pour éviter une heure de coupure d’électricité.

Prévenir les entreprises d’une coupure en diminuerait de moitié le préjudice économique.

Dans l’hypothèse où elles seraient informées au préalable d’une coupure d’électricité, les entreprises estiment leur préjudice à la moitié de celui d’une coupure fortuite.

Quel prix à payer pour éviter des coupures et quelle compensation recevoir pour les accepter ?

Lors de l’enquête, les consommateurs ont été interrogés sur le prix qu’ils acceptera ient de payer pour éviter une coupure et ses conséquences, et la somme qu’ils demanderaient en guise d’indemnisation préalable pour des coupures d’une heure, 4 fois dans l’année (effacement volontaire). Compte tenu de la diversité de leur situation, les entreprises ont apporté des réponses extrêmement variables.

Les ménages ont quant à eux répondu de façon plus lisible. Alors que le coût réel moyen (tel que relevé dans l’enquête) d’une coupure d’une heure se monte à 25 €, les ménages seraient prêts à payer 17 € seulement pour l’éviter. Ils demanderaient 49 € aux gestionnaires de réseau en contrepartie d’un effacement volontaire.

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Tech

avec MGE UPS, SOCOMEC, EATON, et d’autres! la france dispose d’un large catalogue de fabricants d’alimentations sauvegardées. (Uninterruptible Power Supply) RTE et EDF, pourraient bonifier des investissements dans ces équipements par les entreprises. et cela pourrait accélérer la transition vers le smart grid. exemple tout un immeuble de bureau dispose de “réserve” d’alimentation de 1 heure, RTE peut alors ce permettre “d’éteindre” ce segment, pour pouvoir mieux réagir ailleurs. ou sur le segment qui arrive à cet immeuble! il n’y a pas que les lignes qu’il faut sécuriser, mais le stockage. Soit chez edf ou RTE, soit chez l’utilisateur une sorte d’assurance coupure via le stockage en quelque sorte.