Les oiseaux migrateurs survivront-ils à notre monde connecté ?

Les oiseaux migrateurs survivront-ils à notre monde connecté ?

Une nouvelle étude révèle un contraste marquant entre l’effet des différentes fréquences d’ondes radio sur le système de navigation magnétique des oiseaux migrateurs.

Tandis que certaines fréquences peuvent perturber leur capacité d’orientation, les fréquences utilisées dans les réseaux de téléphonie mobile s’avèrent inoffensives pour ces créatures ailées.

La recherche, publiée dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), a été menée par une équipe de chercheurs sous la direction du professeur Dr. Henrik Mouritsen de l’Université d’Oldenburg et du professeur Dr. Peter Hore de l’Université d’Oxford.

En combinant des expériences comportementales avec des calculs quantiques mécaniques sur un superordinateur, l’équipe a pu affiner la compréhension du mécanisme d’orientation magnétique des oiseaux.

Focus sur le cryptochrome

L’étude actuelle se penche en particulier sur le cryptochrome 4, une protéine sensible à la lumière qui, selon les chercheurs, serait le capteur magnétique dans les yeux des oiseaux.

Les chercheurs avaient déjà montré que certaines fréquences d’ondes radio, en particulier dans la gamme de 75 à 85 mégahertz, affectent négativement le sens du magnétisme de ces oiseaux. Les résultats de cette nouvelle étude soulignent que des fréquences plus élevées, telles que celles utilisées dans les réseaux de téléphonie mobile, n’ont pas d’effet perturbateur.

Implications et découvertes majeures

Dans l’étude actuelle, une équipe dirigée par Mouritsen et Hore ainsi que les deux auteurs principaux – le biologiste Bo Leberecht et le chimiste Siu Ying Wong ont mené des expériences avec des fréquences comprises entre 140 et 150 mégahertz et entre 235 et 245 mégahertz. Ils ont constaté que les ondes radio dans ces deux bandes de fréquences n’affectaient pas le sens de la boussole magnétique des oiseaux, ce qui confirmait les prédictions théoriques des scientifiques.

“Nos expériences, associées à des prédictions théoriques détaillées, fournissent des preuves solides que le magnétorécepteur de la boussole des oiseaux migrateurs est basé sur une paire de radicaux contenant de la flavine et non sur un type de récepteur complètement différent, par exemple un récepteur basé sur des nanoparticules magnétiques”, explique le professeur Henrik Mouritsen.

Il est important de mieux comprendre la magnétoréception pour améliorer la protection des oiseaux migrateurs. Elle peut permettre de répondre à des questions essentielles, telles que le type de rayonnement électromagnétique qui fait dévier les oiseaux de leur route et qui devrait donc être évité dans des zones telles que les réserves naturelles où les oiseaux migrateurs s’arrêtent pour se reposer.

Le professeur Mouritsen conclut que si les ondes radio utilisées pour la radiodiffusion et la télévision ou la radio CB jouent un rôle décisif dans la perturbation de la magnétoréception, les réseaux de communication mobile n’altèrent pas le sens magnétique des oiseaux : “Les fréquences utilisées ici sont toutes supérieures au seuil pertinent“.

En synthèse

Les fréquences radio utilisées dans les réseaux de téléphonie mobile n’altèrent pas le système d’orientation magnétique des oiseaux migrateurs. Cette découverte pourrait avoir des implications majeures pour la conservation des espèces aviaires migratrices, en fournissant des informations clés sur les types de radiations électromagnétiques à éviter dans les réserves naturelles.

Pour une meilleure compréhension

Quelles sont les fréquences radio qui affectent les oiseaux ?

Les fréquences entre 75 et 85 mégahertz semblent perturber leur sens magnétique.

Quelle est la protéine en question ?

Il s’agit de la protéine cryptochrome 4.

Quelle méthodologie les chercheurs ont-ils utilisée ?

Les chercheurs ont combiné des expériences comportementales avec des simulations quantiques mécaniques.

Quelle est la prochaine étape ?

Davantage de recherches sont nécessaires pour déterminer si les oiseaux en vol libre sont également affectés.

Quel est l’impact de ces découvertes sur la conservation des oiseaux ?

Cela pourrait aider à mieux protéger les itinéraires migratoires en évitant certaines fréquences d’ondes radio.

Article : “Upper bound for broadband radiofrequency field disruption of magnetic compass orientation in night-migratory songbirds” – DOI: 10.1073/pnas.2301153120 

Crédit image : mali maeder

[ Rédaction ]

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