Les ailes des papillons, avec leurs couleurs éclatantes, fascinent depuis longtemps les scientifiques. Une étude récente a enfin révélé le secret de cette coloration vibrante, ouvrant la voie à des applications technologiques innovantes.
Découverte des mécanismes de coloration des ailes de papillon
Grâce à une microscopie de super-résolution de pointe, des chercheurs de l’Université de Sheffield et du Central Laser Facility ont pu examiner les étapes de développement des écailles de papillon, retraçant leur formation depuis la chenille jusqu’au papillon adulte.
Cette étude, publiée dans la revue Nature Communications, révèle que l’actine, une protéine présente dans les écailles des papillons, orchestre l’agencement complexe des structures colorées. Les scientifiques ont observé que les écailles colorées possédaient des faisceaux d’actine beaucoup plus denses, créant des crêtes plus réfléchissantes.
Rôle crucial de l’actine dans la formation des couleurs
En comparant les écailles colorées aux écailles ternes, les chercheurs ont constaté que les premières avaient des faisceaux d’actine plus denses, ce qui générait des crêtes plus réfléchissantes. En utilisant des microscopes puissants, ils ont observé le déplacement de l’actine pendant la croissance des écailles et la formation des couleurs, démontrant ainsi l’importance de l’actine dans la création des couleurs des papillons.
Ces couleurs structurelles peuvent survivre à des environnements difficiles, comme une lumière solaire directe intense, car il n’y a pas de pigments susceptibles de se décolorer ou de s’endommager.
En étudiant les mécanismes derrière la coloration des ailes de papillon, les chercheurs espèrent obtenir des informations sur des domaines plus vastes de la formation des structures cellulaires, y compris des applications potentielles dans les domaines de la détection et du diagnostic, qui pourraient être importantes pour de nombreuses technologies, y compris la médecine.
Les technologies basées sur les couleurs structurelles, imitant les propriétés réfléchissantes des écailles de papillon, sont prometteuses dans des domaines tels que les capteurs et les diagnostics médicaux, offrant des solutions rapides et réactives en dehors des approches traditionnelles en laboratoire.
Témoignages des chercheurs
Dr Andrew Parnell, du Département de physique et d’astronomie de l’Université de Sheffield, et auteur principal de l’étude, a déclaré : « L’actine est comme un couturier, disposant et fixant l’agencement de ces structures pour façonner les couleurs vibrantes. Une fois le travail de l’actine terminé, elle quitte la cellule comme on retire les épingles en couture. »
Dr Nicola Nadeau, de l’École des biosciences de l’Université de Sheffield, et co-auteur de l’article, a ajouté : « Je trouve fascinant que, pendant la métamorphose, les papillons soient capables de produire ces structures incroyablement complexes et si finement dessinées. Comprendre comment ils font cela et comment c’est contrôlé par la machinerie cellulaire nous a donné de nouvelles perspectives sur la formation des structures biologiques en général et sur la manière dont nous pourrions reproduire ces processus. »
Dr Esther Garcia, du STFC Central Laser Facility, a déclaré : « En tant que microscopiste, faire partie de ce projet a été incroyablement excitant. Nous avons visualisé les écailles de papillon avec un niveau de détail sans précédent. Cette recherche fournit non seulement des informations nouvelles sur les minuscules parties de ces cellules, mais constitue également un outil pour d’autres scientifiques intéressés par l’étude de structures similaires chez d’autres organismes. »
Dr Victoria Lloyd, associée de recherche à l’École des biosciences de l’Université de Sheffield et première auteure de l’article, a conclu : « Montrer que la perturbation de l’actine élimine la couleur était essentiel. Cela souligne le rôle dynamique et indispensable que joue l’actine dans la production des couleurs vibrantes trouvées dans les écailles de papillon. »
Article : « The actin cytoskeleton plays multiple roles in structural colour formation in butterfly wing scales » – DOI: s41467-024-48060-3