Méthanisation : coup de boost sur la filière française

Le nouveau dispositif de soutien à la méthanisation par l’injection de « biométhane » dans les réseaux de gaz naturel a été présenté hier par le Ministre chargé de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique, Eric Besson.

La méthanisation consiste à produire du gaz naturel (méthane) au moyen de déchets. Ce processus permet ainsi de valoriser les déchets urbains, industriels, agricoles en une énergie renouvelable. Avec ce nouveau dispositif réglementaire, les producteurs de biométhane pourront désormais injecter leur production de gaz à partir de déchets dans les réseaux de gaz naturel.

En fonction de la taille de l’installation, du type d’unité de production et de la nature des déchets valorisés, les producteurs de biométhane bénéficieront d’un tarif d’achat compris entre 45 et 125 euros par mégawattheure. Ce nouveau dispositif s’ajoute au soutien mis en place par le Gouvernement :

– pour la production d’électricité à partir de déchets. En mai, le Gouvernement a revalorisé le tarif d’achat de 15 à 25 % pour les installations agricoles ;

– pour la production de chaleur à partir de déchets. Le Gouvernement a doté de 1,2 milliards d’euros un Fonds Chaleur Renouvelable pour la période 2009-2013.

Il faut savoir que la revalorisation du tarif d’achat de l’électricité entraînera une hausse d’environ 1 % de la facture d’électricité des consommateurs, correspondant à un soutien estimé à 300 M€/an à l’horizon 2020.

Méthanisation : coup de boost sur la filière française
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La France vise ainsi un développement de la valorisation des déchets sous forme de gaz injecté dans le réseau à hauteur environ du tiers de la production annuelle actuelle de gaz naturel en France (1). Par ailleurs, il est également prévu une multiplication par 4 de la production d’électricité à partir de déchets en 2020 (avec un objectif correspondant à environ le tiers de la production annuelle d’un EPR (2) ainsi que la multiplication par 7 de la production de chaleur à partir de déchets (avec un objectif correspondant à environ le sixième de l’énergie consommée sur les réseaux de chaleur en France (3).

L’utilisation de biométhane en tant que biocarburant est également favorisée dans le nouveau cadre de soutien pour l’injection, via une disposition spécifique du tarif d’achat du biométhane injecté dans les réseaux de gaz naturel. Cette disposition permet de rendre plus attractive économiquement l’utilisation de biométhane comme carburant.

La méthanisation se caractérise par une très grande disparité des coûts d’investissement et des coûts de fonctionnement d’un projet à l’autre. Ceux-ci sont en effet extrêmement variables selon la taille de l’installation, des déchets utilisés pour la production du biogaz et des contraintes territoriales du lieu de production.

En conséquence, le nouveau dispositif mis en place permet d’articuler d’une part, des aides fixées à l’échelon national (nouveaux tarifs d’achat garantis pour le biogaz injecté + des tarifs d’achat revalorisés de l’électricité) et d’autre part, des aides fixées à l’échelon territorial, destinées à compléter, le cas échéant, le financement des projets de méthanisation tout en orientant les porteurs de projets vers les valorisations les plus intéressantes.

La loi Grenelle 2 a posé en 2010 les bases législatives d’un nouveau dispositif d’obligation d’achat pour le biométhane injecté dans les réseaux de gaz naturels, semblable à celui établi pour l’électricité. Avec la parution des textes réglementaires précisant ce dispositif, les producteurs de biométhane injecté dans les réseaux de gaz naturel bénéficieront dorénavant d’un tarif d’achat réglementé et garanti. La création de ce tarif correspond à un soutien de 200 M€/an à l’horizon 2020.

Le choix a été fait de ne négliger aucune filière et de se fixer pour chacune une ligne directrice à l’horizon 2020. Parmi ces filières, la méthanisation fait figure d’exemple en termes d’application locale des valeurs du développement durable. En plus d’être simultanément une filière de production d’énergie renouvelable et une filière de traitement écologique des déchets organiques, elle s’inscrit véritablement dans une logique de territoire en s’adaptant aux besoins locaux.

En 2010, la production d’électricité à partir de biogaz a été d’environ 1 térawatt-heure. C’est l’équivalent de la consommation moyenne de plus de 200 000 foyers (hors chauffage. La production de chaleur à partir de biogaz a été d’environ environ 1,6 térawatt-heure, soit 129 000 tonnes équivalent pétrole.

D’ici 2020, le nombre d’installations devra passer d’environ 200 actuellement à près de 1 500. La progression sera considérable pour les installations avec une participation agricole. Celles-ci sont actuellement près d’une quarantaine sur le territoire alors qu’elles seront près d’un millier en 2020.

Le biogaz permettra d’alimenter l’équivalent de 800 000 foyers en électricité renouvelable (hors chauffage) et de produire l’équivalent de 555 000 tonnes de pétrole en chaleur renouvelable.

1 Soit un objectif de 270 millions de mètres cubes par an en 2020.
2 Soit un objectif de 3,7 térawattheures par an en 2020.
3 Soit un objectif de 555 000 tonnes équivalent pétrole par an en 2020.


Définitions :

Térawatt-heure (TWh) = 1 000 gigawatt-heure (GWh) = 1 000 000 mégawatt-heure (MWh)

La tonne équivalent pétrole (tep) est une unité de mesure des quantités d’énergie (au même titre que le Joule ou le kilowatt-heure par exemple) qui est très utilisée pour parler de chaleur car elle permet de visualiser combien de tonne de pétrole il faudrait « brûler » pour produire une quantité de chaleur.

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Samivel51

Une fois de plus, on se reveille 20 ans apres l’Allemagne, qui possede deja des milliers d’installations de ce type, et prendra 80% du marche de ces equipements industriels.

vince59

Essayer de monter des projets de ce type en France et en principe vous avez droit lors de l’enquete publique: – à l’opposition de l’association qui refuse les nuisances olfactives, réelles ou supposées (ils s’associent souvent à l’assoc. anti nuisance sonore ou visuelle) – à l’opposition du comité anti-tracteur (et oui pour que ce soit rentable il faut souvent mutualiser l’investissement entre plusieurs ferme, d’où l’insupportable balet de véhicules agricoles) – à l’opposition de l’association antitout qui va fédérer tout ce que le coin compte d’anti nouvelle installation et partisans du principe de précaution (contre quoi , A sait pas mais précaution quand meme) En principe ces anti sont des néo ruraux qui ne pannent rien à la vie à la campagne… Enfin bon courage pour les projets de méthanisation (en esperant qu’ils s’en sortent mieux que les projets de gazéification de déchets)

andre

Pour une fois la production de chaleur au lieu d’électricité est encouragée. Le rendement énergétique sera bien meilleur. Il serait temps que la même chose se fasse pour le solaire thermique car se serait vraiment une consommation locale. En effet avec la puissance des installations photovoltaïques qui augmente, il sera bientôt nécessaire de prévoir des lignes haute tension comme pour l’éolien.