La Commission de régulation de l’énergie (CRE) s’apprête à chambouler l’option « heures pleines-heures creuses » (HP/HC) qui concerne près de 14,5 millions de ménages et petits professionnels français. À partir du 1er novembre 2025 et jusqu’à fin 2027, une partie des plages tarifaires les moins chères glissera vers le début d’après-midi pour « coller » à l’essor du solaire. L’objectif est de lisser la consommation, d’éviter des investissements coûteux sur le réseau électrique et d’offrir aux particuliers un nouveau créneau bon marché en plein jour.
Pourquoi déplacer les heures creuses ?
Instauré dans les années 1960 pour valoriser la production nucléaire nocturne, le schéma HP/HC ne colle plus aux réalités du mix électrique.
Les heures creuses historiques ont été placées lors des périodes de moindre consommation (principalement la nuit), pour optimiser l’usage des réseaux et du parc de production. Les changements de modes de consommations (télétravail, usages programmables…) et le fort développement de la production photovoltaïque décentralisée modifient l’utilisation des réseaux et les périodes où il est opportun de consommer l’électricité.
La CRE note que « la période entre 11 h et 17 h est plus propice qu’avant pour consommer l’électricité, en particulier en été ». A l’inverse, certaines heures, aujourd’hui creuses, ne sont plus opportunes en particulier en début de matinée et en début de soirée. C’est pourquoi la CRE a défini de nouvelles règles de placement des heures creuses
Les autorités y voit un triple bénéfice :
- un tarif réduit « à deux moments de la journée » pour les clients ;
- un « meilleur lissage des consommations » profitable au réseau ;
- à moyen terme, une facture globalement « maîtrisée » grâce à des coûts d’acheminement maitrisés.
Qui est concerné ?
Environ 40% des clients résidentiels ou petits professionnels ont souscrit une offre HP/HC, soit 14,5 millions de compteurs. Parmi eux, 3,5 millions respectent déjà les futures règles ; les 11 millions restants verront leurs horaires bouger.
Les détenteurs d’options « Base », « Tempo », « heures super-creuses » ou week-end restent, eux, hors champ. La réforme s’appliquera aussi aux réseaux gérés par les entreprises locales de distribution (ELD), mais pas à la Corse ni aux Outre-mer.
Enedis disposera de deux ans pour reprogrammer les compteurs. Les premières bascules interviendront en novembre 2025 et les dernières fin 2027. Les fournisseurs d’énergie connaîtront six mois à l’avance la liste des compteurs à modifier et devront prévenir chaque abonné « au moins un mois avant la date effective ». Les consommateurs pourront alors ajuster la programmation de leurs appareils non reliés au compteur.
Concrètement, qu’est-ce qui change sur la facture ?
Le nombre d’heures creuses reste fixé à huit, dont « au moins cinq » la nuit. Mais beaucoup d’abonnés verront apparaître deux à trois heures creuses l’après-midi en été (entre 11 h et 17 h) ; certains conserveront même ce schéma toute l’année.
Période | Plage creuse minimale | Particularités |
---|---|---|
Nuit | 5 h consécutives entre 23 h et 7 h | Invariable toute l’année |
Journée | Jusqu’à 3 h entre 11 h et 17 h | Ajustable selon saison et contraintes locales |
À l’inverse, les plages 7-11 h et 17-23 h deviendront strictement pleines. Pour l’usager, la parade est simple : décaler lave-linge, lave-vaisselle ou recharge du véhicule électrique sur ces nouveaux créneaux diurnes. Les ballons d’eau chaude reliés au compteur « s’adapteront automatiquement » ; les programmateurs manuels, eux, devront être reconfigurés.

Faut-il rester en option HP/HC ?
La CRE insiste sur le fait que le principe général ne change pas, c’est à dire acheter quand l’énergie est « la plus abondante et la moins chère ». Les particuliers qui exploitent déjà deux plages creuses (6 millions aujourd’hui) ne perdront pas cet avantage ; ceux qui n’en avaient qu’une de nuit pourront moduler davantage.
Chaque fournisseur devra toutefois conseiller ses clients « selon leurs consommations et usages ». « Une fois contacté par votre fournisseur, vous pourrez étudier votre situation personnelle », souligne la CRE.
Si la réforme atteint son but, la courbe de charge gagnera en souplesse, et limitera les projets de renforcement du réseau. La CRE n’exclut pas d’autres ajustements comme les puissances supérieures à 36 kVA ou les petits réseaux insulaires qui feront l’objet de décisions ultérieures.
Source : CRE