Faut-il craindre que la situation géo-politique et économique mondiale ne relègue au second plan les promesses du candidat Obama, en matière de développement durable ?
Bien au contraire ! La présidence de Barack Obama devrait modifier profondément les positions des Etats Unis sur un grand nombre de problèmes mondiaux au premier rang desquels la mise en œuvre d’une politique globale de développement durable dont les Etats-Unis ont été longtemps absents.
La non ratification du protocole de Kyoto par l’administration Bush est symptomatique de la politique menée en la matière depuis plus de 10 ans par le pays le plus pollueur du monde.
Cependant la présence de John Kerry à la conférence de Poznan est tout aussi symptomatique du revirement de la politique américaine. En attendant l’arrivée d‘Obama à la Maison Blanche, le 20 janvier, il est intéressant de se pencher sur son programme en matière d’énergie, d’écologie et de développement durable, avec de plus, la toute récente nomination d’une « green team » composée de Steven Chu, ministre de l’énergie et fervent défenseur des énergies renouvelables, Carol Browner, qui coordonnera les questions d’énergie et de politique climatique et enfin John Holdren, conseiller scientifique à la présidence.
Changer de point de vue sur le réchauffement climatique
Le programme d’Obama présente une première révolution de la pensée américaine en reconnaissant explicitement l’existence du changement climatique, ses conséquences immédiates et futures sur la vie quotidienne des Américains et la responsabilité directe des activités humaines. Cette triple affirmation est une évolution majeure par rapport à la position de l’administration précédente qui minimisait l’évolution climatique, ses conséquences et la responsabilité d’un mode de vie intoxiqué aux hydrocarbures. « Barack Obama a été très clair sur le fait qu’après huit ans d’obstruction, de délai et de déni, les Etats-Unis vont rejoindre la communauté mondiale pour combattre ce défi planétaire », a déclaré le sénateur démocrate John Kerry, futur président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, présent à la conférence de Poznan. D’ailleurs M. Obama a écrit également dans son programme «qu’il ne fait aucun doute que les activités de l’homme ont contribué à influencer le climat de la planète et nous devons agir rapidement et avec efficacité. »
Barack Obama et sa politique énergétique incarnent deux tendances fondamentales de l’évolution des mentalités américaines
Le thème de l’énergie a constitué un leitmotiv sur les site de campagne d’Obama avec environ 679 000 occurrences du terme contre seulement 6 280 apparitions pour John McCain. En la matière, comme pour l’ensemble de sa stratégie, Barack Obama incarne deux tendances profondes de la société américaine en rupture avec la décennie précédente. D’une part, la politique américaine a pour but premier d’améliorer la vie des Américains (et non plus de se battre contre un monde dangereux), d’autre part, les Etats-Unis, malgré leur formidable puissance, ne sont pas en mesure de régler seule les problèmes mondiaux. La politique énergétique d’Obama incarne cette première tendance en affichant les objectifs suivants :
– Réduire la pollution : Le nouveau Président propose une réduction des émissions carbone et le retour dès 2050 à un niveau équivalent à une diminution des émissions de 80% par rapport à 1990. Le principal moyen de cette politique est la création d’un marché des droits d’émission de gaz à effet de serre … le marché libéral dont l’équilibre « naturel » est supposé résoudre tous les problèmes. En abaissant les droits année après année, cette politique a pour objectif de « réduire au meilleur coûts les émissions de CO2 ».
– Créer des emplois aux Etats-Unis grâce à un plan sur 10 ans de 150 milliards de $ d’investissement dans les énergies « propres » (solaire, éolien, biocarburants et énergie nucléaire), dont l’estimation serait la création de trois millions de postes répartis entre le solaire, l’éolien et l’automobile propre. D’ailleurs il rappelait devant le Congrès, début janvier, le doublement de la production dans les énergies renouvelables.
– Aider les Américains à consommer moins … pour améliorer leur pouvoir d’achat et exiger du secteur public qu’il donne l’exemple (amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments administratifs …). Obama prévoit de créer une prime de 7 000$ pour l’achat de toute voiture économe en carburant. L’intention est louable mais la modification radicale d’un mode de vie fondé sur l’essence bon marché et la consommation sans limite, est un projet à long terme.
– Inciter les Américains à utiliser des véhicules hybrides … fabriqués aux Etats Unis. Le programme Obama prévoit la mise en circulation d’un million de véhicules hybrides d’ici à 2015. Encore une intention louable mais sans effet réel et direct sur la situation.
– Mais au-delà de ces mesures visant à réduire la consommation énergétique, le plan Obama prévoit aussi le développement de la production intérieure de pétrole et de gaz partout où le sol américain le permet. Cette mesure vise à réduire la dépendance énergétique du pays, en particulier envers le Venezuela du Président Chavez, tout en créant des emplois locaux.
La deuxième tendance incarnée par Obama est bien plus importante que les mesures intérieures de son programme.
Elle conduira, en effet le Président Obama à engager les Etats Unis dans le concert des nations en matière de protection de l’environnement. Jusqu’à présent, les Etats-Unis, jouaient en la matière une partition de soliste largement constituée de silences. Ainsi, les Etats-Unis vont probablement rejoindre les programmes des Nations Unies sur le changement climatique (UNFCCC – UN Framework Convention on Climate Change).
Les Etats-Unis prendront l’initiative de la création d’un forum énergétique mondial au sein du G8 élargi (G8+5) et participeront à la lutte contre la destruction de la forêt tropicale certes peu présente sur le sol américain. Le programme du Président Obama compte aussi de nombreuses mesures intérieures et internationales pour lutter contre la pollution de l’air et de l’eau et la préservation des sols.
Que ce soit à l’échelle d’un pays ou d’une entreprise, la mise en œuvre réelle d’un programme de développement durable doit reposer avant tout sur une profonde évolution des mentalités. L’élection de Barack Obama témoigne d’un réel changement d’esprit du peuple américain. Il reste à transformer ce changement en modifications concrètes du mode de vie et de consommation du plus grand pollueur du monde. La tâche sera rude mais la planète entière a intérêt à ce que Barack Obama ne se limite pas à repeindre en vert les Etats Unis et parvienne à convaincre ses concitoyens de définir un nouveau mode de développement qui pourrait bien être durable.
Tribune libre – Auteur : Dan Vogel, Président et co-fondateur d’Enablon, premier éditeur mondial de solutions logicielles et de services « on-demand » de maîtrise des risques environnementaux, sociaux, financiers et juridiques. www.enablon.fr
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Mais non, l’homme n’influe pas sur le climat et l’équilibre de la planète… L’écologie, la défense de notre environnement, c’est une vue de quelques illuminés… Il y a encore des gens qui défendent ces idées. Pas les américains, maintenant. On est quelques millions de plus.
Le mandat du Président des USA est de 4 ans, ne l’oublions pas. Le Président Obama se trouve confronté à une multitude de problèmes et notamment la crise économique. Le développement durable repose sur une économie en bonne santé. C’est sûrement sa priorité N° 1.
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