Paris 11ème : une résidence HLM BBC chauffée aux eaux grises

Se chauffer à partir des eaux grises perdues quotidiennement par nos lave-vaisselle, lave-linge et lavabos, etc. c’est désormais possible. Et l’idée, simple et astucieuse, revient à Alain Mouré.

Président et fondateur de la PME Biofluides Environnement, ce spécialiste du traitement de l’eau a imaginé un système capable de récupérer toutes les calories perdues lors du transfert des eaux grises.

Longtemps réputée pour son caractère populaire, la rue de Charonne Paris 11ème vit depuis plusieurs années au rythme des profondes mutations engagées par la ville de Paris. Galeries d’arts, boutiques branchées… et logements sociaux animent désormais cette artère centrale du quartier de la Roquette. C’est là, au numéro 138, que les badauds peuvent remarquer la toute nouvelle architecture d’un vieux bâtiment qui était devenu, au fil du temps, insalubre.

A l’origine de ce projet, un protocole d’accord pour éradiquer l’habitat indigne signé entre le bailleur ICF Habitat La Sablière, filiale de la SNCF, la ville de Paris et la SIEM (Société Immobilière d’Economie Mixte de la Ville de Paris). Après démolition, l’ancien immeuble qui abritait 13 familles, s’est transformé en l’espace de 13 mois en une résidence HLM BBC Effinergie de 17 logements allant du T1 au T5.

Pour atteindre le niveau de performance exigé par le label – soit une consommation énergétique inférieure à 50 kWep/m2/an – ICF Habitat Sablière a notamment fait appel à la technologie E.R.S®. Ce concept, inventé par la PME Biofluides Environnement, permet de récupérer la chaleur émanant des eaux grises usées et la recycler pour alimenter le circuit de chauffage et d’eau chaude sanitaire.

Paris 11ème : une résidence HLM BBC chauffée aux eaux grises usées

Pour découvrir l’installation, il faut se rendre au sous-sol de l’immeuble. Là, dans un local technique de 15 m2, une cuve de 2.000 litres est alimentée en temps réel par les eaux grises (eaux usées "chaudes" provenant des lave-linge, lave-vaisselle, douches, éviers…) générées par les locataires. Une fois extraites par l’intermédiaire d’échangeurs, les calories sont transmises au circuit évaporateur d’une pompe à chaleur développée spécialement pour fonctionner avec la cuve E.R.S de Biofluides Environnement.

Les eaux ainsi « délestées » de leur chaleur sont alors rejetées à l’égout. Le circuit condenseur préchauffe l’eau chaude sanitaire avec un COP de 3,2 à 55°C. Avec sa technologie, Biofluides Environnement parvient à couvrir 60% des besoins en eau chaude sanitaire de l’immeuble. Concrètement, sur une consommation quotidienne de 0,7 m3 d’eau chaude à 55°C par appartement, le dispositif permet de fournir 0,7 m3 d’eau à 40 °C.

Pour les locataires des 17 logements, le système installé permet de réaliser une économie de près de 60% sur leur facture d’eau chaude sanitaire.

► 60 d’économie sur la facture d’ECS (eau chaude sanitaire)

A eux seuls, les lave-linge et lave vaisselle d’une famille de 4 personnes produisent chaque année près de 5.000 litres d’eau à 50°C. A cela s’ajoutent les consommations liées aux douches, bains et autres usages courants d’eau chaude. Au final, la quantité moyenne de ce foyer atteindra 50.000 litres par an !

Sur le projet de la rue de Charonne, la mise en œuvre de la technologie ERS® permet aux occupants de bénéficier d’économies réelles à hauteur de 60% sur leur facture d’eau chaude sanitaire. Les besoins en ECS du bâtiment représentent près de 28.270 KWh.

Biofluides Environnement et sa technologie ERS® permettent de produire une chaleur nette de 15.376 KWh. Les économies d’énergies équivalent à 15.376 KWh/an et seront impactées par le bailleur social sur la quittance de loyer.

Par ailleurs, ce vaste programme de requalification a nécessité, en plus de la démolition de l’ancien bâti, le recours à un système constructif en pré-murs béton afin de répondre aux contraintes d’accessibilité et d’exigüité du site.

► Consommation énergétique de 49,5 kWep/m2/an

Pour atteindre un tel niveau de performance énergétique, le bailleur social et ses partenaires ont fait appel à de nombreuses solutions innovantes au delà du système de récupération des eaux grises :

– pré-murs en béton livrés sur le chantier,
– système d’ITE,
– toitures végétalisées pour assurer une bonne isolation et étanchéité,
– menuiseries mixtes bois/aluminium
– brise-soleil sur la façade sud pour le confort d’été et les apports solaires d’hiver,
– balcons rapportés sur la structure pour éviter les ponts thermiques,
– recours à des chaudières gaz à condensation.

L’ensemble bénéficie des labels Habitat & Environnement option Performance et BBC Effinergie et est conforme au Plan Climat de la ville de Paris exigeant une consommation énergétique inférieure à 50kWep/m2/an, soit sur un logement standard de 60 m2, une consommation de 250 €/an.

            

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Samivel51

Dans la famille Redondance, je voudrais les eaux “grises usees”..

Sicetaitsimple

qui n’a rien de polémique, mais le titre “une résidence chauffée aux eaux grises” est trompeur. C’est l’ECS et elle seule qui est couverte à hauteur de 60% ( selon l’articlé) par le système.

thermo

Oui, cest une bonne idée. Toute différence de température qui ne coûte rien est bonne à prendre. Néanmoins, le chiffre de 60% est à rapprocher de la consommation d’électricité du dispositif. Néanmoins, quel que soit le % récupéré, la rentabilité écologique d’un tel système est évidente.

Sicetaitsimple

J’avais lu un peu rapidement et juste réagi sur le titre, mais certains chiffres paraissent aberrants. C’est quoi le slogan? “L’energie la moins chère est celle qu’on ne consomme pas”? Dans le cas présent et avec les chiffres tels que présentés, rien ne parait effectivement moins sûr.

Bren

Effectivement, d’après le site on est à 2000 euro par logement hors subventions. La production par logement est de 900 kWh/an, soit, avec des ballons d’eau chaude électriques 120 €/an, (60 €/an pour du gaz) Le temps de retour sur investissement à prix de l’énergie constant est de : – 17 ans si ECS électrique -34 ans si ECS au gaz Mais avec 5% d’augmentation annuelle du prix de l’énergie (gaz et élec), on obtient des temps de retour sur investissement acceptables pour de l’immobilier : – 12 ans si ECS électrique – 20 si ECS au gaz

Sicetaitsimple

Ah, je vois que vous avez le même WACC que Lionel et/ou ma grand-mère ( paix à son âme),soit 0% WACC Weighted Average of capital cost, en Francais CMPC coût moyen pondéré du capital, soit vos coûts de financement.

Sicetaitsimple

Vous êtes complètement à coté de la plaque! “L’energie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas” , en dehors de de ça point de salut, ce n’est pas discutable!