Scénarios énergétiques de Shell: “Zone d’incertitude”

Shell a publié mardi, un rapport intitulé "Signals and Signposts" s’intéressant à des scénarios énergétiques pour l’avenir offrant une meilleure compréhension des développements mondiaux ainsi que de l’appro- visionnement, de l’utilisation et des besoins en énergie du monde.

Signals and Signposts donne des renseignements actualisés en prenant en compte l’impact de la crise financière et économique mondiale. Au cours des quatre prochaines décennies, le système énergétique mondial subira de profonds développements. D’après le groupe pétrolier britannique "une collaboration accrue entre la société civile et les secteurs public et privé est vitale si nous souhaitons régler les problèmes économiques, énergétiques et environnementaux."

En résumé, voici quelques analyses issues de l’étude :

1. Nous pensons que le monde est en train d’entrer dans une ère de transitions volatiles et de cycles économiques intensifiés. La crise a interrompu l’explosion des prix du pétrole et des matières premières, mais cela pourrait reprendre. Des nations émergentes comme la Chine et l’Inde traversent un développement matériellement intensif, et un marché plus tendu continuera d’exercer une certaine pression sur les prix et de générer de la volatilité. Des améliorations dans l’institution des politiques et des gains élevés de productivité ont aidé les économies à croître sans inflation au cours des deux dernières décennies. Nous ne pensons pas que l’effet modérateur de cette combinaison de bonnes politiques, de bonnes pratiques et de bonne chance se poursuivra à l’avenir.

2. Nous observons un changement progressif dans l’utilisation de l’énergie. Les nations en développement, y compris les populations gigantesques comme la Chine et l’Inde, entrent dans leur phase la plus intensive en termes d’énergie de croissance économique tandis qu’elles s’industrialisent, s’urbanisent, bâtissent des infrastructures, et augmentent leur utilisation du transport. Les pressions des demandes stimuleront une offre alternative et davantage d’efficacité dans l’utilisation de l’énergie – mais cela peut ne pas suffire à compenser complètement les tensions grandissantes des demandes. La demande mondiale sous-jacente d’énergie d’ici 2050 pourrait tripler par rapport au niveau qu’elle avait atteint en 2000 si les économies émergentes suivent des modèles historiques de développement.

3. Pour schématiser, la compétition et l’innovation naturelle pourraient apporter des améliorations en matière d’efficacité énergétique pour modérer la demande sous-jacente d’environ 20 % pendant cette durée. Des taux ordinaires de développement de l’offre – en prenant en compte les réalités technologiques, géologiques, compétitives, financières et politiques – pourraient naturellement booster la production énergétique d’environ 50 %. Mais cela laisse tout de même un fossé entre l’offre et la demande actuels d’environ 400 EJ/a – la taille de l’industrie tout entière en 2000. Ce fossé – cette Zone d’incertitude – devra être comblé par une quelconque combinaison de modération extraordinaire de la demande et d’accélération extraordinaire de la production.

4. L’offre aura peine à suivre la demande. D’ici la fin de la décennie à venir, la croissance de la production de pétrole et de gaz facilement accessibles ne correspondra pas au taux projeté de croissance de la demande. Bien que de nombreuses régions du monde regorgent de charbon, les difficultés de transport et la dégradation environnementale présentent des obstacles à sa croissance. Dans le même temps, des sources d’énergie alternatives telles que les biocarburants peuvent revêtir une importance bien plus marquée dans l’utilisation des différentes sources énergétiques – mais il n’existe pas de solution miracle qui résoudra complètement les tensions liées à l’offre et à la demande.

5. Le développement urbain intelligent, l’encouragement des politiques soutenues et l’innovation commerciale et technologique peuvent tous contribuer à modérer la demande. Mais les chocs des prix, les politiques réflexes et les aspirations frustrées le peuvent aussi. Les échelles de temps sont un facteur clé. Les bâtiments, l’infrastructure et les centrales électriques durent plusieurs décennies. Le stock de véhicules peut durer vingt ans. Les nouvelles technologies énergétiques doivent être démontrées à l’échelle commerciale et nécessitent trente ans de croissance durable à deux chiffres pour créer une capacité industrielle et croître suffisamment afin de fournir ne serait-ce qu’1 ou 2 % du système énergétique. Les politiques mises en place au cours des cinq prochaines années formeront l’investissement de la prochaine décennie, laissant bien entrevoir un aperçu de l’énergie mondiale jusqu’en 2050.

6. La crise économique mondiale a coïncidé avec un changement de pouvoir géopolitique et économique d’Ouest en Est. Ce changement décisif transforme le système politique et économique mondial. Celui-ci est progressif, mais ses conséquences potentielles sont profondes. La crise économique à l’Ouest pourrait accélérer cette tendance. Les générations futures pourront voir 2008 comme un tournant. Le monde fait face à une période de politique mondiale incertaine. Des lignes de fautes stratégiques émergent. Les pouvoirs émergeants affirment de plus en plus, et avec confiance, ce qu’ils considèrent comme étant leurs intérêts nationaux. Cela ébranle les mécanismes mondiaux visant à assurer une sécurité collective.

7. Les perturbations environnementales augmentent. Même s’il était possible pour les carburants fossiles de conserver leur part actuelle des différentes énergies utilisées et de répondre à la demande accrue, les émissions de CO2 s’élèveraient alors vers un pic pouvant sévèrement menacer le bien-être de l’homme. Même avec la modération de l’utilisation des carburants fossiles et la gestion efficace du CO2, la voie qui nous attend reste semée d’embûches. Maintenir des niveaux souhaitables de concentration de CO2 dans l’atmosphère deviendra de plus en plus difficile.

Le rapport intégral peut être téléchargé en suivant ce lien sur le site Web mondial de Shell, >>>>> ICI

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