Solaire : ça plonge dans la surproduction

Même genre d’annonce mais en moins sévère pour l’autre allemand Solarworld qui annonce une baisse de chiffre d’affaire de 6% et un recul de son résultat d’exploitation de 30%.

Coté du silicium pur qui lui est entre les mains de l’industrie chinoise, le groupe LDK Solar annonce une perte de 217 millions de dollars au second trimestre contre un bénéfice l’année dernière de 148 millions de dollars.

Que s’est il passé pour qu’une industrie que tout le monde voyait florissante et sous pression d’une demande croissante bascule dans le rouge aussi brutalement et fortement? Comme d’habitude une combinaison de facteurs défavorables qui se conjuguent au moment où la demande chute elle même brutalement. Ce que l’on appelle un effet ciseau.

La crise financière, toujours elle, a empêché de pouvoir monter le financement de nombreux projets. Le marché immobilier espagnol, le plus dynamique en Europe, s’est totalement effondré alors qu’il comportait l’utilisation de nombreux panneaux photovoltaïques pour 3000 MW de capacité . Le gouvernement espagnol dans le même temps a imposé une limitation de la puissance installée à 400 MW seulement chaque année. En Allemagne, un pays déjà fortement équipé en photovoltaïque, ce sont les subventions qui ont été réduites. Résultat les prix des panneaux à la vente ont chutés de 20 %.

Dans le même temps, pour pouvoir satisfaire une demande jusque là en forte croissante, les fabricants de cellules avaient du passer des contrats fermes de moyenne durée à prix élevés du produit limitatif dans cette industrie, le silicium pur, à leurs fournisseurs chinois. Prix qu’ils ont du assumer sur le premier semestre alors que leurs prix de ventes baissaient dans le même temps.

Enfin sur la base de prévision d’accroissement de la demande très forte, l’industrie s’était lancé dans des investissements colossaux pour pouvoir sortir toujours plus de panneaux. Résultat, selon leurs organisations professionnelles, près de la moitié des panneaux produits sur le premier semestre, ne seront pas vendus dans l’année. Et il faudra jusqu’à fin 2011 pour absorber les surcapacités existantes. Alors qu’en même temps,il faudra payer les échéances des prêts.

Pour les chefs d’entreprises, directeurs financiers ou banquiers, il s’agit là d’un phénomène très classique qui affecte ou a affecté toutes les industries et en particulier lors du lancement de nouveaux produits. La production des écrans plats y est confronté en ce moment, celle des téléphones mobiles y a échappé grâce à la vigueur de la demande et à son maintien dans le temps. Le décideur a le choix d’investir fortement dans des capacités de production nouvelles et de pouvoir prendre des parts de marché ou résister à une guerre des prix en prenant ce risque ou d’investir modérément et de perdre progressivement de la part de marché jusqu’à en être exclu.La difficulté de l’exercice est dans l’ampleur du risque pris, c’est à dire la capacité de production nouvelle, et son timing.

De toute évidence, dans le cas des capacités nouvelles de production de panneaux ou de silicium pur, le timing est venu s’encastrer dans la crise financière. Pas de chance.

Que va t il se passer maintenant ? Des fermetures d’usines et des diminutions d’effectifs comme celles que G-Cells vient d’annoncer…

[ Archive ] – Cet article a été écrit par CaDerange

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