Strasbourg va s’alimenter avec du biométhane de Station d’Epuration

Le 8 septembre, les premiers m3 de biométhane produits à partir des eaux usées de l’Eurométropole de Strasbourg ont été injectés dans le réseau local de gaz naturel. C’est une première en France.

L’installation produira 1,6 millions m3 de gaz vert/an, soit l’équivalent de la consommation de 5000 logements BBC, et permettra d’éviter 7000t/an de rejets de CO2.

Au terme d’un an de travaux, l’unité de production et d’injection implantée sur le site de la station d’épuration de Strasbourg a été inaugurée en présence de Ségolène Royal, Roland Ries, Maire de Strasbourg, Robert Herrmann, Président de l’Eurométropole, Olivier Bitz, Président de Réseau GDS, Jean-Louis Chaussade, Directeur Général de SUEZ.

Ce dispositif industriel est piloté par l’énergéticien local Réseau GDS (ex-Gaz de Strasbourg) et SUEZ qui exploite la station d’épuration de l’Eurométropole de Strasbourg.

Dénommé BIOVALSAN, le projet avait obtenu en 2012 l’appui du programme LIFE+ de la Commission Européenne, pour son exemplarité en matière de transition énergétique du territoire. BIOVALSAN est né en 2012 de l’étroite coopération entre acteurs publics et privés, à savoir le distributeur local de gaz naturel Réseau GDS et SUEZ, spécialiste de l’environnement et délégataire de service public en charge de l’exploitation et du développement de la station d’épuration de Strasbourg – La Wantzenau, 4e station d’épuration de France avec une capacité de traitement d’effluents de 1 million d’équivalent-habitants. Ce projet produit à partir du 8 septembre 2015 un volume de 1,6 millions de m3/an de biométhane purifié puis injecté dans le réseau de distribution de gaz naturel.

Le biogaz est le produit de la décomposition dematière organique dans une enceinte privée d’oxygène. Le gaz ainsi obtenu va subir un processus de purification pour devenir du biométhane. Parfaitement compatible et miscible avec le gaz naturel, celui-ci peut alors être injecté sans limitation dans le réseaude distribution degaz naturel. Dans le cadre du projet Biovalsan, le biométhane est obtenu par un système de filtration membranaire qui sépare les différents composés du biogaz.

Strasbourg, première ville en France qui injecte du biométhane de station d’épuration dans son réseau de gaz naturel

BIOVALSAN, dont l’ambition était de démontrer la faisabilité, l’intérêt écologique et économique de l’exploitation de biogaz de station d’épuration à grande échelle, a été proposé en 2012 à la Commission Européen en vue d’une admission au programme LIFE+. Grâce à ce soutien fort de l’Europe, dont le co-financement s’élève à 50% des investissements, soit un peu plus de 2 millions d’euros, BIOVALSAN a pleinement rempli sa fonction de projet pilote, en se dotant notamment d’un important volet recherche au bénéfice de la communauté scientifique et de l’ensemble des acteurs de la filière. BIOVALSAN est l’unique projet de cette nature en France à bénéficier du soutien de LIFE+.

Pour SUEZ, le dispositif permet de faire baisser de 2/3 les émissions de CO2 de la station d’épuration de La Wantzenau, dont il assure l’exploitation pour le compte de l’Eurométropole de
Strasbourg. L’optimisation conjointe de la filière de traitement des boues et de la valorisation énergétique du biogaz, sous forme de biométhane permet à la station d’épuration de devenir l’une des plus vertueuses de France au regard de son empreinte environnementale, avec 7 000 tonnes d’émissions de CO2 évitées.

Jean Louis Chaussade, Directeur Général de SUEZ a déclaré : "Notre partenariat avec l’Eurométropole est une première en France. Le projet BIOVALSAN permet une meilleure performance énergétique de la station d’épuration, conformément aux objectifs que nous a fixés la Communauté urbaine de Strasbourg, et une meilleure valorisation du biogaz qui y est produit. Notre site permet à la région de réduire ses émissions CO2 tout en produisant de l’énergie verte. SUEZ s’inscrit positivement dans cette économie circulaire afin de préserver les ressources et de réduire les impacts environnementaux. Notre partenariat est un exemple réussi d’économie circulaire et de boucle locale de valorisation qui s’inscrit en amont de la COP 21."

Pour l’opérateur d’infrastructures énergétiques Réseau GDS, SEM de la ville de Strasbourg dont l’action est fortement ancrée dans les enjeux de la transition énergétique du territoire, le projet BIOVALSAN constitue une avancée majeure sur le terrain des énergies renouvelables et permet de développer localement une offre « gaz vert ».

A la différence de la plupart des solutions de production d’Energies Renouvelables, l’injection de biométhane de Station d’Epuration propose une équation énergétique inégalée : elle valorise une ressource inépuisable – les eaux usées – ne nécessite aucun véhicule de transport contrairement à la biomasse, ne souffre d’aucune perte en ligne contrairement à l’électricité ou la chaleur et répond sans aucune restriction aux critères d’un circuit court local

Un projet pilote très suivi par les grandes collectivités

Depuis le lancement des travaux en septembre 2015, de nombreuses collectivités de toute la France ont été reçues sur le site de Strasbourg-La Wantzenau pour une visite des installations.

Plusieurs projets d’injection de biométhane d’épuration sont d’ores et déjà proches de leur aboutissement, comme à Grenoble, Elancourt et Valenton.

A Strasbourg, la mise en route de l’injection de 1,6 millions de m3 de biométhane dans le réseau apportera une contribution décisive à l’ambition de devenir la collectivité au réseau de gaz naturel le plus « vert » de France.

Pour Olivier BITZ, Président de Réseau GDS, "BIOVALSAN est un projet emblématique et structurant. Il constitue l’un des piliers du pôle de l’énergie publique de Strasbourg, lancé en 2013 pour porter la stratégie de transition énergétique de notre territoire. Aujourd’hui, nous lançons une nouvelle filière de l’énergie renouvelable, avec la meilleure équation énergétique qui soit : production locale 100% verte à partir d’une source inépuisable, transportée sans camion, et sans aucune perte dans nos réseaux, le tout dans une logique de circuit court. C’est la preuve que la transition énergétique sera locale ou ne sera pas".

* BIOVALSAN : C’est la juxtaposition d’aspects environnementaux, industriels et scientifiques qui est à l’origine du nom « BIOVALSAN », dont les trois syllabes évoquent respectivement le BIOméthane, sa VALorisation énergétique et sa caractérisation SANitaire.

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samivel51

Bonjour, Savez-vous quels sont les autres gaz produits qui seront mis de cote lors de la filtration? Et que deviennent ces gaz “sales”? Merci

chanois

A la sortie du digesteur, le biogaz est majoritairement constitué de méthane (CH4~50% à 75%) et de CO2 (25 à 45%), mais il contient aussi de traces de H2O, H2S, siloxanes, N2, O2, NH3, plus ou moins importantes en fonction des matières dégradées. Pour être injecté dans un réseau, ce biogaz doit garantir une bonne combustion, la sécurité des consommateurs et préserver l’intégrité des canalisations. Il doit ainsi répondre aux spécifications du gaz naturel, ce qui est possible seulement après une épuration poussée. Il devient alors du biométhane. Retenez que la majeure partie est du méthane, valorisé en injection, et du dioxyde de carbone, qui selon le procédé d’épuration peut être aussi récupéré et valorisé. Pas plus de gaz « sale » que dans d’autre process à partir du moment où c’est bien traité (ce qui est le cas ici me semble-t-il) … et cela évite d’importer du gaz fossile ainsi que des émissions incontrôlées de méthane.

Archimedcitizen

A la sortie du digesteur, le biogaz est vraiment un gaz très sale. ses constituants ont été déjà rappelées. J’attire l’attention sur deux constituants se trouvant à l’état gazeux, dans ce mélange, à savoir : 1/- le sulfure d’hydrogène (H2S); 2/- l’ammoniac (NH3). Dans le cas des digesteurs, H2S est produit par la fermentation anaerobie de la matière organique, sous l’action de bactéries sulfato-réductrices. Par ailleurs, H2S est également émis des égouts, notamment, dans les mêmes conditions. L’ammoniac (NH3) est également un gaz toxique. Pour avoir des caractéristiques comparables à celles du gaz naturel, le biogaz doit subir plusieurs épurations poussées, qui nécessitent des installations sophistiquées, comparables à celles utilisées dans l’industrie chimique et pétrochimique. Ces installations coûtent très cher et les investissements nécessaires seront très importants. Au final, le prix de revient du méthane “fossile”, sera très inférieur à celui du biométhane, quelque soit les prix pratiqués sur le marché. Conclusion Le biogaz n’est pas un gaz propre, comme le prétendent ses promoteurs. Son épuration aura un impact évident et important, sur l’environnement, en général et la santé en particulier. Et je ne parle pas des déchets des digesteurs. Il faut se rendre à l’évidence.