Tesla vient d’adresser un signal fracassant : un plan de rémunération pouvant atteindre 1 000 milliards de dollars destiné à son patron, Elon Musk. L’accord, étalé sur dix ans, repose sur une série d’objectifs industriels et boursiers complètement fous comme porter la capitalisation du constructeur de 1,1 billion à 8,5 billions de dollars. S’il réussit, Elon Musk deviendrait le premier dirigeant de l’histoire à décrocher une telle somme, à condition que l’entreprise se transforme en géant de l’IA et de la robotique.
Proposé le 5 septembre, le package confère à Elon Musk jusqu’à 423 millions d’actions supplémentaires, libérées par tranches si 12 objectifs sont remplis, selon les documents déposés auprès du régulateur américain. Le plus ambitieux sera d’hisser la valeur boursière de Tesla à 8,5 milliers de milliards (billions) de dollars, soit huit fois son niveau actuel. À titre de repère, c’est l’équivalent du PIB combiné de l’Allemagne et de la France en 2024.
Le détail des opérations a été transmis à la SEC.
Des cibles opérationnelles hors norme
Outre l’envolée boursière, Musk doit selon différentes sources d’informations américaines :
- Livrer 20 millions de véhicules électriques Tesla par an (contre moins de 2 millions en 2024)
- Mettre en circulation 1 million de robotaxis totalement autonomes.
- Produire 1 million de robots humanoïdes Optimus, futur relais de croissance vanté comme pouvant représenter 80% de la valeur de Tesla.
L’ensemble vise à faire basculer le constructeur automobile vers un conglomérat de mobilité, de services logiciels et de robotique.

Un bouclier alléchant contre un départ de Musk
Le conseil d’administration insiste : « Les modèles classiques de rémunération ne conviennent pas » à Musk, dont le génie entrepreneurial est jugé irremplaçable. L’homme a déjà menacé de transférer ses travaux d’IA ailleurs s’il ne contrôle pas au moins 25% des droits de vote. Avec ce plan, son pouvoir pourrait grimper à près de 29% des actions, confortant son emprise tout en prolongeant son mandat de fait pour dix ans.
À Wall Street, l’annonce a fait bondir le titre de 2% en avant-Bourse. Des investisseurs y voient un « skin in the game (mettre sa peau en jeu) » massif, garantissant l’engagement d’ Elon Musk dans la période critique où Tesla doit à la fois affronter la concurrence chinoise et constater la stagnation des ventes de ses véhicules électriques Tesla.
Toutefois, le montant, 18 fois supérieur au bonus de 56 milliards de dollars annulé par la justice du Delaware début 2025, relance la controverse sur les inégalités salariales et la gouvernance.
Et maintenant ?
Si Musk échoue à franchir ces Everest de performance, Tesla devra affronter la question de sa succession et prouver qu’elle en mesure d’innover sans son fondateur. S’il réussit, l’entreprise pourrait dépasser les frontières de l’automobile et réinventer la valorisation des conglomérats technologiques, alors que Musk inscrirait son nom au Panthéon des fortunes à 12 zéros.
Quoi qu’il arrive, le vote des actionnaires prévu le 6 novembre s’annonce déjà comme un référendum historique sur la valeur financière et symbolique accordée au leadership visionnaire dans l’économie du XXIᵉ siècle.