Un indicateur avancé : la consommation estivale d’essence aux U.S.A.

La variation annuelle de la consommation US d’essence est donc un paramètre du premier ordre pour déterminer l’évolution du marché, la formation des cours des produits raffinés et de ceux du pétrole brut. Mais c’est aussi un indicateur du mode de vie des Américains, puisque cette consommation dépend pour une grande part du nombre de véhicules en circulation, de leur consommation moyenne et de la longueur du parcours moyen annuel de l’automobiliste américain.

Le Department of Energy (DOE) publie les consommations hebdomadaires et mensuelles d’essence sur le territoire américain. Les valeurs mensuelles depuis Janvier 2000 sont représentées (FIG. I). 

consommations hebdomadaires et mensuelles d'essence sur le territoire américain

  
Il est difficile en cours d’année de comparer la consommation d’essence à celle des années précédentes en raison de la variabilité des données d’une semaine à l’autre ou d’un mois à l’autre.

On remarque que la courbe historique présente chaque année un pic de consommation vers les mois de Juillet et Août. Il correspond à la « driving season », période durant laquelle les familles US (et Canadiennes)  peuvent parcourir plusieurs centaines de miles pour aller rendre visite à leur famille ou prendre du bon temps en Floride ou en Californie. C’est la ruée vers les rivages de la « Sun Belt ».

Sur la FIG. II, sont représentées les consommations moyennes journalières durant les seuls mois de Juillet et Août entre 2002 et 2007.

La corrélation linéaire présent une pente de 90000 barils par jour, soit un peu moins de 1% par an de croissance de la demande.

         
Consommations moynnes journalières aux mois de juillet et août entre 2002 et 2007

Remarque1: la valeur 2007 provient des valeurs hebdomadaires publiées par le DOE.               

Remarque2 : La part de l’éthanol en 2006 représentait 4% du total.

Cet indicateur avancé montre que, durant l’été 2007, les Citoyens Américains automobilistes n’ont pas fondamentalement modifié leur mode de vie.

Leur nombre s’accroît de 1% l’an, en partie en raison de l’immigration, le nombre de foyers s’accroît un peu plus rapidement (1,2% par an) et le nombre de voitures suit cette tendance. La réduction de consommation par véhicule semble donc pour l’instant très faible, sinon négligeable.

Dans un pays, non colbertiste, comme les Etats-Unis, entre la phase de prise de conscience collective (réelle en Californie par exemple), la réalisation de plans d’actions, la mise en application de ces plans et leurs résultats tangibles, il peut s’écouler une décennie ou plus.

Prenons un exemple : l’évolution du parc automobile vers des véhicules plus légers et moins polluants. Les US sortent, lentement, d’une mode où les pick-up, les SUVs et autres Vans étaient leaders, poussés par l’industrie automobile US et  parfois Japonaise. La tendance semble vouloir se retourner, en raison de l’occurrence de quelques pointes de fièvre dans les prix de l’essence qui ont, parfois, dépassé les 3$/gallon. Combien de temps va s’écouler pour que le parc soit purgé de ces véhicules aberrants ? Une décennie n’y suffira pas.

Un industriel américain de mes amis, résidant en Floride, m’avait avoué, il y a de cela quelques années, qu’il trouvait bizarre cette manie des Français d’éteindre la lumière chaque fois qu’ils quittaient une pièce ou un local. Je ne suis pas sûr qu’il se soit, depuis, rallié à ces coutumes.

Cet indicateur avancé qu’est la consommation estivale d’essence, semble être, apparemment, en contradiction avec l’annonce de la baisse de génération de CO2 par les USA en 2006. La raison majeure de cette baisse est imputable à l’arrivée tardive de l’hiver  qui a repoussé les fortes consommations de gasoil, de propane et de gaz naturel en début 2007.

En contre partie, les statistiques 2007 devraient montrer une très forte croissance de la production de CO2 aux USA, surtout si l’hiver 2007 est précoce, comme l’annoncent les observateurs du courant froid « La Niña ».

Chaque foyer américain consomme en moyenne 7,5 gallons de pétrole par jour, dont 45% en essence. Cette valeur record ne devrait pas notablement s’infléchir, en l’absence d’une prise de conscience collective du gâchis organisé et d’une réaction lente des industries américaines à proposer de nouveaux produits plus économes. Celle-ci ne se produira pas, de toute évidence, durant la mandature de l’administration  Bush. Les cours des produits pétroliers aux USA et donc dans le monde vont pouvoir poursuivre leur ascension, qui, je le rappelle, est de 8$ par an et par baril de pétrole brut, depuis quatre ans.

[ Archive ] – Cet article a été écrit par Raymond Bonnaterre

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