Un réactif recyclable et la lumière du soleil convertissent le monoxyde de carbone en méthanol

Un réactif recyclable et la lumière du soleil convertissent le monoxyde de carbone en méthanol

La quête de solutions innovantes pour la conversion du dioxyde de carbone en carburants liquides représente un enjeu majeur dans la lutte contre le changement climatique. Une équipe de chercheurs a récemment mis en lumière une méthode prometteuse, exploitant l’énergie solaire pour transformer le CO2 en méthanol, un carburant liquide. Cette découverte ouvre des perspectives enthousiasmantes pour l’avenir de l’énergie renouvelable.

Une stratégie en cascade pour la conversion du CO2

Les scientifiques du Laboratoire National de Brookhaven du Département de l’Énergie des États-Unis (DOE) et de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill (UNC) ont démontré la conversion sélective du dioxyde de carbone (CO2) en méthanol en utilisant une stratégie de réaction en cascade. Cette méthode, fonctionnant à l’énergie solaire, se déroule à température ambiante et sous pression atmosphérique, et fait appel à un réactif organique recyclable similaire à un catalyseur trouvé dans la photosynthèse naturelle.

Le méthanol : un carburant liquide d’avenir

Le méthanol (CH3OH), cible de cette recherche, est un liquide facilement transportable et stockable. Outre son utilité comme carburant, le méthanol sert de matière première clé dans l’industrie chimique pour la fabrication de molécules plus complexes. Sa production à partir de CO2, sans nécessiter la formation de liaisons carbone-carbone, représente un avantage significatif, réduisant les besoins en processus énergivores.

Membres de l’équipe de recherche du laboratoire de Brookhaven (de gauche à droite) : Andressa Muller, David Grills, Zahid Ertem, Dmitry Polyansky et Javier Concepcion, tous de la division chimie du laboratoire. (Kevin Coughlin/Brookhaven National Laboratory)

Défis et innovations dans la conversion du CO2

La conversion du CO2 en carburants liquides à température ambiante est un objectif poursuivi depuis des décennies. Les stratégies permettant d’atteindre ce but pourraient contribuer à réaliser des cycles énergétiques neutres en carbone, surtout si la conversion est alimentée par l’énergie solaire. Cependant, les étapes clés impliquées dans les réactions nécessaires pour générer de manière sélective et efficace des carburants liquides solaires comme le méthanol restent mal comprises.

Javier Concepcion, chimiste senior au Laboratoire de Brookhaven et co-auteur principal de l’étude, compare la conversion du CO2 en méthanol à l’ascension d’une montagne très haute, nécessitant un apport énergétique conséquent. Plutôt que de relever ce défi en une seule étape, l’équipe de Brookhaven/UNC a opté pour une stratégie en cascade, ou multi-étapes, passant par plusieurs intermédiaires plus accessibles.

Andressa Muller, premier auteur, mesure la cinétique de la réaction à l’aide de la spectroscopie infrarouge à flux stoppé. (Kevin Coughlin/Brookhaven National Laboratory)

Une approche biomimétique inspirée de la photosynthèse

Les chercheurs ont exploré des réactions utilisant une classe de catalyseurs appelés dihydrobenzimidazoles, des hydrides organiques pouvant être recyclés, une exigence pour un processus catalytique. Ces molécules, similaires en structure et fonction aux cofacteurs organiques de la photosynthèse naturelle, facilitent le transfert d’électrons et de protons entre diverses molécules, réduisant ainsi les besoins énergétiques des échanges.

La recherche décrit en détail la conversion du CO2 en méthanol en deux étapes : la réduction photochimique du CO2 en monoxyde de carbone (CO), suivie de transferts d’hydride séquentiels à partir de dihydrobenzimidazoles pour convertir le CO en méthanol. Cette méthode, caractérisée par sa sélectivité et sa capacité à opérer en «pot unique», évite les complications rencontrées dans les efforts précédents utilisant des catalyseurs inorganiques pour ces réactions.

Cette avancée est considérée comme une étape importante dans l’utilisation de catalyseurs d’hydride organique renouvelables pour la production catalytique de méthanol à température ambiante à partir de CO2, marquant un progrès significatif dans la quête de solutions durables pour la conversion de ce gaz à effet de serre en carburant liquide.

Légende illustration : Des chercheurs du Brookhaven National Laboratory et de l’Université de Caroline du Nord Chapel Hill ont identifié des hydrures organiques renouvelables capables de convertir efficacement le monoxyde de carbone (CO) en méthanol (CH3OH). Ces réactifs pourraient faire partie d’une stratégie en cascade visant à convertir le dioxyde de carbone atmosphérique (CO2) en carburant liquide facilement transportable/stockable. (Andressa Muller/Brookhaven National Laboratory)

[ Rédaction ]

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